Seize agents généraux québécois se sont spontanément réunis en mars pour jeter les lignes d’un mémoire qu’ils adresseront prochainement au Conseil canadien des responsables de la réglementation d’assurance (CCRRA). Ils veulent ainsi s’assurer que le rôle de l’agent général dans la chaine de distribution en assurance de personnes soit clarifié une fois pour toutes.

Le mémoire du regroupement accompagnera celui que prépare la Canadian Association of Independent Life Brokerage Agencies (CAILBA). Le CCRRA avait demandé à CAILBA de préciser ou confirmer 26 de ses interrogations laissées en suspens sur les pratiques d’affaires des agents généraux.

Le groupe d’agents généraux québécois réuni sous la gouverne de Michel Kirouac, vice-président, directeur général, du Groupe Cloutier, entend donner une réponse claire à ces interrogations. « Nous voulons décrire comment les agents généraux québécois encadrent les conseillers et comment formaliser légalement notre rôle d’intermédiaire entre les fournisseurs et le représentant », a expliqué M. Kirouac au Journal de l’assurance.

Le rapport du CCRRA demeure caduc à cet égard, rappelle M. Kirouac. « Le rapport ne fait que constater ce qu’est un agent général. Il ne reconnait pas notre statut légal ni ne clarifie nos responsabilités. Les compagnies nous en délèguent de plus en plus sans qu’aucun cadre réglementaire ne nous indique s’il faut les endosser ou non. »

Les agents généraux québécois se rencontreront le 29 avril pour fignoler les derniers détails de leur mémoire. Leur défi : fusionner des points de vue divergents avant d’estampiller la version finale. « Certains d’entre nous croient que les conseillers deviendront rattachés. La majorité pense plutôt que le cabinet héritera d’un rôle beaucoup mieux défini et qu’il pourra traiter tant avec des conseillers autonomes que rattachés », résume Michel Kirouac.

Pour sa part, Philippe Corriveau, directeur, administration et finance au Groupe BBA, s’occupe des aspects administratifs du regroupement temporaire. M. Corriveau a été le dernier président de la défunte Association des cabinets gestionnaires de services financiers. Yves Gosselin, ex-directeur des ressources humaines chez Force financière Excel devenu consultant, rédige le mémoire.

Michel Kirouac ne croit pas que l’initiative québécoise fera renaitre l’ancienne association de ses cendres. « Personne ne souhaite en reprendre les rennes. Nous évaluons plutôt deux options : s’associer à CAILBA ou créer un regroupement consultatif ponctuel, qui se réunirait au cas par cas. ». Avant de se joindre à CAILBA, les agents généraux québécois veulent s’assurer qu’ils pourront faire valoir leur opinion, même lorsqu’elle diverge de celle de CAILBA.

Pour l’heure, les agents généraux regroupés représentent environ 80 % du volume de primes en vigueur dans le réseau. On y dénombre la plupart des joueurs majeurs, dont Force financière Excel, les Agences d’Assurances Copoloff et Groupe CMA. Des réseaux de fournisseurs sont aussi présents, tels Investia Services Financiers et Cabinet d’assurance Banque Nationale.

Dans son rapport publié en février 2011, le Comité de réglementation des agences (CRA) du CCRRA avait exposé des préoccupations. Parmi celles-ci, la supervision des conseillers et les fonctions imparties aux agents généraux. « Le CRA aimerait savoir si la surveillance de l’aptitude des représentants est devenue plus compliquée pour l’assureur, du fait qu’un représentant peut être associé à plusieurs assureurs et plusieurs AG en même temps », y écrivait-on entre autres.