L’Indice de mieux-être financier de l’été 2022 révèle que 29 % des Canadiens s’inquiètent de leur capacité à assumer leurs frais de subsistance. Si 47 % ne s’inquiètent pas de leur capacité à le faire, les moins de 40 ans sont plus inquiets que la moyenne. Ils sont 75 % plus susceptibles que les plus de 50 ans de s’inquiéter de leur capacité à assumer leurs frais de subsistance. 

Récemment publié par Lifeworks, qui fait partie de TELUS Santé, l’Indice a fléchi à 64 par rapport à son niveau de 65,2 enregistré à l’hiver 2022. L’enquête de Lifeworks s’appuie sur un sondage réalisé du 7 au 13 juillet 2022, auprès de 3 000 Canadiens. Elle révèle que le mieux-être financier des Canadiens est à son niveau le plus bas depuis le lancement de l’indice en janvier 2021. Il n’a cessé de diminuer depuis le point culminant de la pandémie, à l’été 2021. 

Le Québec est la seule province dont le score de mieux-être financier s’est amélioré (68,4), révèle le rapport de l’Indice de mieux-être financier de l’été 2022. Ce score a baissé de cinq points par rapport à l’hiver 2022 en Saskatchewan, tandis que Terre-Neuve-et-Labrador obtient le plus bas score soit 60,6. Il s’agit d’une baisse de près de quatre points par rapport à la période précédente. 

La proportion de Canadiens faisant état d’une détérioration de leur situation financière a augmenté de 5 % par rapport à l’Indice de l’hiver 2022. La proportion de ceux qui rapportent des préoccupations financières a augmenté de 6 % pour cent par rapport à l’hiver 2022.

Femmes et plus jeunes écopent  

Le rapport de l’Indice de mieux-être financier de l’été 2022 révèle que tous les scores secondaires financiers ont diminué, par rapport à l’Indice de l’hiver 2022. Reflétée dans le score relatif à la perception de la situation financière, la perception que les employés ont de leur mieux-être a affiché le plus fort déclin, passant de 58,7 à l’hiver 2022 à 56,7 à l’été 2022. 

Le rapport révèle aussi que les femmes, les personnes de moins de 40 ans, les parents et les ménages dont le revenu annuel est inférieur à 60 000 $ affichent des scores inférieurs pour tous les aspects du mieux-être financier.

De plus, les femmes obtiennent un score relatif à la perception de la situation financière beaucoup plus bas que celui des hommes, soit 53,6 comparativement à 59,8. Les scores s’améliorent avec l’âge, note le rapport. Un écart important sépare les jeunes des plus vieux en matière de perception de la situation financière. Alors que les 20 à 29 ans affichent un score de 44,4, celui des participants de 70 à 79 ans s’établit à 70,7.

L’inflation coupable 

L’inflation pesait déjà sur les résultats de l’indice de l’automne 2021. Les Canadiens qui ont participé au sondage de l’indice de l’été 2022 mentionnent désormais que l’épicerie, l’essence et le logement sont les postes de dépenses qui ont subi la plus forte hausse en raison de l’inflation. « Le dernier trimestre a été plombé par des préoccupations financières croissantes attribuables à la hausse importante de l’inflation, des taux d’intérêt et du coût de la vie en général », observe Idan Shlesinger, président, solutions retraite et financières, et vice-président exécutif de LifeWorks. 

C’est à l’épicerie que l’inflation se fait surtout sentir, disent 50 % des participants au sondage. Ils sont 35 % à dire que l’inflation a eu le plus d’impact sur le coût de l’essence, alors que 7 % estiment que l’inflation a surtout touché le logement, et 5 % le remboursement de leurs dettes. 

Le sondage réalisé en juillet 2022 a par exemple demandé aux propriétaires d’une maison s’ils s’inquiéteraient de leur capacité à honorer leurs versements hypothécaires si la Banque du Canada porte son taux directeur au-dessus de 3,00 %. Ils ont dit oui à 23 %, et 17 % ont répondu qu’ils douteraient de leur capacité à payer leur hypothèque. Le rapport signale que les deux groupes affichent un score de mieux-être financier nettement inférieur à la moyenne nationale de 64,0. Or, la Banque du Canada a porté son taux directeur à 3,25 % en septembre 2022. 

