Au début de 2021, les gestionnaires nord-américains prendront la mesure des changements permanents provoqués par la COVID-19, en commençant par le remplacement des fonds d’obligations par les fonds du marché monétaire comme valeur sure.

Les gestionnaires d’actifs recalibreront leurs stratégies et accélèreront la modernisation de leurs modèles opérationnels, soutient la société de recherche McKinsey dans un rapport intitulé North American asset managers: A year of shocks but few surprises.

McKinsey remarque toutefois que le temps presse pour eux, car les évènements de 2020 ont accéléré plusieurs tendances entrées en scène dans la dernière décennie.

Fuite vers le marché monétaire

Parmi les surprises observées par la société de recherche, les investisseurs ont choisi de se tourner vers des instruments du marché monétaire plutôt que vers des fonds à revenu fixe, lorsque la COVID-19 a frappé, en mars 2020. Durant ce mois, les fonds à revenu fixe ont connu des sorties nettes de près de 300 milliards de dollars américains en Amérique du Nord. Déjà au plus bas depuis des années, les taux d’intérêt à long terme ont encore baissé.

Entre mars et avril, les instruments du marché monétaire en Amérique du Nord ont accumulé environ 1,8 billion de dollars américains (1 billion équivaut à 1 000 milliards) d’entrées nettes supplémentaires, révèle le rapport de McKinsey. De ce montant, 1 billion provient des fonds communs du marché monétaire.

McKinsey signale toutefois que les entrées de fonds dans les fonds à revenu fixe ont repris après mars, soutenues par les initiatives des banques centrales et les mesures d’assouplissement budgétaire des gouvernements.

Gagnants et perdants de la volatilité

Les stratégies de placement passives ont profité de la reprise, particulièrement les FNB passifs à revenu fixe. L’ensemble des fonds à stratégie passive ont recueilli 205 milliards de dollars américains au troisième trimestre de 2020. Les entrées dans les fonds à stratégie active ont été supérieures durant cette période, totalisant 209 milliards de dollars américains. Selon McKinsey, ce succès de la gestion active est presque entièrement attribuable à la reprise des fonds à revenu fixe.

Selon le rapport de McKinsey, les fonds négociés en bourse (FNB) à revenu fixe ont été les gagnants de la période de volatilité qui a marqué 2020. De mars à septembre, leur actif a crû de 1,4 billion de dollars américains.

L’année 2020 pose de nouvelles difficultés pour les fonds d’actions à gestion active, déjà sous pression avec des sorties nettes cumulatives de 3,5 billions de dollars américains depuis 2010, révèle la société de recherche. Elle indique que ces fonds continuent de contreperformer, à l’exception des fonds à gestion active d’actions à grande capitalisation. Ces fonds se comportent bien en raison de la croissance au-dessus de la moyenne des titres de grande capitalisation dans les secteurs de la technologie et des soins de santé.

La philosophie valeur en prend un coup

Les gestionnaires axés sur la valeur ont aussi leurs problèmes, selon le rapport. Les effets secondaires de la COVID-19 ont accéléré leur tendance à sous-performer par rapport aux gestionnaires axés sur la croissance, ajoute-t-il. « Le travail à domicile a accentué cette tendance, en stimulant les secteurs de croissance tels la technologie et les produits pharmaceutiques, tout en provoquant des perturbations massives dans les secteurs de valeur, par exemple les voyages, l’énergie et les services financiers », explique McKinsey.

Un petit nombre d’entreprises actives ont réussi à profiter de ces changements : les 10 principaux fonds d’actions actifs en Amérique du Nord ont amassé environ 48 milliards de dollars américains d’entrées nettes.

Les actifs privés ont la cote

Les marchés privés ont fait mentir leurs détracteurs : la demande est demeurée forte en 2020, a observé McKinsey. Après un ralentissement au début de la pandémie, les transactions ont accéléré au troisième trimestre.

« Les investisseurs semblent mettre leurs réserves à profit, en particulier dans les secteurs épargnés par le plus gros des fermetures liées à la COVID-19. La demande des investisseurs est demeurée résiliente et s’est même accrue dans plusieurs segments du marché », a exposé sa recherche.

Selon McKinsey, cela a été particulièrement le cas des stratégies axées sur le rendement se situant dans le bas du spectre risque/rendement. Les investisseurs sont à la recherche de solutions de remplacement aux titres à revenu fixe « en contexte de faiblesse persistante des taux d’intérêt ».