À la suite de trois ans de démarches intenses, les stations de ski québécoises ont finalement opté pour l’adoption de leur propre programme collectif d’assurance biens et responsabilité.Après avoir envisagé la création d’une captive, puis négocié infructueusement un programme privé de protection qui prévoyait une réserve de capitaux constitués par cotisations, l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) a plutôt opté pour ce qu’elle qualifie de « produit financier privé ».

L’ASSQ a négocié cette protection avec AXA Assurances, par l’intermédiaire du courtier Marc Fortin, de Jolicoeur Savard, un vieux routier de cette industrie. L’association a refusé de fournir des chiffres, alléguant le caractère privé du dossier.

« Avec ce programme, nous voulions stabiliser les primes, explique Claude Péloquin, directeur général de l’ASSQ. Chaque station de ski participante possède sa propre police, mais une partie de celle-ci répond à des critères qui correspondent à notre programme. En quelque sorte, nous gérons une franchise collective. »

« Tout excédent est assuré par AXA et assumé par la station de ski visée, poursuit M. Péloquin. La franchise comprend une première tranche de risque par événement. Certaines couvertures ont été normalisées pour tous. D’autres sont personnalisées pour chaque station. »

L’ASSQ regroupe 95% des stations de ski du Québec, avec 72 membres. De ce nombre, 45 stations participent à ce programme, dont Mont Saint-Sauveur International, qui possède cinq stations dans les Laurentides.

Intrawest, qui détient la station touristique Tremblant, et Resorts of the Canadian Rockies (RCR) qui possède les stations Stoneham et Sainte-Anne, sont membres de l’ASSQ mais n’ont pas participé au programme de cette association, puisqu’ils disposent déjà d’un programme d’assurance maison. Ces deux sociétés sont des conglomérats qui ont développé plusieurs stations touristiques hivernales en Amérique du Nord.

Certaines stations appartenant à des municipalités sont également exclues du nouveau programme de l’ASSQ, car elles sont desservies par les programmes d’assurance spécifiques au monde municipal.

Les dirigeants de l’ASSQ expliquent que l’aboutissement de ce dossier est dû en partie à l’implication active des membres de l’association. Ainsi qu’à l’implantation d’une nouvelle norme canadienne sur les remontées mécaniques, la norme CSA Z98.

« L’industrie a amélioré ses normes de gestion et d’opération, poursuit M. Péloquin. Elle a énormément progressé du côté des meilleures pratiques en se dotant de codes d’aménagement des montagnes et des parcs de surf. Plusieurs guides ont été élaborés en ce sens. Les pratiques se sont ainsi uniformisées. »

M. Péloquin affirme que son industrie a dû faire face à des hausses de primes d’assurance considérables ces dernières années. Notamment en assurance responsabilité. Cette année, il prévoit que les hausses se situeront en moyenne entre 5 et 10%.

Pourtant, les statistiques d’accidents n’indiquent aucune détérioration notable pour l’ensemble de l’industrie. Il y a bien eu la série noire de quatre décès la saison dernière. Mais la moyenne fait état de deux décès par hiver. Lors de la saison 2003-2004, l’industrie n’a rapporté aucune perte de vie.

« Nous ne constatons aucune détérioration au chapitre des blessures corporelles, reprend M. Péloquin. Nous sommes préoccupés du côté des biens, car il y a eu quelques événements, dont l’incendie du chalet du mont Kanasuta, en Abitibi, l’hiver dernier. Ce type d’événement fait beaucoup de bruit et marque le milieu. Mais notre expérience générale ne se détériore pas. Il s’agit d’une réalité dont les assureurs ont probablement tenu compte », croit-il.