Professeur-chargé de cours à l’Université Laval et professeur clinicien au CHUL, le Dr Jean Drouin a décrit les différents stades de la dépression et leur traitement possible, lors du Colloque Solareh, tenu en mai dernier.

La dépression peut prendre différentes formes. La dysthymie est un état dépressif léger, mais qui peut durer plus de deux ans. La psychose est généralement associée à un arrêt de travail très long et à la suite duquel le retour au travail est pratiquement impossible. La dépression saisonnière peut se traiter par la luminothérapie. La dépression post-partum est évidemment facile à diagnostiquer, à cause du statut de la jeune mère. Enfin, la dépression hormonale est rarement diagnostiquée malgré l’abondance de cas chez les 45 ans et plus.

Afin de poser le diagnostic de dépression, le Dr Drouin a suivi une formation pour bien maitriser les outils disponibles pour la détecter. Les médecins utilisent le diagnostic « DSM IV », pour lequel il faut constater la présence de cinq symptômes pour une période minimale de deux semaines : humeur négative, anhédonie (ou désintérêt généralisé), perte ou prise de poids inexpliquée, trouble de sommeil, agitation ou ralentissement psychomoteur, faible concentration, idées suicidaires, sentiment persistant de tristesse, problème de fonctionnement en société, fatigue, etc.

Dans le cas de la fatigue, c’est évidemment le plus difficile à établir, car il existe 214 causes possibles. Pour les idées suicidaires, seulement deux ou trois personnes sur 100 concrétisent leurs idées sombres, mais la plupart des gens qui commettent le geste n’en ont jamais parlé auparavant.

Traitement

Il existe différents moyens de traiter la dépression avant de recourir aux antidépresseurs. Le Dr Drouin parle notamment des bienfaits de l’alimentation, de la marche, de certains suppléments nutritifs, de la qualité du réseau social et familial, et de la médecine intégrée (naturopathie, acupuncture, homéopathie, etc.). Si rien ne fonctionne, il faut passer à la médication.

Il existe deux familles principales d’antidépresseurs, soit les ISRS, qui visent à capturer principalement la sérotonine, ou les tricycliques, qui travaillent sur plusieurs hormones à la fois. Jean Drouin ajoute que ce ne sont pas tous les patients qui réagissent bien à la médication, et que dans certains cas, le dosage est très délicat. De plus, certains peuvent devenir « accros » de leurs pilules. Il estime qu’il faut généralement jusqu’à cinq essais, en réduisant le dosage chaque fois, avant que le patient cesse toute médication pour soigner sa dépression.

La psychothérapie est l’autre traitement possible, mais au Québec, avoir accès à un thérapeute peut prendre énormément de temps, sauf si on a les moyens de s’en payer un. En consultation privée, il faut évaluer de 200 à 300 $ l’heure la consultation. « La santé mentale est le parent pauvre de la médecine », dit-il.

Le conférencier cite l’étude DEPASS réalisée en 2009-2010 auprès de 9 000 patients auxquels ont été prescrits des antidépresseurs. L’arrêt de travail n’est pas recommandé dans tous les cas, précise Jean Drouin. Chez beaucoup de femmes, l’origine de la dépression est souvent des problèmes d’ordre familial, tandis que pour les hommes, les difficultés professionnelles sont plus souvent citées.

Il constate que le harcèlement de l’employeur est très souvent associé à la dépression et justifie à lui seul l’arrêt de travail recommandé par le médecin. Dans les cas de troubles de sommeil, il souligne que ceux-ci sont souvent le signal d’un problème de dérèglement des neurotransmetteurs.

Le docteur Drouin affirme être l’un des rares médecins à ne pas se faire payer pour signer un certificat d’arrêt de travail. Il suggère à tous de s’informer sur la maladie mentale à partir du site www.ladepressionfaitmal.ca.