L’Institut d’assurance de dommages du Québec a observé une baisse des inscriptions à son programme menant à la désignation de professionnel d’assurance agréé (PAA), au cours des trois dernières années. Pour pallier le problème, divers moyens ont été mis en place pour faire connaitre l’Institut aux professionnels des générations X et Y, eux qui connaissent moins l’organisme que leurs prédécesseurs.En entrevue au Journal de l’assurance, François Houle, directeur général de l’Institut, entré en poste il y a un peu plus d’un an, dit avoir pris le bâton de pèlerin pour faire connaitre son organisme. Il a aussi fait la promotion des services de formation continue qu’offre l’Institut.

La prochaine année sera consacrée à rencontrer des dirigeants d’assureurs, de cabinets de courtage et d’expertise en règlement de sinistres, en plus d’étudiants dans les cégeps. Vingt-cinq entreprises ont déjà été visitées.

M. Houle dit que la baisse d’inscriptions observée pour le programme de PAA n’est pas dramatique. « Il faut toutefois l’arrêter », dit-il. Il ajoute que l’Institut devrait voir à moyen terme les effets de la promotion amorcée ces derniers mois.

Divers moyens ont ainsi été employés pour freiner cette baisse des inscriptions. Plus de cours du soir seront offerts, tant en anglais qu’en français.

De nouveaux centres de cours ont été ouverts à Sherbrooke, Drummondville, Saguenay et Vaudreuil. « Il reste à voir si les inscriptions suivront. Si les quatre sessions démarrent comme prévu, ça nous aidera », dit M. Houle.

Ce dernier dit toutefois déjà en voir les résultats. En date du 30 aout, la hausse des inscriptions était de 11 % par rapport à l’an dernier. M. Houle dit s’attendre à une augmentation de 12 % à 13 % au total.

Les assureurs ont aussi été mis à contribution. Plusieurs compagnies ont ainsi signifié leur intérêt à l’Institut, pour que leurs employés obtiennent la désignation PAA. « Ils nous disent qu’ils aimeraient qu’on donne les cours de PAA dans leurs locaux et nous offrent de s’occuper de l’inscription », dit M. Houle. La formule obtient déjà du succès, puisque 8 des 24 cours destinés aux PAA sont donnés en entreprise, pour le personnel des assureurs.

Le directeur général de l’Institut a aussi amorcé une tournée des cégeps offrant des attestations d’études collégiales (AEC). « J’explique aux cégépiens que leur formation ne fait que commencer. Tout au long de leur carrière en assurance, ils devront se perfectionner. Les connaissances qu’ils acquerront feront en sorte qu’ils se démarqueront dans l’industrie. Je veux qu’ils voient l’Institut comme un accompagnateur dans leur carrière », dit-il.

Le message de M. Houle obtient un relatif succès. Il donne en exemple des étudiants du Cégep de Sainte-Foy. Sur 13 étudiants, trois lui ont signifié qu’ils voulaient s’inscrire sur le champ, et ce, même si on leur recommande de prendre une pause d’un an dans leurs études, en entrant dans la profession.

M. Houle dit avoir confiance que la promotion faite auprès des dirigeants de l’industrie va rehausser le nombre d’inscriptions. Il dit que ce travail est d’autant plus nécessaire, compte tenu du changement démographique que vit l’industrie.

« Il y a eu un gros bassin d’arrivants dans l’industrie pour pallier le problème de relève. L’AEC a été une autoroute pour amener les gens rapidement dans l’industrie. Les gens qui l’ont suivie sont souvent des jeunes ou des gens en réorientation de carrière. Dès qu’ils ont leur permis, ils ont l’impression d’avoir fait le tour du jardin. D’où l’importance de nous faire connaitre », dit-il.

Le changement démographique amène aussi des changements chez les dirigeants, alors que les babyboumeurs cèdent peu à peu leur place. « Ils étaient nos ambassadeurs. Il faut donc aller en chercher de nouveaux. Aujourd’hui, si un gestionnaire n’a pas sa désignation PAA ou FPAA, il en voit moins la valeur. Il faut donc lui faire comprendre en quoi c’est important pour son organisation et ses employés », dit M. Houle.

Succès de la formation continue

L’Institut étend aussi l’offre de ses formations continues en sessions publiques. Dès octobre, des sessions auront lieu à Sherbrooke, s’ajoutant aux formations offertes à Montréal et Québec.

L’offre de formation continue en entreprise prend toutefois de plus en plus de place. M. Houle note d’ailleurs que ce service devient « dangereusement populaire », les formateurs de l’Institut se déplaçant désormais en moyenne deux fois par semaine en entreprise, sauf durant la période creuse de l’été. Au cours de la dernière année, l’Institut a formé 2 000 personnes en entreprise, contre 800 lors de ses sessions publiques.

Le contenu de l’offre en entreprise est aussi ajusté à cette dernière. « Le cours sur les pertes d’exploitation pour un courtier sera différent de celui donné aux experts en sinistre. 50 % à 60 % du contenu sera semblable, mais le reste sera adapté », dit M. Houle.

L’Institut compte d’ailleurs adapter son offre en entreprise, suite aux constats établis par la Chambre de l’assurance de dommages, dans son analyse sur les besoins de formation. Un des principaux constats de la Chambre est que la formation est la même pour celui qui entre dans la carrière que pour celui qui a 25 ans d’expérience. Un autre souhait de la Chambre est de faire en sorte qu’un professionnel ne puisse pas suivre le même cours s’il l’a déjà suivi au préalable.

« C’est de la musique à mes oreilles d’entendre cela. Les gens nous reprochaient d’ailleurs de toujours présenter la même chose. L’Institut doit se renouveler et innover. Actuellement, l’offre de formation répond au gros du besoin. Il n’y a toutefois rien pour le professionnel qui cherche à acquérir des connaissances plus avancées. On veut combler ce besoin. C’est pourquoi, depuis un an et demi, nous travaillons à apporter des modifications à notre menu de cours en entreprise », dit M. Houle.

À titre d’exemple, il cite à nouveau le cas du cours sur la perte d’exploitation. « Pour répondre aux besoins des gens cherchant des connaissances plus étoffées, nous avons ajouté des volets à ce cours. Le premier volet présente la base. Dans le deuxième, on fait un rapide récapitulatif des notions de base, mais on y présente cinq sujets plus avancés, avec des cas pratiques. Dans un an, nous présenterons un troisième volet axé sur le règlement de sinistres, qui sera la continuité du second volet, et viendra boucler la boucle. On l’adaptera aussi pour que les courtiers puissent le suivre », dit M. Houle.