Les propriétaires sont 33 % à ne pas avoir de prêt hypothécaire sur leur maison. Ce groupe affiche le score de mieux-être financier le plus favorable, soit 78,2. Ce score est supérieur de 14 points à la moyenne nationale de 64,0. 

Employeurs à la rescousse 

Paula Allen

Directrice mondiale et première vice-présidente, recherche et mieux-être global de LifeWorks, Paula Allen invite les entreprises à passer aux actes. « Étant donné que le mieux-être financier des Canadiens est à son niveau le plus bas en 18 mois, il faut se rappeler que les gestes sont plus éloquents que les paroles quand il est question de soutien », lance-t-elle. Mme Allen considère qu’investir dans l’éducation financière et donner accès à des programmes et à des services financiers sont les premiers pas à franchir par les employeurs.  

« Le mieux-être financier contribue de façon considérable au mieux-être global, en plus d’avoir une incidence sur la productivité au travail », ajoute Paula Allen. Elle croit que les organisations qui font du mieux-être une priorité auront une longueur d’avance sur leurs concurrents au cours des mois et des années à venir. 

Il semble que la taille de l’entreprise joue un rôle important dans la façon dont les employés perçoivent leur situation financière. Ceux qui travaillent pour des organisations comptant de 1 001 à 5 000 employés obtiennent le score relatif à la perception de la situation financière le plus favorable, soit 59,7. Par ailleurs, les gestionnaires obtiennent un score relatif à la perception de la situation financière inférieur à celui des non-gestionnaires, soit 56,2 comparativement à 56,9. 

Conseiller essentiel 

Sur le plan individuel, les Canadiens ne savent pas où aller chercher de l’aide. Selon le rapport de l’Indice de santé et mieux-être de l’été 2022, 47 % des Canadiens ne savent pas comment choisir un conseiller pour planifier leurs finances ou ne sont pas sûrs de la façon de procéder. Ces groupes obtiennent des scores de mieux-être financier nettement inférieurs à la moyenne nationale, peut-on lire.

Un conseiller financier peut examiner votre situation personnelle et la faire correspondre avec un large éventail d’options d’épargne. – Paula Allen 

En réponse à ces incertitudes, Paula Allen a signalé au Portail de l’assurance l’importance du rôle de conseiller pour aider à composer avec l’inflation. « Un conseiller financier peut examiner votre situation personnelle et la faire correspondre avec un large éventail d’options d’épargne », a-t-elle dit. Mme Allen ajoute que le conseiller peut aider son client à décider quand rembourser les dettes, et comment faire fructifier ses liquidités.

La directrice mondiale et première vice-présidente, recherche et mieux-être global de LifeWorks croit aussi que les conseillers peuvent instiller plus de discipline financière dans les habitudes de leurs clients. « Ils peuvent aider à la planification à court et à long terme et se montrent plus critiques en période de difficultés financières », dit-elle. 

La stigmatisation demeure 

L’Indice de mieux-être financier de l’automne 2021 avait révélé que près d’un quart des Canadiens disent que la gêne les empêcherait de demander des conseils financiers. M. Shlesinger avait ajouté que la stigmatisation financière est un enjeu de taille pour les Canadiens en emploi. Il avait alors déclaré que de nombreux Canadiens auraient avantage à consulter un conseiller à propos de leur situation financière. M.Shlesinger avait toutefois déploré que plusieurs expriment leur hésitation, « ce qui entraîne une autostigmatisation qui se répercute sur leur santé mentale et leur mieux-être global ». 

Mme Allen dit aujourd’hui au Portail de l’assurance que la stigmatisation demeure bien présente. « La stigmatisation existe depuis longtemps et il n’y a vraiment pas grand-chose dans la société pour y faire face. Nous serions surpris qu’il y ait eu un changement depuis l’été 2022 », observe-t-elle. 

La connaissance est selon elle la clé pour réduire la stigmatisation. Paula Allen a ainsi rappelé que les gens qui demandent des conseils financiers réussissent trois fois mieux que leurs pairs avec le même montant d’argent. « Il n’y a pas de honte à éprouver des difficultés de temps en temps. C’est courant et tout comme lorsque vous éprouvez des difficultés avec votre santé ou votre maison ou votre véhicule, une aide professionnelle peut être nécessaire », conclut-elle.