En avril 2014, Ledor assurances était aux prises avec un ratio de sinistres de plus de 91 %. La direction de l’entreprise a alors redressé la barre et a réussi à limiter ses pertes à 226 000 $. Ledor poursuit son redressement en 2015, notamment en réévaluant sa relation avec chacun des quelque 108 courtiers avec qui il traite.
Le redressement était nécessaire, fait valoir François Côté, président et secrétaire général de Ledor, alors que l’assureur avait présenté une perte nette de 1,9 million de dollars (M$) en 2013, provenant notamment de la souscription de quelques risques en responsabilité en assurance des entreprises. Le volume de prime de Ledor a déjà dépassé les 85 M$. Il est aujourd’hui de près de 74 M$.
L’assureur, né en juin 2008 à la suite de la séparation de deux mutuelles du Groupe Promutuel, avait décidé de s’étendre à la grandeur du Québec avec l’aide du réseau de courtage et ne plus se limiter au marché de la région de Québec et de Chaudière-Appalaches. La croissance a eu lieu, mais la rentabilité n’a pas suivi.
Ça n’a toutefois pas empêché l’assureur de se doter d’une nouvelle plateforme informatique et d’investir dans son image de marque pour créer ce que François Côté appelle « l’alternative Ledor ». Le tout s’est accompagné d’un changement de culture pour revenir à la rentabilité.
4 axes de redressement
La stratégie de redressement de Ledor tient en quatre axes. L’assureur a tout d’abord effectué un repli stratégique de la région de Montréal. Ensuite, Ledor a opéré un raffinement de ses stratégies de marchés niches que sont l’automobile, l’habitation, l’entreprise et l’assurance agricole.
La mutuelle travaille aussi à améliorer son positionnement dans le réseau de distribution direct. Très présent à Québec et à Chaudière-Appalaches, l’assureur a atteint une maturité dans ses deux marchés dans le réseau direct. Dernier axe de redressement : resserrer les critères de sélection pour le réseau de courtage.
Le courtage était l’une des pierres angulaires du développement de Ledor. Comme le Groupe Promutuel, l’assureur offre la même tarification au courtage que ce qu’il offre en distribution directe.
La non-rentabilité de Ledor provient toutefois du courtage, l’assureur n’ayant pas de problème de rentabilité en distribution directe. L’écart de rentabilité entre les deux était de 12 %. D’où le redressement nécessaire auprès des courtiers. « On veut développer les deux réseaux de façon aussi rentable l’une que l’autre », ajoute M. Côté. L’assureur a d’ailleurs mis fin à sa relation avec 18 cabinets de courtage depuis la mise en place de son plan de redressement.
« Nous voulons travailler avec des courtiers qui partagent les mêmes valeurs que nous et qu’une mutuelle peut avoir : soit de valoriser l’aspect humain et de donner une valeur ajoutée par le service à la clientèle. On ne peut oublier l’aspect du prix, mais on veut travailler avec des courtiers qui nous feront une place au soleil », a-t-il confié en entrevue au Journal de l’assurance.
Le plan de redressement de Ledor se terminera en 2015. Dès 2016, l’assureur mettra en branle un nouveau plan stratégique. Celui-ci devait d’ailleurs être approuvé par le conseil d’administration de Ledor le 12 mai dernier, après la clôture de la présente édition.
M. Côté n’en a pas dévoilé les détails lors de l’entrevue. Il a toutefois souligné que ce plan stratégique viserait à maximiser les forces de Ledor et à en minimiser les faiblesses. « On veut miser sur les forces que les mutuelles ont acquises dans le passé et celles qu’elles auront dans le futur. Ça passe par un service à la clientèle exemplaire, mais aussi à parler des avantages d’être un membre assuré », dit-il.
La réévaluation du réseau de courtage fera partie de ce positionnement stratégique. M. Côté ne cache pas que Ledor préférera traiter avec des courtiers indépendants.
« En réévaluant notre relation avec le courtage, nous allons mettre en place certains critères et objectifs. On veut avoir une juste part d’exposition dans un cabinet. Que fera-t-on dans un cabinet qui appartient à un grand assureur? Quelle sera notre place au soleil auprès de lui? », indique M. Côté.
Même si les deux dernières années n’ont pas été les meilleures du côté de la rentabilité, Ledor assurances dispose encore de bonnes réserves. L’assureur présente un ratio de solvabilité de 291 %, bien au-delà du 150 % exigé selon le Test de capital minimum.
Trésor de guerre
« Il ne faut jamais oublier qui on est, justifie M. Côté. Les mutuelles se doivent d’avoir de bonnes réserves. Nous avons notamment continué à développer notre système informatique à un prix raisonnable. Notre site Web est à 100 % en logiciel ouvert. Nos opérations sont aussi à 100 % dans notre système, que ce soit la souscription, l’indemnisation, la comptabilité ou la réassurance. Nous avons été parmi les meilleurs à développer les normes EDI, mais nous sommes maintenant parmi les plus efficaces. Nous offrons aussi aux courtiers le téléchargement direct et le téléversement se fait par Compu-Quote », dit M. Côté.
Ledor donne aussi des outils à ses employés. Il finalise présentement le développement d’une application mobile pour chacun de ses inspecteurs préventionnistes. Au cours des dernières années, Ledor a investi 5 M$ en technologie.
Dans son positionnement, M. Côté indique que Ledor veut traiter avec des gens pour qui le service est important. « On vise des gens pour qui l’achat local est important. On le voit beaucoup en régions, mais aussi en banlieues. Nous avons une belle proximité avec nos clients et membres-assurés. Certains le sont depuis 20, 25 ou même 35 ans. On obtient beaucoup de rayonnement par le bouche-à-oreille », dit-il.
Il ne cache pas que cette recette pourra être ébranlée par l’arrivée potentielle de géants technologiques. « Comment iront nous chercher les jeunes? Est-ce que ce sera par les médias sociaux, les blogues et les textos? On veut voir comment garder la relation que nous avons avec nos clients et comment la développer avec de nouveaux », dit M. Côté.
Ledor assurances compte présentement près de 100 000 membres assurés. Son volume se concentre à 75 % en assurance des particuliers, 18 % en assurance des entreprises et 7 % en assurance agricole.