Les assurtechs du pays s’invitent dans les marchés de l’assurance de personnes et de dommages au Canada. Mais les assureurs et les assurtechs, férus de technologie, sont confrontés à un certain nombre de blocages qu’ils doivent résoudre pour assurer des relations plus harmonieuses, a affirmé Rowan Saunders, président et chef de la direction d’Economical Assurance lors de la conférence InsurTech North, qui s’est déroulée à Toronto en mai.
Les industries de l’assurance n’ont pas une grande réputation en matière de leadeurship en innovation. Cependant, les choses ont bien changé avec les récents développements et la croissance du secteur de l’assurance de dommages, a ajouté M. Saunders.
Des organisations telles qu’Economical réalisent qu’elles doivent apporter des changements et attirer les clients avides d’utiliser les nouvelles technologies pour acheter leurs produits d’assurances en toute simplicité.
C’est pourquoi Economical a lancé Sonnet Assurance, une plateforme entièrement en ligne qui utilise les données et l’analyse pour offrir une couverture personnalisée.
M. Saunders a souligné que Sonnet, qui compte maintenant plus de 100 000 clients, était plus facile à introduire en tant que société numérique totalement nouvelle que de faire avancer l’idée avec sa société mère, Economical.
Les assureurs vie traditionnels s’impliquent davantage
À certains égards, l’industrie de l’assurance de dommages est en avance sur le secteur d’assurance de personnes en matière de technologie financière, a soutenu Rino D’Onofrio, directeur, assurances pour le Canada chez RBC Assurances.
Mais les assureurs vie traditionnels s’impliquent davantage auprès assurtechs, car ils peuvent aider ces entreprises à se concentrer sur les besoins et les désirs plus rapides de leurs clients, a affirmé M. D’Onofrio.
Néanmoins, il reste encore un certain nombre de défis à relever. Selon lui, par exemple, il n’y a pas toujours un bon équilibre entre l’intelligence artificielle, l’analyse de données et « des connaissances approfondies en matière d’assurance ».
« Parfois, je pense qu’il y a des lacunes, a-t-il expliqué. Parfois, nous parlons à une entreprise qui est très impliquée en intelligence artificielle, mais qui ne comprend pas vraiment notre industrie. »
Être aligné et concentré sur les mêmes problèmes contribuera à la réussite du partenariat, a précisé M. Saunders.
« Les gens disaient à l’origine que les insurtechs et les fintechs perturberaient tous les joueurs traditionnels, et cela ne s’est pas vraiment avéré. Je pense que nous réalisons que nous avons besoin les uns des autres. »
Clarifier les rôles est important
« L’un des avantages de cette harmonie est que les assurtechs et les fintechs font preuve d’une grande agilité et d’une grande capacité d’innovation, contrairement à une compagnie d’assurance traditionnelle, a dit Rowan Saunders. Nous avons des centaines d’années d’expérience en gestion et évaluation des risques. Nous avons les clients et nous avons le capital. Donc, je pense que de combiner ces deux éléments peut aider à définir les rôles que chacun joue. Sinon, ça peut être frustrant. »
La même chose peut être dite du côté des assurtechs. Dejan Mirkovic, cofondateur et PDG de Goose Insurance Services, a déclaré que trouver le bon assureur qui a le même état d’esprit est essentiel pour les relations commerciales.
Le problème est que certains des assureurs plus âgés peuvent ne pas comprendre toutes les données que l’assurtech exploite pour un projet.
« Ils sont inquiets. Ils craignent que [l’idée] ne se concrétise ou que le projet ne fonctionne tout simplement pas. C’est un facteur important dans le travail des assurtechs visant à les éduquer pour qu’ils se sentent bien et qu’ils soient à l’aise avec cela », a soutenu M. Mirkovic.
Ajustement stratégique global
En recherchant une assurtech partenaire, l’assureur cherche non seulement à trouver de nouvelles opportunités, mais regarde également la manière dont une assurtech en particulier s’intègre dans sa vision stratégique globale, a déclaré Ryan Spinner, responsable de l’innovation numérique chez Aviva Canada.
Au début, Aviva était à la recherche de nouvelles idées générales et de nouveaux thèmes, mais la société d’assurances dommages cherche maintenant des fournisseurs capables de surmonter des obstacles spécifiques, a expliqué Spinner.
Pour SSQ Assurance, travailler avec des partenaires plus petits, comme des entrepreneurs d’assurtechs, a été une expérience enrichissante, a souligné Louis Regimbal, vice-président de la stratégie et de l’innovation de l’assureur.
M. Regimbal a convenu que l’obtention d’un contrat avec des assurtechs est un processus long, même si toutes les parties sont d’accord sur les conditions.
Le problème est qu’un assureur ne peut pas demander à une start-up disposant d’une réserve de capital de six mois d’attendre un processus de vérification préalable s’échelonnant sur 12 mois pour finaliser un contrat, a précisé M. Spinner.
Prouver que vous pouvez livrer la marchandise
Jane Wang, présidente et chef de la direction de l’assurtech Optimy, a déclaré qu’il avait fallu trois à quatre mois à son entreprise pour obtenir un contrat signé avec SSQ. Elle a ajouté que de nombreuses étapes sont nécessaires pour obtenir l’approbation d’un assureur afin de démontrer les capacités d’une assurtech. « Vous devez obtenir les preuves et démontrer que vous pouvez livrer ce que vous dites que vous allez livrer. »
C’est en raison de ce long processus que beaucoup d’assurtechs ont quitté le pays pour trouver du travail, a constaté M. Spinner. Il fut un temps où plusieurs assurtechs ont tenté d’obtenir des mandats chez Aviva, mais seulement au Royaume-Uni, à Paris ou à Singapour, pas au Canada.
« Nous commençons maintenant à voir l’approche opposée, a révélé M. Spinner. Nous commençons maintenant à voir les assurtechs de Paris nous contacter [ici au Canada]. C’est vraiment un moment excitant d’être au Canada alors que nous traversons ce virage et que nous commençons à accepter l’idée qu’il existe des joueurs avec qui nous souhaitons collaborer. »