Les revenus en assurance collective ont progressé modestement en 2010 malgré un marché fort dynamique. Mais ce n’est pas la faute de l’économie. En fait, le prix des médicaments hausse plus lentement ces dernières années. Il n’est plus un facteur aussi dominant pour gonfler artificiellement les primes en collectif.

Dans l’ensemble, le marché de l’assurance collective a engrangé des revenus de 31,2 milliards de dollars (G$) au Canada en 2010, révèle le dernier rapport de Fraser Group, une firme de recherche et d’analyse dans le secteur de l’assurance et des régimes collectifs. Il s’agit d’une croissance de 3,8 % par rapport à 2009.
Cette modeste croissance cache un marché en ébullition. « Le marché a été très dynamique en 2010 et 2011 le demeure autant », observe Ken Fraser, président de Fraser Group. Par exemple, plusieurs grands groupes ont changé de fournisseurs depuis 2010, ce qui a entrainé un lot d’activités dans ce secteur d’assurance, ajoute-t-il.
Cout des médicaments
Si le taux de croissance a été modeste en 2010, c’est surtout en raison du ralentissement de la hausse du cout des médicaments, assure le PDG de Fraser Group. « L’Ontario et le Québec ont ciblé les médicaments génériques, créant une pression à la baisse sur les prix », dit-il.
L’Ontario a compté pour plus de la moitié des revenus en assurance collective réalisés au Canada en 2010 (53 %).Le Québec en a accaparé 17 %. Les Prairies ont compté pour 15 % de ces revenus et la Colombie-Britannique pour 10 %. Les provinces de l’Atlantique ferment la marche avec une part des revenus en assurance collective de 5 % en 2010.
Les groupes de 1 000 employés et plus ont compté pour 63 % des parts de marché en assurance collective au Canada en 2010.
« Party » chez Sun Life en 2011
En 2011, plusieurs assureurs ont connu des développements importants. Pour eux, le dynamisme de 2010 se poursuit. Chez Financière Sun Life, Josée Dixon parle même de « party ». La vice-présidente régionale, région de l’Est du Canada, régimes collectifs de retraite et garanties collectives, note une croissance marquée des revenus en garanties dentaires et surtout en garantie de soins de santé. Ces garanties pèsent lourd dans le portefeuille d’affaires en assurance collective de Sun Life parce qu’elle est bien positionnée dans le créneau des grosses entreprises, explique-t-elle.
La vigueur des affaires de Sun Life en collectif se poursuit en 2011 et débordera vraisemblablement en 2012. « Nous avons gagné beaucoup de nouveaux groupes en 2011 et ce sera aussi le cas en 2012, dit Mme Dixon. Un très gros groupe (compte national parce que présent à l’échelle canadienne) qui nous avait quitté au début de 2011 reviendra en 2012. C’est la première fois que je vois une telle chose en 27 ans. »
De son côté, Desjardins Sécurité financière (DSF) décrit 2011 comme une de ses trois meilleures années en 10 ans. Cette année, DSF a pourtant perdu la clientèle de Groupe CGI aux mains de l’Industrielle Alliance. « Nous avons ainsi perdu 40 millions de dollars (M$) de primes, mais nos excellentes ventes ont compensé cette perte », a révélé André Simard, vice-président ventes, assurance pour les groupes et les entreprises chez DSF.
L’assureur a vendu 175 M$ de nouvelles primes en assurance collective en 2011, ce qui représente une croissance de 40 % par rapport à 2010, où l’assureur a réalisé des ventes de 125 M$. Il profite par ailleurs d’une expansion soutenu de ses activités hors-Québec en assurance collective.
« Nous devrions atteindre deux milliards de dollars de primes en vigueur au Canada au terme de 2011, dont plus de la moitié hors Québec. Ce sera la première fois de notre histoire », a souligné M. Simard. En 2000, DSF détenait un en-vigueur d’assurance collective de 600 M$ de primes, dont les deux tiers dans le marché du Québec, rappelle M. Simard.
Joueur reconnu pour sa présence dans le secteur public, SSQ Groupe Financier a effectué une importante percée dans le secteur privé, a confié Carl Laflamme, vice-président ventes et marketing, développement national à la filiale SSQ Vie. Celle-ci se poursuivra l’an prochain.
« Nous venons de vendre un contrat à Groupe Jean Coutu et ses 9 000 employés. Cette vente entrera dans nos chiffres en 2012 », ajoute-t-il.
De plus petits joueurs ont aussi brillé. L’Industrielle Alliance a frappé deux grands coups en 2011 : Groupe CGI et plusieurs ajouts au contrat existant avec Banque Nationale du Canada. Après un appel d’offres amorcé en 2010, BNC a ajouté à son programme les garanties invalidité de courte durée et longue durée ainsi que tout un régime pour sa filiale Financière Banque Nationale, soit 2 000 employés de plus. CGI apporte pour sa part 12 000 employés au moulin de l’Industrielle Alliance.
« Ce sera une année record : nos ventes franchiront le cap des 100 M$ », a révélé Jacques Parent, vice président, tarification et ventes en assurance collective à l’Industrielle Alliance. L’en-vigueur de l’assureur se rapprochera ainsi du milliard de dollars.
Concurrence
Le marché de l’assurance collective demeure très concurrentiel, disent les assureurs. Beaucoup de groupes sont « retournés au marché » en 2011, pour magasiner un meilleur prix auprès de leur assureur ou de ses concurrents. « Malgré tout, Sun Life a obtenu un taux de rétention de 96,8 % en 2010. C’est phénoménal », s’est exclamé Josée Dixon. Des clients aussi fidèles prouvent l’impact positif d’excellentes communications avec les participants de régime, dit-elle.
L’assureur a malgré tout connu un fort roulement dans le créneau des groupes de moins de 50 employés. « Ces groupes sont sensibles au prix en raison de l’environnement économique actuel. De plus, ils sont courtisés par tous les assureurs », observe Mme Dixon.
Carl Laflamme qualifie la concurrence de très vive, partout au Canada. « Des occasions importantes nous ont échappé de peu hors Québec où nous n’avons pas eu les ventes espérées. Toutefois, notre nom circule de plus en plus. Nous disputons aux grands assureurs canadiens des groupes que nous n’aurions pas pu espérer leur ravir auparavant. »
En 2010, SSQ Vie a connu une croissance de 5,9 % de ses primes d’assurance collective au Québec par rapport à 2009, surpassant la moyenne québécoise de 4,8 %. Carl Laflamme s’attend à faire encore mieux au terme de 2011. Comme Sun Life, SSQ Vie a réussi à maintenir un taux de conservation des affaires collectives supérieur à 95 %.
Aussi satisfait de son taux de conservation, André Simard reconnait toutefois que la perte de CGI l’affectera quelque peu. Il croit que la tendance actuelle favorise la conservation.
« Plusieurs groupes qui vont sur la marché décident de rester avec leur assureur parce que celui-ci fait ce qu’il faut pour garder son client. Aussi, l’entrepreneur qui magasine doit conserver un équilibre entre le désir de couper les dépenses en raison de l’incertitude économique et attirer puis retenir de bons employés pour faire face à la concurrence. C’est le deuxième qui l’emporte parce que les avantages sociaux sont généralement la dernière place ou coupera l’entreprise », a expliqué le vice-président de DSF.


