J’ai été profondément choqué de lire votre article sur les experts en sinistre paru dans votre édition de mars 2014.
Vos sources n’ont certainement pas compris que depuis toujours, le métier d’expert en sinistre peut être comparé à celui d’un chef d’orchestre. Le chef d’orchestre est celui qui mandate ses musiciens afin que chacun joue sa partition au meilleur de ses connaissances, afin qu’en émerge une symphonie cohérente et agréable à l’oreille. Avez-vous déjà vu un chef d’orchestre prendre le violon et en jouer en plein concert? Jamais.
Je mandate fréquemment des nettoyeurs après sinistre, des médecins spécialistes, des évaluateurs en bâtiment agréés, des ingénieurs, des techniciens en informatique et en systèmes de son, des spécialistes des meubles neufs et usagés, des consultants en toiture, des évaluateurs automobiles, des spécialistes en égouts résidentiels, des comptables agréés, des avocats, des plombiers, des électriciens, des entrepreneurs en construction, des spécialistes en thermopompes, des bijoutiers, et j’en passe. Et je n’ai pas encore parlé des experts en sinistre ultra spécialisés dans les domaines de l’aéronautique et de l’aérospatial, des navires-cargo et paquebots, des œuvres d’art inestimables, etc.
Où il existe un bien assurable, il existe un expert en sinistre.
L’obligation de déterminer la cause, comme le mentionne une de vos sources, appartient effectivement à l’expert en sinistre. Cela est codifié par la Chambre de l’assurance de dommages.
Toutefois, il ne faudrait pas tomber dans l’autre extrême et croire que je ne demande jamais à l’évaluateur en bâtiment de trouver la cause. Bien qu’on puisse jouer sur les mots, le fait est que je demande presque toujours aux évaluateurs en bâtiment de me donner leur avis sur la cause la plus probable du sinistre.
Il est toutefois vrai que la décision finale revient à l’expert en sinistre, car nous avons des renseignements privilégiés provenant des déclarations écrites ou verbales des assurés ou d’autres intervenants, ou encore des éléments d’enquêtes divers, qui nous donnent un certain avantage à décider de la véritable cause du sinistre.
Je suis persuadé que les propos tenus par vos sources ne représentent pas la pensée de la majorité des nettoyeurs après sinistre, du moins pas ceux avec lesquels je fais affaire sur une base hebdomadaire, voire quotidienne. Je ne dis pas, par ailleurs, qu’il n’y a pas d’experts en sinistre négligents ou même, agissants au-delà de leurs compétences.
Il est vrai qu’un réel problème de surcharge de travail existe chez plusieurs assureurs, mais cela doit être jugé et traité par les assureurs eux-mêmes, les experts en sinistre à leur emploi, et la Chambre.
À tous mes amis nettoyeurs après sinistre, je vous en supplie, ne partons pas une guerre de mots qui ne ferait que diviser les intervenants de l’industrie de l’assurance. Tout comme dans un orchestre symphonique, le premier violon est toujours meilleur que le chef d’orchestre. Toutefois, si la symphonie sonne faux, c’est le chef d’orchestre qui en sera le premier responsable, et non son musicien. Si les deux ne travaillent pas en équipe, nous aurons la cacophonie, plutôt que du André Mathieu.
Martin Courval
FPAA, Expert en sinistre, Expertises Courval
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