Avec des taux d’intérêt à long terme autour de 1 %, on pourrait croire que les investisseurs devraient fuir les obligations du Trésor en 2021. Il n’en est rien : les titres à revenu fixe feront partie des stratégies gagnantes, croient des gestionnaires.
Parmi les effets durables de la COVID-19, Gestion de placements Manuvie prévoit que la recherche de rendement revêtira une importance croissante chez les investisseurs et les gestionnaires de portefeuille.
Malgré la faiblesse des taux d’intérêt, les titres à revenu fixe conservent leur rôle de base, soutiennent les spécialistes de cette catégorie d’actif et les gestionnaires de portefeuille principaux de Gestion de placements Manuvie, Howard C. Greene et Jeffrey N. Given.
Dans le bulletin Croissances mondiales de Manuvie, MM. Greene et Given disent entre autres privilégier les obligations pour leur rôle défensif. « Elles servent à procurer de la stabilité à un portefeuille », signalent-ils. Selon l’indice obligataire Bloomberg Barclays U.S. Aggregate Bond, le marché des obligations américaines n’a enregistré un rendement négatif qu’à trois reprises seulement au cours des 40 dernières années, font-ils valoir.
Préservation du capital
Selon eux, les titres à revenu fixe peuvent aussi ajouter de la valeur pendant les périodes difficiles, et sont une meilleure solution de rechange que les liquidités en période d’incertitude sur les marchés boursiers. « C’est la seule grande catégorie d’actif qui présente une corrélation manifestement négative avec les actions », expliquent les deux gestionnaires principaux.
Ils estiment que les liquidités présentent quant à elles une corrélation nulle avec les marchés boursiers, et les produits de base, une corrélation légèrement positive. Ils ajoutent que les liquidités conviennent mieux à ceux qui ont un horizon de placement à court terme.
Les deux gestionnaires ne prévoient toutefois aucun facteur de rendement significatif pour les obligations en 2021. Le segment du marché obligataire composé des obligations du Trésor américain pourrait offrir le moins de potentiel de hausse, croient-ils. « Néanmoins, nous croyons que les titres à revenu fixe représentent toujours le meilleur moyen de réduire le risque dans un portefeuille de croissance ou de constituer une base solide dans un portefeuille de préservation du capital. »
Plaidoyer pour les BBB
Les obligations de sociétés demeurent pour leur part dans les cartons des gestionnaires. Bonne nouvelle dans la deuxième moitié de 2020 : les craintes que les défaillances se multiplient chez les émetteurs de ces obligations plus risquées ne se sont pas matérialisées. Les notes de solvabilité ont baissé, mais rien de catastrophique.
« Tout au long du printemps et de l’été, la vague tant attendue de révisions à la baisse des notes de crédit a finalement déferlé, particulièrement dans le segment des obligations notées BBB, mais il n’y a pas eu d’avalanche de défaillances et, au second semestre de l’année, il y a eu relativement peu de révisions des notes de crédit », signalent les deux gestionnaires de Manuvie.
Après une contraction forcée par la COVID en 2020, les experts croient qu’un rebond de l’économie fera affluer des capitaux dans les marchés financiers, et dans ce segment en particulier. Parmi eux, Elmer Atagu, directeur, négociation des FNB de CIBC Marchés des capitaux, a rappelé certains facteurs qui amèneront de l’argent frais en 2021 dans les catégories d’actif aptes à générer plus de rendement (les « actifs risqués »).
Le 3 février 2021, lors du Virtual ETF Economic Forum organisé par BMO, M. Atagu a entre autres fait valoir le rebond attendu de l’activité économique au deuxième semestre de 2021, ainsi que la meilleure santé financière des ménages canadiens. « La valeur nette des ménages s’est appréciée alors que le prix des maisons a augmenté. Les ménages tirent aussi parti de l’environnement des bas taux d’intérêt hypothécaires pour refinancer leur maison », dit-il. Les Canadiens dégagent ainsi des liquidités qu’ils peuvent réinvestir.
M. Atagu croit en outre que l’environnement actuel invite à prendre plus de risques. « Le rendement des actions est à peu près cinq fois plus élevé que celui des obligations du Trésor, ce qui crée un environnement propice aux actifs risqués. C’est pourquoi nous aimons les actions, mais dans le segment des titres à revenu fixe, nous aimons aussi les titres de crédit triple B », a-t-il dit.
À mesure que l’activité économique reprendra, Elmer Atagu s’attend à ce que les prix des produits de base soient soutenus. « Ça se jouera dans cet espace triple B; c’est là que vous tirerez le plus de force », estime-t-il.