Sun Life dispute la tête du classement à Great-West au Canada

 

(AT) Le classement du top 3 canadien est serré. En 2010, Financière Sun Life a récolté 23 % des parts du marché canadien. Premier l’an passé, Great-West a recueilli 22,9 %, aidé par les résultats de Canada-Vie et London Life. Financière Manuvie ferme la marche avec une part de 21,1 %.
Sun Life a ravi la première place à Great-West par un cheveu dans le classement des parts de marché en assurance collective en 2010. Great-West avait dominé le peloton ces dernières années. La différence infime proviendrait d’un groupe qui a changé de main, selon le résident de Fraser Group, firme de recherche et d’analyse dans le secteur de l’assurance et des régimes collectifs, Ken Fraser.
« Quelque fois, la différence en chiffres absolus entre les meneurs n’est que de quelques milliers de dollars de primes. Elle peut porter sur de petits segments d’affaires comme l’assurance aux groupes d’affinités », fait-il remarquer.
Le marché demeure très concentré. Les trois premiers joueurs détiennent 67,0 % du marché et les dix premiers, 98,3 %.
Fraser Group s’est abstenu de publier les parts de marché québécoises cette année. Il veut dépoussiérer son questionnaire établi en 1992, tant pour le Québec que le Canada et décider s’il inclura ou non des segments d’affaires comme l’assurance aux groupes affinités et aux associations d’étudiants. « Ce sont de petits segments d’affaires pour la plupart des assureurs. Ils peuvent toutefois faire la différence lorsque deux compagnies sont nez à nez », affirme M. Fraser.
Certains assureurs l’incluent dans leurs chiffres et d’autres pas. Sun Life fait partie de ceux qui ne l’incluent pas. « Cela peut affecter nos affaires, mais ce qui est primordial, c’est que tous les assureurs soient mesurés sur le même barème », pense Josée Dixon, de Sun Life. L’assurance crédit est aussi en question, mais le refus de l’inclure fait pratiquement l’unanimité dans l’industrie.
« Nous n’étions pas à l’aise de publier les chiffres du Québec cette année en raison de ces préoccupations, et aussi du fait que les meneurs québécois sont si près l’un de l’autre qu’un seul petit changement technique affecterait le classement. Pendant que nous travaillons à résoudre ce problème dans le respect des différentes opinions de nos clients, nous ne publierons pas de chiffres que nous risquerions de devoir réviser par la suite », a expliqué M. Fraser. Nez à nez l’an passé, DSF et SSQ le seraient encore cette année, selon nos sources chez les assureurs.
Pour sa part, le gros des activités observées dans le secteur des régimes de retraites au Canada en 2010 est venu du mouvement des marchés financiers. « Il y avait eu d’importants mouvements en 2008 et 2009. En 2010, il y a eu une reprise », observe M. Fraser. Il observe par ailleurs une croissance de 2,7 % dans le nombre de participants à des régimes de retraites au Canada en 2010 par rapport à 2009.
Sun Life conserve la position numéro un qu’il occupe depuis des lustres dans ce marché, avec une part de 42 % en 2010 au Canada, suivi de Great-West avec une part de 24 %. Standard Life et Manuvie suivent nez-à-nez avec une part de chacun 15 %. Le président du Groupe Fraser a aussi imposé un moratoire à la publication des données sur les parts de marché des régimes collectifs de retraite au Québec.