Une femme devrait-elle tout mettre en œuvre pour obtenir une promotion? Oui, croit Constance Lemieux, présidente et chef de l’exploitation de La Capitale assurances générales.
Elle souligne que seulement 4,3 % des entreprises répertoriées au prestigieux classement Fortune 500 ont une femme à leur tête. Cette proportion était de 1,4 %, il y a dix ans.
Qu’est-ce qui ne fonctionne pas?
Pour répondre, elle cite Sheryl Sandberg, chef des opérations de Facebook, qui affirme que très jeunes, les femmes se font dire qu’elles auront ont un choix à faire entre être une bonne mère ou une bonne travailleuse. « Selon ce mode de pensée, dès qu’elles arrivent sur le marché du travail, les femmes sont en moins bonne position – vu cette réflexion qu’elles ont eu à faire », dit-elle.
Elle ajoute que plus une femme monte dans l’échelle de gestion, plus la question de la conciliation travail-vie familiale s’impose. Elle s’accentue d’autant plus lorsque des voyages d’affaires s’ajoutent à la donne.
« À court terme, la femme n’a pas le choix de s’organiser. Pour les tâches ménagères, ça va assez bien. Là où ça vient déchirant, c’est lorsqu’on touche la question des enfants. On pense tout d’abord que c’est plus difficile avec de jeunes enfants. Personnellement, je trouve que c’est à l’adolescence que c’est vraiment difficile. C’est là qu’ils ont besoin de leurs parents », dit-elle.
Chacun doit trouver sa solution, dit Mme Lemieux. Ça doit impliquer le père, mais aussi la famille étendue, dans certains cas. Il faut aussi adapter les horaires. Pour Mme Lemieux, cela a impliqué de commencer ses journées de travail à 5 heures du matin.
Trouver quelqu’un qui croit en nous
« En supposant que tout cela est bien placé, et qu’on a le gout et le talent de faire ce métier-là. Homme comme femme, ça suppose qu’on porte sa sécurité en soi. Ce qu’on a appris nous appartient et c’est par là qu’on assure son employabilité. Ça prend aussi quelqu’un qui croit en nous, quelque part. Dans le cas des cadres supérieurs, il y a de fortes chances que ce soit un homme », dit-elle.
Les femmes devraient-elles se battre pour des titres? Oui, répond Mme Lemieux, pour prendre la place qui leur revient. « Elles ne le font pas de manière générale, et elles ont tort. Un titre a toutefois autant d’impact que l’image qu’on projette. Il ne faut pas sous-estimer cela », dit-elle.
Mme Lemieux souligne que, de manière générale, les femmes creusent beaucoup et accordent une importance aux détails. « Elles font preuve de plus de rigueur, et c’est très utile lors de négociations. Il faut toutefois être capable de prendre du recul, de mettre les informations en perspective, d’élaborer des enjeux et, aussi, de les communiquer de façon synthétique. C’est une force des hommes, et si on ne le fait pas, on risque d’être cataloguée comme manquant de vision globale. Pour avoir travaillé avec des équipes composées exclusivement d’un sexe et de l’autre, ce sont vraiment ces différences qui font que les meilleures équipes sont des équipes mixtes. Ça ne fait aucun doute », dit-elle.
Quant à l’équilibre vie personnelle et vie professionnelle, Mme Lemieux le compare à la recherche du bonheur. « On cherche à être heureux en continu; pourtant, ça ne vient que par moments. Ce n’est pas réaliste de rechercher à être constamment en équilibre. Il y a des moments dans la vie où beaucoup d’efforts sont consacrés à la vie professionnelle et d’autres, à la vie personnelle », dit-elle.
Elle ajoute que les femmes ne réussiront pas à faire évoluer les choses par elles-mêmes. « Elles le feront avec les hommes, et plus particulièrement, les jeunes hommes d’aujourd’hui. Je les vois aller : ils voient leur vie de famille de façon différente. De nombreuses recherches démontrent que les pères engagés et aimants sont mieux équilibrés et ont de meilleures habiletés cognitives. Ce n’est pas que le monde des affaires qui en bénéficiera, mais aussi les enfants », dit la présidente de La Capitale assurances générales.