Malgré une réduction de l’usage du tabac, environ 10% des 35 ans et plus et près de 25% des 75 ans et plus au Québec présentent un diagnostic de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC), selon des données de l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS). Bien qu’elle ne soit pas aussi connue que le cancer et l’infarctus, cette maladie progressive et irréversible forme la quatrième cause de décès au Canada et la première cause d’hospitalisation au Québec. On peut la traiter, mais pas en guérir.
Une donnée comparative témoigne de ses effets : au Québec en 2021, 18% des personnes vivant avec une MPOC ont été hospitalisées, dont 6% l’ont été à deux reprises ou plus, comparativement à 5% des personnes de 35 ans ou plus sans diagnostic de la maladie.
Selon une étude récente de l’Institut, le vieillissement de la population entraîne une hausse de 10 000 cas par année dans la province.
Bronchite chronique et emphysème
La maladie pulmonaire obstructive chronique regroupe deux problématiques importantes invalidantes, la bronchite chronique et l’emphysème. La première est une inflammation permanente des bronches qui rendent difficile le passage de l’air aux poumons. La deuxième est une maladie insidieuse à évolution lente et progressive où le tissu pulmonaire se détruit et perd son élasticité.
Ces deux maladies se développent lentement et entraînent une obstruction progressive du passage de l’air dans les voies respiratoires, réduisant la capacité à respirer normalement. Une personne atteinte de MPOC peut avoir une ou ces deux maladies, indique l’Association pulmonaire du Québec.
Facteurs de risque
La cause principale de la MPOC est l’usage de la cigarette, passé ou actuel, mais elle n’est pas la seule. La consommation par inhalation régulière actuelle ou passée de cannabis, cigarillos et chicha, la pollution de l’air (poussière ou produits chimiques), la fumée secondaire de tabac, un asthme sévère de longue date, un antécédent familial de MPOC, une anomalie pulmonaire, les infections pulmonaires répétées durant l’enfance, la malnutrition, l’obésité ainsi que le statut socioéconomique inférieur sont différents facteurs de risque associés à cette maladie.
Le symptôme le plus fréquent et le plus débilitant de la MPOC est la difficulté à respirer. De plus, elle peut provoquer une toux chronique, de l’essoufflement, la production de sécrétions, des infections respiratoires plus fréquentes marquées par des temps de rétablissement plus long, une respiration sifflante et une capacité réduite à s’adonner aux activités de la vie quotidienne, dont le travail.
L’INESSS avait déjà publié des travaux relatifs à la MPOC en 2022, mais en raison de l’évolution rapide des connaissances, elle a jugé nécessaire d’effectuer une mise à jour qui a été diffusée à l’automne 2025.
Prévalence et augmentation des cas
L’Association pulmonaire du Canada affirme que 2 millions de Canadiens vivent avec la maladie et estime qu’un million d’autres en sont atteints sans le savoir.
C’est au Québec et dans les provinces de l’Atlantique que le taux de mortalité attribuée à la MPOC est le plus élevé au pays, précise de son côté l’Association pulmonaire du Québec.
« La prévalence de la maladie varie également selon les régions sociosanitaires, indique quant à elle l’INESSS dans sa mise à jour de septembre 2025. Dans certaines régions comme Laval, Montréal et l’Outaouais, la prévalence est de 8 %, alors qu’elle atteint 14 % au Saguenay–Lac-Saint-Jean et en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. »
Diagnostic et traitement
Le diagnostic de la MPOC repose sur la suspicion clinique et la spirométrie, un test respiratoire.
Il faut patienter six mois en moyenne pour passer ce test, soulève d’ailleurs l’INESSS qui souligne l'enjeu d’accès à ce test qualifié de « moyen le plus fiable de diagnostiquer la maladie ».
Le traitement pharmaceutique s’appuie sur les bronchodilatateurs à longue durée d’action. Depuis 2022, la démarche thérapeutique a évolué. Elle est maintenant plus agressive : le recours à la bithérapie et à la trithérapie est plus précoce.
« Or, il y a encore de nombreux sous-diagnostics, ou des diagnostics erronés, qui conduisent des personnes atteintes de la MPOC à ne pas recevoir de traitement ou à recevoir un traitement inapproprié », signalent les experts de l'INESSS.
« Tant les interventions pharmacologiques que non pharmacologiques sont indispensables », affirme aussi l’Institut. La cessation tabagique est considérée comme l’intervention la plus importante pour prévenir l’aggravation de la MPOC, réduire les symptômes et la fréquence des exacerbations.
Par ailleurs, il n’existe actuellement pas assez de données sur l’efficacité ou l’innocuité du vapotage pour appuyer l’utilisation de cigarettes électroniques comme outil pour arrêter de fumer.
Au niveau pharmacologique, le choix du bon dispositif d’inhalation, selon la condition de la personne et ses préférences, est fondamental pour l’efficacité du traitement. N'empêche, plus des deux tiers des patients atteints de la MPOC commettent au moins une erreur lors de leur utilisation. Une mauvaise technique peut entraîner un risque accru d’exacerbation aiguë, d’hospitalisation, d’augmentation des coûts médicaux et de décès.
La prise en charge globale de la MPOC, recommandent les pneumologues, devrait encourager, entre autres, l’arrêt du tabac, la vaccination, l’abandon ou la limitation de l’exposition aux irritants, l’adoption de saines habitudes de vie (alimentation équilibrée, activité physique régulière, consommation d’alcool limitée). « Certains cliniciens consultés ont particulièrement mentionné l’importance du maintien d’une vie active », précise l’INESSS.
Des cliniciens disent également aux personnes atteintes qu’il est préférable d’éviter les milieux avec de la fumée. « Désormais, en raison des changements climatiques, elles sont aussi encouragées à éviter les températures extrêmes et la pollution extérieure, comme celle associée aux incendies de forêt. »