Un certain renouveau entrepreneurial est notable au Canada en 2018, selon la Banque de développement du Canada (BDC). D’après l’étude menée par les économistes Isabelle Bouchard et Pierre-Olivier Bédard-Maltais, quelque 44 700 personnes ont démarré une entreprise au pays en 2018. Cela représente 0,23 % de la population active, et ce pourcentage est le plus élevé depuis 2011.
Dans le cadre de la Semaine de la PME et des activités soulignant ses 75 ans d’existence, la BDC vient de publier Un monde d’entrepreneurs : le nouveau visage de l’entrepreneuriat au Canada. L’étude compile les résultats de divers travaux récents, soit deux sondages menés à l’échelle canadienne, de même qu’une mise à jour de l’indice sur la nouvelle activité entrepreneuriale et différents indicateurs économétriques.
Le nombre de nouvelles entreprises comprend les travailleurs autonomes qui comptent au moins un salarié.
Plus de diversité
De plus en plus de femmes, de nouveaux arrivants, de jeunes adultes et de personnes de plus de 55 ans ont lancé leur entreprise, et cette tendance est observable depuis 2014.
Entre 2014 et 2018, le nombre de nouveaux entrepreneurs a augmenté de 80 % chez les 25-34 ans. Le nombre de Canadien de 55 ans et plus qui démarrent une entreprise a triplé entre 2000 et 2018.
Au Canada, un propriétaire d’entreprise sur quatre est né à l’extérieur du Canada, ce qui est supérieur à la proportion de nouveaux arrivants dans la population (21,9 %). Par tranche de 10 000 personnes faisant partie de la population active, on trouve 36 nouveaux arrivants chez les entrepreneurs, comparativement à 17 entrepreneurs parmi les personnes nées au Canada.
Il y a quatre fois plus de femmes entrepreneures qu’en 1976, souligne la BDC. Elles représentaient alors 14 % de la totalité des entrepreneurs, et cette proportion a atteint 39 % en 2018. Si la tendance se maintient, le nombre de femmes et d’hommes à la tête d’une entreprise sera égal au plus tard en 2040, ajoutent les économistes de la BDC.
En 2017, près de 41 % des entrepreneurs détenaient un diplôme universitaire, comparativement à seulement 26 % parmi la main-d’œuvre active.
Insécurité
Un tiers des nouvelles entreprises fait faillite dans les cinq ans. Selon le sondage sur la perception de l’entrepreneuriat au Canada, on souligne que trois entrepreneurs sur quatre reconnaissent qu’ils doivent composer avec l’insécurité financière, des niveaux élevés de stress et l’absence d’avantages sociaux comparativement aux personnes qui occupent un poste de salarié dans une entreprise.
La BDC rapporte également les résultats d’une étude qu’elle a commandée à l’Association canadienne pour la santé mentale. On y constate que les entrepreneurs seraient plus touchés (21 %) que le reste de la population canadienne (8,1 %) par des problèmes de santé mentale. Interrogés là-dessus, les participants ont indiqué qu’ils souffraient principalement de troubles de l’humeur et de l’anxiété.
Malgré ce constat, 90 % des entrepreneurs canadiens disent être satisfaits de leur statut professionnel, selon le sondage mené par la BDC en 2019.
Ce contraste entre le stress de l’entrepreneuriat et la satisfaction professionnelle semble étonnant. Parmi les motivations qui ont poussé les répondants à se lancer en affaires, la majorité des entrepreneurs disent l’avoir fait pour devenir leur propre patron et trouver l’autonomie, l’indépendance et la flexibilité qu’ils recherchaient.
La ténacité
L’entrepreneuriat ne convient pas à tout le monde, car il exige un mélange de passion et de persévérance. Ce « facteur ténacité », qui représente un important indice des chances de succès, a été décrit par la psychologue américaine Angela Lee Duckworth.
La passion et la persévérance ne sont pas des qualités que l’on peut enseigner, souligne la BDC. Cependant, certaines compétences entrepreneuriales peuvent être acquises. Le sondage de la BDC a ainsi mesuré l’effet des compétences techniques et des aptitudes en gestion des entrepreneurs sur la croissance du volume d’affaires.
Selon Michelle Feder, directrice petites entreprises de BDC Services conseils, les entrepreneurs doivent constamment améliorer leurs compétences. « C’est toujours mieux de reconnaitre vos limites et d’aller chercher les connaissances dont vous avez besoin », dit-elle.
Les entrepreneurs n’apprennent pas tous de la même manière et ils doivent trouver la manière qui convient à leur situation : la formation continue, le réseautage, l’apprentissage en ligne, le coaching, le comité consultatif, le mentorat, etc., suggère Mme Feder.