Les fournisseurs de plateformes de robots-conseillers voient leur plateforme comme une continuité du virage technologique de l’industrie. Ce qui change vraiment, ce sont les attentes du consommateur, disent-ils.
Devant le Cercle finance du Québec, lors des échanges animés par Éric Lemieux, de M2S Capital, An Tran, directrice du Québec de Wealthsimple, a affirmé que sa plateforme est une évolution naturelle de l’industrie. « Les technologies que nous offrons ne sont pas révolutionnaires. Le rebalancement du portefeuille, ça se fait déjà de manière automatisée. Ce qui a changé, ce sont les attentes des consommateurs. »
Pour Michel Bernier, vice-président chez Pivot Transformation stratégique, la technologie offerte par le robot-conseiller n’est pas nouvelle. Il parle plutôt d’une « innovation de rupture » dans le modèle d’affaires, comme elle a été définie en 1997 par Clayton Christensen, de l’Université Harvard. Le robot-conseiller offre un produit moins sophistiqué que la concurrence, et il le rend accessible à un segment de la clientèle qui est mal desservi par les produits classiques, explique M. Bernier.
C’est exactement la stratégie qui a été adoptée par Netflix à ses débuts, en distribuant des films à moindre cout que celui demandé par les géants de la distribution. L’écart de prix affiché par le robot-conseiller, comparativement à la concurrence, est encore plus substantiel que dans le cas des films, souligne-t-il. Le gain pour le consommateur est immédiat et le système est d’une très grande transparence. Il est trop tôt pour prédire une croissance exponentielle, mais la rupture du modèle d’affaires est évidente.
Les institutions financières utilisent déjà le robot-conseiller pour promouvoir certains produits et offrir un canal supplémentaire de distribution, comme les fonds négociés en bourse (FNB), rappelle Michel Bernier. Les gestionnaires de fonds qui doivent supporter un important réseau de distribution sont certainement davantage menacés par l’arrivée des robots-conseillers, dit-il.
Les banques sont dans une phase critique, tentées à la fois par l’envie de protéger leur modèle d’affaires et le besoin de suivre les tendances du marché. On ne sait pas encore quel sera le degré d’adoption des investisseurs à l’offre des robots-conseillers, précise-t-il. D’autres institutions financières imiteront la Corporation Financière Power et investiront dans les « fintech », mais la plupart sont encore au mode « wait and see », note Michel Bernier.
Ce dernier a réalisé du travail de consultant dans l’industrie aéronautique, où l’on s’interrogeait aussi sur l’avenir de l’industrie. « Quel sera le cockpit de l’avenir ? Quelqu’un avait répondu en forme de boutade : il y aura un pilote et un chien. Le rôle du pilote sera de nourrir le chien, et le rôle du chien sera de s’assurer que le pilote ne touche à rien. Je ne dis pas cela pour être blessant pour les conseillers financiers », relate-t-il. Les robots peuvent aider les conseillers et les institutions financières y trouveront des avantages. Ce progrès permet de bien estimer la valeur du conseil, dit-il.
Une société qui ne s’ouvre pas à l’innovation se meurt tranquillement, ajoute Michel Bernier. Il doit y avoir des paramètres à respecter, mais l’innovation qui crée de la valeur pour le plus grand nombre doit être encouragée, conclut-il.