Des agences de notation lui ont récemment reproché de concentrer ses activités dans des produits à risque. L’Industrielle Alliance garde la tête haute. Un rebond des taux d’intérêt et le développement de produits ajustables pourraient lui permettre d’atteindre des cibles relevées pour 2015.

L’environnement macroéconomique pèse lourd sur les épaules des assureurs, a reconnu le PDG de l’Industrielle Alliance, Yvon Charest, lors du CIBC 11th Annual Eastern Institutional Investor Conference organisé à Montréal, le 20 septembre dernier. L’industrie se transforme et le régulateur rehausse les exigences de capital réglementaire, a-t-il ajouté en cette occasion.

Les exigences du régulateur se sont en effet accrues. Pour l’Industrielle Alliance, elles forcent à prendre 46 % plus de capital réglementaire qu’au premier trimestre de 2010, a dit M. Charest. Il s’agit du capital en vertu de ses activités d’assurance individuelle, lesquelles approchent maintenant la barre des deux milliards de dollars (G$).

Malgré tout, l’Industrielle Alliance performe bien. Au 30 juin 2012, l’assureur établi à Québec avait déjà engrangé près de 3,7 G$ en primes et dépôts, soit plus de la moitié de ses résultats de 2011 en entier. Ses actifs sous gestion et sous administration croissent constamment. Ils ont atteint plus de 77 G$ à la mi-année. L’assureur livre régulièrement des bénéfices, même si ceux du deuxième trimestre de 2012 ont fléchi légèrement par rapport au deuxième trimestre de 2011.

De plus, la valeur au livre de l’assureur a cru constamment depuis le deuxième trimestre de 2004. Après un léger repli à la fin de 2011, elle s’est établi à 26,28 $ l’action au 30 juin 2012, soit une croissance de 81 % depuis le deuxième trimestre de 2004, a dit M. Charest.

Taux d’intérêt

L’Industrielle Alliance a des cibles. Faire croitre de plus de 12 % son bénéfice par action d’ici 2015. Faire croitre sa valeur au livre de 8 % durant cette période. Livrer en 2015 un rendement sur l’avoir qui excède de 1,5 % la fourchette de 9 % à 11 % ciblé pour 2012.

Mais l’assureur fait aussi face à des vents contraires de nature à freiner son enthousiasme. Il s’attend à devoir réduire son taux de réinvestissement ultime de 3,40 % à 3,20 % en 2012, en raison de la persistance à la baisse des taux d’intérêts. Le taux de réinvestissement ultime est une hypothèse qu’utilise l’assureur dans le calcul de ses provisions mathématiques pour les flux financiers dont l’échéance se situe au-delà d’une période de 20 ans.

L’impact de ce rajustement devrait être compensé en 2012 par de meilleurs rendements et la gestion actif-passif, dit M. Charest. Les résultats de l’Industrielle Alliance pourraient toutefois être affectés en moyenne de $120 millions de dollars (M$) par an d’ici 2015, prévoit-il.

Or, si les taux d’intérêt devaient rebondir, M. Charest dit croire que sa compagnie serait bien placée pour en tirer partie. Après avoir touché le fonds du baril au 4e trimestre de 2011, les taux à long terme se sont légèrement redressés. Ils affichaient 3,6 % au 30 juin 2012.

M. Charest s’attend à des vents favorables en 2013. L’industrie fera selon lui preuve de discipline en tarification. Le marché assistera aussi au développement de produits à primes ajustables. Ces produits seront moins sensibles aux taux d’intérêt car ils prévoient un partage du risque de taux d’intérêt entre l’assureur et ses assurés.

Pour l’heure, l’Industrielle Alliance a appliqué deux hausses de prix pour mitiger son drain. Elle veut le ramener de 44 % à 25 % de ses ventes d’ici la fin de l’année. Le drain correspond aux charges qu’entraîne l’établissement des nouveaux contrats.

L’assureur a aussi écarté son produit de fonds distinct à garantie de retrait à vie. Dans un tel environnement économique, ce produit gruge trop de capital pour une rentabilité médiocre, dit M. Charest. Il estime aussi s’être délesté en vendant ses affaires de rentes aux États-Unis au mois d’aout.

L’Industrielle Alliance a aussi rééquilibré son portefeuille de produits. Moins gourmands en capital, les produits garantis à plus court terme occupent désormais une plus grande place dans les affaires de la compagnie. Parmi ces produits qu’elle qualifie de non traditionnels figurent l’assurance de dommages, créditeur, la garantie de remplacement ainsi que les fonds communs, et plus dernièrement, l’acquisition d’assurance vie et de rentes aux États-Unis sous le nom de IA American. Dans l’ensemble ils comptent maintenant pour 52 % des bénéfices d’exploitation avant impôt de l’assureur, alors qu’ils n’en comptaient que pour 24 % au début de 2010.

Le PDG de l’Industrielle Alliance estime également afficher un ratio de capital sain, à 208 % au 2e trimestre, quelque peu en haut de sa cible de 200 %. Le Bureau du surintendant des institutions financières a pour sa part fixé le seuil à 150 %.