Une étude réalisée par Deloitte au Canada révèle que les entreprises qui offrent un programme de santé mentale depuis un an obtiennent ont obtenu un rendement annuel médian de 1,62 $ pour chaque dollar investi.

Le rendement augmente avec la durée, selon l’étude. « Dans le cas des entreprises ayant mis en place de tels programmes depuis au moins trois ans, le rendement du capital investi annuel médian passe à plus du double, soit 2,18 $ pour chaque dollar dépensé », y affirme Deloitte. La firme a analysé des données historiques sur les investissements effectués et les économies réalisées par sept grandes entreprises canadiennes.

Cout global d’au moins 56 G$

« Il est impératif, d’un point de vue tant économique que moral, que les employeurs canadiens reconnaissent que le cout des problèmes de santé mentale en milieu de travail au Canada est estimé à 50 milliards de dollars (G$) par année, et qu’ils agissent à cet égard », indique Anthony Viel, chef de la direction, Deloitte Canada.

En outre, l’étude évalue à 6 G$ les couts indirects qu’entraine la perte de productivité, et de 500 000 le nombre de travailleurs qui chaque semaine ne sont pas en mesure de travailler, en raison de cette cause.

Résultats concrets chez Bell

Selon l’étude, les problèmes de santé mentale sont à l’origine de 30 % à 40 % des cas d’invalidité de courte durée (ICD) et de 30 % des cas d’invalidité de longue durée (ILD) au Canada. Or, Bell a révélé avoir obtenu un rendement positif depuis sept ans avec son programme d’aide aux employés et leur famille. En 2018, son retour a atteint 4,10 $ pour chaque dollar investi.

Depuis 2010, le taux d’utilisation de son programme a augmenté de 190 %, et celui de rechute et de récidive d’invalidité de courte durée liée à la santé mentale a chuté de 50 %. Les demandes de prestations d’invalidité de courte durée liée à cette cause ont diminué de 20.

Des pistes pour y parvenir

Le rapport de Deloitte conclut entre autres que les programmes de bienêtre ont plus de chances d’avoir des retombées positives lorsqu’ils appuient les employés dans toutes les sphères de la santé mentale, de la promotion du bienêtre jusqu’aux soins prodigués à la suite d’une intervention.

Les employeurs pourraient aussi augmenter le rendement de leur investissement s’ils privilégient les domaines à plus forte incidence : formation des leadeurs ; mesures de prévention ; compris les soins psychologiques.

Enfin, ils gagneront à mesurer le rendement à partir de leurs données de référence, et s’en servir également pour faire le point sur les initiatives qu’ils ont prises. Deloitte recommande d’adopter des mécanismes de mesure du rendement, car ils aideront l’entreprise à atteindre ses objectifs d’incidence et le taux de participation.

Deloitte fait sa part

L’auteur de l’étude a mis la main à la pâte. « Nous avons fait un grand pas en avant cet automne en rehaussant les avantages sociaux consacrés à la santé mentale pour nos gens, élargissant l’éventail de fournisseurs de services psychologiques et faisant passer le montant des remboursements accordés annuellement de 300 $ à 4 000 $ par personne », a révélé le chef de la direction de Deloitte Canada.

Le cabinet dit poursuivre son processus de mise en œuvre de la Norme nationale du Canada en matière de santé et de sécurité psychologiques en milieu de travail. « Notre Cabinet met l’accent sur l’amélioration de nos programmes de bienêtre et de nos avantages sociaux en matière de santé mentale afin de mieux répondre aux besoins d’une main-d’œuvre agile, multigénérationnelle et à rendement élevé », a déclaré M. Viel.

Malgré l’existence de cette Norme depuis bientôt 10 ans, l’étude relève que seulement un tiers des employeurs canadiens ont une stratégie en santé mentale. La plupart d’entre eux ne mesurent pas le taux de rendement de leurs investissements.