Selon ce que rapporte Jocelyne Moisan, de l’Université Laval, l’Organisation mondiale de la santé estime qu’il y a cinq grands types de facteurs qui influencent la décision des gens d’adhérer ou pas à leur traitement.
Premièrement, le niveau socio-économique : « Au Québec, ça joue peut-être un peu moins à cause du régime universel d’assurance-médicaments, mais ça joue énormément ailleurs, comme aux États-Unis. »
Deuxièmement, les caractéristiques de la personne elle-même, ses croyances, ses connaissances, sa perception de la santé et de la maladie. « Il faut accepter d’être malade pour aller consulter un médecin. Il faut croire que les médicaments sont efficaces pour les prendre. »
Troisièmement : les caractéristiques de la maladie. « S’il y a beaucoup de symptômes, les gens sont davantage portés à prendre leur maladie au sérieux et à se soigner. »
Quatrièmement, les caractéristiques du traitement. « Par exemple, si je dois me mettre des gouttes dans les yeux quatre fois par jour pour combattre le glaucome, ça devient plus compliqué que de prendre une seule pilule une fois par jour. Est-ce que le traitement comporte des effets indésirables? Est-il efficace? Est-ce que je peux percevoir l’efficacité du traitement? »
Cinquièmement, le système de santé. « Si les relations entre le professionnel et le patient sont bonnes, meilleures sont les chances qu’il y ait une bonne adhésion au traitement. »
Alain Castonguay
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EXTRA 2 Collectif
Deux bombes à retardement : les médicaments d’exception et les grands réclamants
Deux bombes à retardement guettent les régimes d’assurance collective au Québec : les médicaments d’exception et les grands réclamants.
Johanne Brosseau, de la firme Aon, soulève le problème des médicaments d’exception. Au Québec, c’est le gouvernement qui détermine quels sont les médicaments qui sont inscrits dans le Régime général d’assurance médicaments (RGAM), incluant certains médicaments très couteux. Les assureurs privés n’ont pas le choix de les rembourser.
Dans les autres provinces, ce sont les contribuables qui assument la facture des médicaments les plus couteux. Au Québec, les assureurs privés paient la moitié de la facture sans avoir rien à dire, souligne-t-elle. « Pendant combien de temps le Québec peut-il obliger les employeurs à rembourser du Remodulin (pour traiter l’hypertension artérielle) à 380 000 $ par année? »
L’autre problème qui persiste est la part de plus en plus grande prise par les grands réclamants dans le cout des régimes. « Quand je fais le tour des grandes entreprises, dit Mme Brosseau, les gens sont toujours surpris quand je leur montre nos données. Des demandes de remboursement pour des médicaments qui coutent plusieurs milliers de dollars, j’en vois passer toutes les semaines. »
Pierre Marion, de la Croix-Bleue Medavie, confirme l’évaluation faite par Johanne Brosseau sur la proportion des grands réclamants. « Chez les assureurs privés, on constate que 20 % des réclamants représentent 80 % des couts de l’assurance santé. C’est pour ça que l’ensemble de l’industrie a créé une société de mutualisation, pour partager les risques associés à ces maladies et éviter de nuire à l’expérience d’un petit groupe d’employés assurés », dit-il.
Mais le cout des primes liées à la mutualisation grimpe de manière exponentielle, ajoute Johanne Brosseau, et les employeurs rechignent. Cela ajoute de la pression sur la pérennité des régimes privés, dit-elle, car les employés aussi finiront par protester. Le gouvernement ferait mieux de ne pas attendre que 10 % des assurés représentent 90 % des couts pour agir, insiste-t-elle.
Alain Castonguay