Les compagnies d’assurance commencent à percevoir les bénéfices à tirer de programmes de prévention de l’absentéisme. Mais une implication des dirigeants d’entreprises devient incontournable pour que de tels programmes portent leurs fruits.L’assureur Croix Bleue Medavie lance au Québec, un programme destiné aux petites et grandes entreprises, sur le thème de la prévention. Commercialisé sous le nom de En Connexion, le programme aura pour but de s’occuper de l’absence d’un employé, dès le tout premier jour, évitant donc le risque d’une prolongation de l’absence, voire d’une invalidité de courte ou de longue durée.

« Quand un employé appelle pour dire qu’il ne rentre pas travailler, l’employeur nous appelle et un intervenant entrera en contact avec lui la journée même pour savoir comment on peut l’aider », explique Christiane Fortier, directrice, réclamations invalidité chez l’assureur.

« L’objectif n’est pas de jouer à la police, précise-t-elle, mais d’apporter un soutien rapide et immédiat. » Les intervenants auront alors pour mandat d’aider l’employé absent à trouver les ressources nécessaires. « Par exemple, une personne qui souffre régulièrement de migraines pourrait être orientée vers un médecin, un spécialiste, ou même un nutritionniste », illustre-t-elle.

Mme Fortier ne se fait pas d’illusions. Pour que les employeurs achètent ce service, il faut qu’ils croient en ses bénéfices à long terme, ce qui est loin d’être acquis, prévient-elle.

Disponible dans les Maritimes depuis quelques mois, l’expérience montre d’ores et déjà que pour réussir à percer, Croix Bleue Medavie a dû modifier ses stratégies et s’adresser directement aux dirigeants, plutôt qu’aux gestionnaires de premier niveau.

Quant aux coûts reliés à ce programme, Mme Fortier les qualifient d’accessibles, y compris pour une PME. « Si l’employeur y croit et qu’il sait qu’il va y avoir un gain de productivité, c’est abordable. S’il a un doute ou s’il n’y croit pas, ou si la culture d’entreprise est axée sur les résultats immédiats, ça ne l’est pas », illustre-t-elle.

Service en ligne

En plus du programme En Connexion, Croix Bleue Medavie lance aussi un service en ligne d’évaluation des risques pour la santé. « Le service Actif donne des résultats très précis sur l’état de santé des employés », résume Christiane Fortier. Et les deux produits sont disponibles à tous les employeurs, qu’ils aient leur assurance collective avec l’assureur ou pas, précise-t-elle.

L’assureur La Capitale Groupe financier entre lui aussi dans la course! L’assureur a mis sur pied un programme santé nommé La santé un défi de taille à l’intention de ses propres employés l’an dernier. En plus d’offrir des séances de prise de tension artérielle et des conférences sur le stress, l’assureur a lancé un concours de marche qui a connu une participation de 90% des employés.

Aujourd’hui, les preneurs de régime décidés à s’engager dans un programme santé peuvent obtenir une aide logistique et financière de La Capitale. « Cela requiert une implication de l’employeur sur les heures de travail. Il faut qu’il soit prêt à mettre en place un comité santé et à faire le suivi. De plus, on prend une entente sur le partage des coûts car c’est assez cher », dévoile Marcel Bilodeau, vice-président assurance collective. En fait, poursuit-il, ce programme est à mi-chemin entre la prévention et le marketing. « On se dit qu’il faut essayer de prévenir les dégâts », lance-t-il.

Ainsi, avant de décider de quelle manière orienter le programme de prévention, l’assureur s’intéresse à la consommation de médicaments au sein de l’entreprise. « Nous faisons une analyse statistique de la consommation de médicaments. Si nous constatons une forte consommation de médicaments liés au stress, nous allons orienter notre programme sur la gestion du stress », indique M. Bilodeau. Une dizaine de grandes entreprises y prennent part actuellement, mais le développement du programme santé se fait de manière graduelle.

« Je pense que ça peut aider énormément à réduire l’absentéisme. Si on peut, en milieu de travail, améliorer les habitudes de vie et s’arranger pour qu’il y ait un suivi, ça va améliorer l’expérience », croit-il.

De plus, M. Bilodeau pense aussi, qu’à terme, le programme santé pourrait engendrer des baisses de primes. « Si on baisse la consommation de médicaments, ça va automatiquement déboucher sur une baisse des primes. Et du côté de l’invalidité, si quelqu’un implante un programme qui se tient, avec suivi, on n’a pas fait de tarification pour ça mais d’après moi ça mériterait une baisse de primes », poursuit-il.

Pour sa part, Groupe financier SSQ a lancé le programme Accès Santé en 2004. Celui-ci fournit entre autres des conseils en ce qui a trait à la santé et à la prévention par le biais de brochures envoyées aux assurés explique René Hamel, premier vice-président assurance collective chez l’assureur.

Offensive parmi d’autres : on offre un accès facilité à des centres sportifs. Grâce à des ententes signées avec plusieurs salles de sport, les clients de SSQ bénéficient de réductions lorsqu’ils souscrivent un abonnement sportif.

Quant à envisager de favoriser l’accès à d’autres types de programmes préventifs tel que le yoga, pourquoi pas? demande M. Hamel. Mais pour aller de l’avant avec de nouveaux projets, il faut que les preneurs de régimes en fassent la demande. Et à l’heure actuelle, ce n’est pas le cas, dit-il.