Les dirigeants des compagnies d’assurance devraient redoubler d’efforts en 2025 pour moderniser leurs systèmes et intégrer l’intelligence artificielle (IA) dans l’évaluation des risques. Selon Kyndryl Canada, une firme spécialisée en technologies, certaines entreprises pourraient également recruter des leaders issus de secteurs centrés sur le client au cours de l’année à venir.

Les priorités des dirigeants des technologies de l’information (TI) dans l’industrie de l’assurance incluent l’intégration des données climatiques dans les efforts d’évaluation des risques, l’investissement dans des solutions complètes activées par l’IA dès l’étape de la déclaration initiale de sinistre, ainsi que le renforcement du leadership et des talents axés sur le consommateur. 

Un paradoxe technologique 

Dans son rapport, intitulé Navigating the readiness paradox, Kyndryl révèle que 56 % des dirigeants de l’assurance s’inquiètent de l’obsolescence de leurs outils ou processus TI, malgré le fait que 94 % d’entre eux affirment que leur infrastructure TI est de premier ordre. 

« L’étude met en lumière un paradoxe : les leaders d’affaires et TI expriment une confiance envers leurs infrastructures actuelles, tout en doutant de leur capacité à répondre aux défis futurs », expliquent les chercheurs du rapport.

Si 94 % des dirigeants de l’assurance estiment que leur infrastructure TI est à la hauteur (contre 90 % dans l’ensemble des industries), seulement 39 % pensent qu’elle est prête à gérer les risques futurs, un constat qui se reflète aussi dans les réponses des autres secteurs. 

Les cyberattaques, un point faible  

Parmi les 3 200 dirigeants interrogés dans 17 marchés et 25 industries, 68 % des leaders de l’assurance trouvent difficile de suivre le rythme de l’innovation, et ils sont plus nombreux que ceux des autres secteurs à juger la réglementation trop rapide. En matière de climat, 64 % expriment des préoccupations liées aux perturbations environnementales et climatiques, mais seulement 26 % se sentent prêts à y faire face. 

Les dirigeants de l’assurance affichent également les scores les plus faibles concernant leur préparation aux cyberattaques, avec seulement 23 % qui se disent prêts, contre 30 % dans l’ensemble des industries. Leur préparation à l’utilisation de l’IA est aussi la plus basse : 22 % se disent prêts, comparativement à 29 % dans les autres secteurs. 

Cependant, les leaders du secteur se distinguent par leur préparation aux lacunes en matière de compétences et de talents. « Ils ont aussi une grande confiance dans la qualité des compétences TI internes », note-t-on dans le rapport.

« Certains assureurs commencent à recruter des talents provenant de grands détaillants et du secteur technologique. » 

Ils affichent également des niveaux de préparation relativement élevés pour les technologies émergentes telles que l’informatique quantique et l’informatique en périphérie, à l’exception notable de l’IA, où ils accusent un retard. 

« Les technologies en fin de vie représentent un défi important. Les TI sont la meilleure ligne de défense pour atténuer les risques, mais la plupart des entreprises n’en sont qu’aux premières étapes de leur modernisation technologique », mentionne-t-on dans le rapport.

« La complexité et la difficulté à établir des priorités freinent ces efforts. Même si des investissements significatifs sont réalisés dans l’IA, les retours sur investissement (ROI) restent difficiles à concrétiser. » 

Avancées en automatisation, retard sur les pratiques exemplaires  

L’industrie de l’assurance est en avance dans le domaine de l’automatisation : 12 % des événements TI y sont résolus automatiquement, contre 8 % en moyenne chez les clients de Kyndryl. Cependant, elle est légèrement en retard dans l’adoption des pratiques exemplaires, avec 71 % d’adoption contre 75 % en moyenne. 

Les répondants du secteur de l’assurance sont également plus nombreux que ceux des autres secteurs à mentionner la dette technique comme un obstacle à la modernisation ; quelque 24 % d’entre eux l’identifient comme un défi, contre une moyenne de 17 % dans toutes les industries. 

Le rapport examine aussi les investissements numériques, dans l’IA et l’apprentissage automatique, et identifie les besoins en soutien pour la modernisation. « Comme dans les autres secteurs, les assureurs veulent de l’aide dans la prise de décision stratégique, la gestion des talents et l’intégration de nouvelles technologies dans leurs infrastructures existantes », ajoute Kyndryl. 

Au-delà de la transformation  

« Surmonter ces défis nécessite un changement de mentalité : la préparation dépasse la simple résilience et doit viser une performance durable et transformative », indique-t-on dans le rapport.   

Pour progresser, les décideurs doivent « peser le fantastique et le familier, en intégrant leur interdépendance. Les technologies émergentes offrent des opportunités prometteuses, mais il faut équilibrer ces nouveaux investissements avec les mises à jour des systèmes existants ». 

Les auteurs du rapport recommandent également de débuter avec des indicateurs de succès à court terme pour générer une valeur à long terme. « Des initiatives plus modestes peuvent aider à bâtir un cas convaincant pour des projets plus complexes. »