La saine gestion des assureurs vie canadiens a permis à l’industrie de conserver une bonne solidité financière. Ces derniers ne devraient pas subir de pertes financières majeures au cours des douze prochains mois, malgré les défis que pose la conjoncture économique mondiale.C’est ce que révèle le plus récent rapport de Standard & Poor’s, publié en juin 2008. L’agence de notation indique que, dans l’ensemble, les assureurs vie ont géré efficacement leurs entreprises en 2007. Les placements conservateurs, les saines pratiques d’appariement actif-passif, les fortes réserves ainsi que la solide gestion du risque ont aidé les assureurs à surmonter les derniers tourments économiques.

Toutefois, l’agence note que les conditions macroéconomiques actuelles donnent du fil à retordre à l’industrie de l’assurance de personnes. La force du dollar canadien abaisse les revenus des compagnies qui font affaires à l’international. Néanmoins, une bonne couverture du risque de devises de la part des assureurs a permis de limiter les effets négatifs du huard sur leur santé financière, selon Standard & Poor’s. À ce jour, les opérations de change n’ont pas eu de conséquences sur les cotes de crédit du secteur canadien de l’assurance vie.

D’autre part, la crise du crédit continue de réduire le capital de plusieurs sociétés à l’échelle de la planète. L’agence de notation constate que les assureurs vie canadiens ne sont que faiblement exposés au papier commercial adossé à des actifs. Ils ont ainsi pu esquiver le tumulte financier qu’a engendré l’effondrement du secteur des subprimes aux États-Unis.

Par ailleurs, l’économie canadienne devrait éviter de justesse une récession, selon le rapport. Les prix élevés du pétrole et la force du huard ont abaissé la compétitivité de certains secteurs comme l’industrie manufacturière. Néanmoins, la perspective globale devrait demeurer stable grâce, entre autres, à la vigueur des secteurs de l’énergie et des ressources.

Marché concentré

Comme l’an dernier, Standard & Poor’s indique que le marché de l’assurance vie reste très concentré. Les trois plus grandes compagnies – Financière Manuvie, Financière Sun Life et Great-West – contrôlent plus de 65 % du marché canadien. Les acquisitions à l’étranger devraient aussi se poursuivre puisque la vigueur du dollar canadien offre un plus grand pouvoir d’achat vis-à-vis les autres devises.

La firme de notation souligne que la concurrence demeure vive malgré la concentration du marché canadien. Même si seulement trois compagnies dominent largement le secteur de l’assurance vie, les autres joueurs font preuve d’une « surprenante résistance ». Pour ces derniers, les ventes ont augmenté grâce, entre autres, à un excellent service à la clientèle et un accent sur le développement de produits novateurs.

À long terme, l’agence de notation souligne que le secteur vie canadien bénéficiera d’une lente, mais constante progression des taux d’intérêt. Les produits de retraite et de gestion de patrimoine seront alors plus intéressants pour les consommateurs. De plus, le vieillissement de la population laisse présager que la croissance de ces produits sera plus forte que celle des produits d’assurance traditionnels.

Selon le rapport, plusieurs facteurs expliquent la croissance de la gestion de patrimoine. D’abord, le bon rendement des marchés boursiers, qui a aussi alimenté les ventes des fonds distincts. Puis, la création de nouveaux produits pour satisfaire les besoins des nombreux baby-boomers à la veille de leur retraite. Le rapport cite en exemple Manuvie qui a connu rapidement du succès grâce à son produit à garantie de retrait minimum, qui été repris par d’autres compagnies.

Du côté d’A.M. Best, le bulletin relatif aux perspectives de l’industrie de l’assurance de personnes ne sera rendu public qu’au mois de septembre. Au moment de mettre sous presse, les cotes les plus récentes étaient celles du 12 mai 2008.