S’il ne fait aucun doute que les produits de fonds de fonds sont un choix populaire, David O’Leary, chef du Service d’analyse des fonds chez Morningstar Canada, estime que nombre de ces produits s’accompagnent de frais excessifs pour les services fournis.En analysant ces fonds, Morningstar tient compte de leur moyenne pondérée dans le programme. À titre d’exemple, si un portefeuille ne comporte que deux fonds, un dont le ratio de frais de gestion est de 2,0 et l’autre de 3,0, la moyenne pondérée serait donc de 2,5. Selon M. O’Leary, les frais de gestion du portefeuille ne devraient pas excéder la moyenne pondérée.

Mais, poursuit-il, les sociétés de fonds disent que le supplément additionnel exigé sur ces frais se justifie par les services offerts, comme le rééquilibrage du portefeuille. Or comme ces fonds sont censés constituer le portefeuille principal d’un investisseur, ce dernier y déposera des actifs qu’il y maintiendra. Dans ces conditions, c’est une bonne affaire pour les sociétés de fonds, observe-t-il. « Les sociétés de fonds obtiennent des actifs plus stables, alors on ne voit pas pourquoi elles devraient exiger des frais plus élevés. »

Combien de sociétés exigent plus que la moyenne pondérée? « La plupart », dit-il. Certaines, juste un peu, et d’autres « carrément trop ».

Fait intéressant, si le ratio des frais de gestion sur les portefeuilles prudents comportant des actifs à revenu fixe moins risqués peut être moins élevé, Morningstar a constaté que les suppléments exigés pour ces placements sont souvent supérieurs à ceux demandés pour des portefeuilles équilibrés ou à croissance plus audacieuse. Par exemple, si la moyenne pondérée d’un portefeuille prudent est de 1 %, mais que la société exige 1,5 %, le supplément serait donc de 50 %. À l’inverse, la moyenne pondérée d’un portefeuille plus spéculatif pourrait être de 2,5, mais la société pourrait exiger 3,0 %. Si le ratio des frais de gestion est plus élevé pour les fonds à croissance plus audacieuse, le supplément sur les frais est beaucoup plus bas à 20 %.

Une concurrence grandissante dans cette catégorie donnera-t-elle lieu à une baisse des frais? « On aimerait le croire, mais le problème est que nombre de compagnies… s’inspirent des frais de leurs compétiteurs », dit-il. Si les investisseurs ne se plaignent pas, il est peu probable que les frais diminuent. « Les sociétés de fonds n’ont pas tendance à se concurrencer sur les frais. » Elles rivalisent plutôt sur d’autres aspects comme les services offerts, la vente de leur expertise et la valorisation de leur marque. « Je n’ai jamais vu de guerre musclée de prix dans l’industrie des fonds communs de placement. »

Même si l’IFIC n’a pas fait d’étude sur les frais des fonds de fonds, Dennis Yanchus, analyste de statistiques à l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC), estime qu’ils ont baissé au cours des deux dernières années. Il compare les frais des fonds de fonds à ce qu’on pourrait voir pour un fonds d’actions mondiales.