Selon un récent rapport de Sigma, l’intérêt des assureurs se porte de manière croissante sur les marchés émergents plus petits et moins bien développés, connus aussi sous la dénomination de marchés émergents « frontières ». D’un point de vue assurantiel, font en règle générale partie des marchés frontières les pays émergents dont les économies sont de plus petite taille, où le niveau des revenus est plus faible et où les secteurs de l’assurance sont à un stade précoce de leur développement.

La majorité de ces marchés se trouvent en Afrique subsaharienne (ASS), dans la Communauté des États indépendants (CEI), en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. D’une manière générale, les prévisions tablent sur une forte croissance annuelle du PIB réel dans ces pays (5 % à 10 %) à courte échéance ; dans le même temps, les taux de pénétration de l’assurance y sont faibles (inférieurs à 1,5 % actuellement).

Trajectoires de croissance séquentielles

En assurance, les marchés frontières emprunteront probablement des trajectoires de croissance séquentielles, en privilégiant la non-vie et les assurances entreprises plutôt que la vie et les branches des particuliers durant les premières années de hausse de la pénétration de l’assurance. Une exception pourrait être l’assurance automobile des particuliers, à condition que la garantie responsabilité civile soit rendue obligatoire. Dans un deuxième temps, avec la hausse des revenus, les primes des produits vie, où la préoccupation est l’épargne, ont toutes les chances de croître plus rapidement.

L’on observe un certain nombre de constantes dans la croissance de l’assurance sur les marchés frontières. Les assureurs doivent bien les comprendre pour définir leur stratégie d’entrée et d’exploitation.

Le non-vie représentent 60 % des primes

Tout d’abord, l’assurance non-vie constitue habituellement la majeure partie des primes au stade précoce de développement dans les marchés frontières. Sur les marchés émergents non-BRICS, la non-vie représentait 60,8% des primes totales en 2015. A titre de comparaison, sur les marchés BRICS plus développés, les primes non vie représentaient 41,6% de l’ensemble.

De plus, la part des primes vie croît au fur et à mesure que la pénétration de l’assurance augmente. La Chine est un exemple frappant: la non-vie représentait la quasi-totalité des primes en 1980 mais plus que 31,2% en 2003, peu de temps après son adhésion à l’OMC.

Par ailleurs, en assurance non-vie, les branches qui se développent en premier sont les assurances automobiles, dommages aux biens et incendie des entreprises ainsi que les assurances transport, maritime et aviation. La croissance des branches des particuliers vient dans un deuxième temps.

̤Le marché non-vie a la particularité d’être plus fragmenté et le marché vie plus concentré. Le niveau de concentration dépendra de plus en plus de la réglementation, et notamment du renforcement des exigences en capital de solvabilité dans les marchés frontières.

Le facteur d’échelle à anticiper

En outre, le facteur d’échelle peut poser problème, compte tenu de la taille réduite des marchés au début de leur développement. Dans certains cas, les assureurs s’intéressent à un groupe de marchés régionaux plutôt qu’à un seul pays, afin de baisser les coûts commerciaux et de mettre à profit d’autres économies d’échelle. Le levier technologique et les nouveaux modèles d’affaires, comme, par exemple, la collaboration avec des OSBL en appui à des programmes de micro-assurance),sont d’autres options qui permettent de changer d’échelle.