Manuvie a convié lors d’une conférence destinée à ses employés la psychiatre de l’enfant et de l’adolescent Dre Johanne Renaud. Cette dernière a réitéré l’importance du rôle d’accompagnateur du parent dans la prévention de la dépression et le suicide chez les jeunes.

La moitié des adultes qui vivent avec la dépression ont vécu un premier épisode de la maladie avant l’âge de 20 ans, rapporte la psychiatre Dre Renaud, également chercheure au Centre Manuvie pour les avancées en prévention de la dépression et du suicide chez les jeunes. Si un parent souffre de dépression majeure, les risques pour l’enfant de souffrir de dépression augmentent de 3 à 5 fois.

Signes avant-coureurs

Lors de l’évaluation du patient, les parents ont une grande importance, rapporte Dre Renaud. « On encourage les deux parents à venir lors de la première rencontre avec le psychiatre ou le psychologue. Plus que jamais, il est important de travailler tous ensemble. » Elle ajoute que l’historique familial en termes de santé est aussi un élément clé lors du diagnostic. Les parents peuvent également témoigner du changement de comportement chez le jeune.

Ces changements de comportement comprennent entre autres une tristesse inhabituelle chez le jeune, une perte d’intérêt pour des activités habituellement plaisante, un changement marqué dans l’appétit ou les habitudes de sommeil, une perte d’énergie ou encore des changements dans le fonctionnement social ou académique.

Dre Renaud met toutefois en garde les parents d’apporter une nuance aux changements de comportements des jeunes. « Il ne faut pas oublier que l’adolescence est une période souvent mouvementée. Si votre jeune présente ces symptômes à la suite d’un évènement majeur comme un deuil, une rupture, un changement d’école, il ne faut pas nécessairement sauter aux conclusions. Mais si votre jeune ne mange plus et pleure depuis deux semaines sans arrêt, alors là il y a des questions à se poser », dit-elle. La pédopsychiatre ajoute l’importance de la communication entre les parents et les jeunes dans la prise de décision de consulter ou non.

La dépression chez les adolescents

Environ 8,3 % des adolescents souffrent de dépression, selon Dre Renaud. Les symptômes d’un adolescent dépressif et d’un adulte dépressif sont assez similaires à quelques différences près. « Les adolescents démontrent souvent plus d’irritabilité que les adultes. La réactivité à l’environnement social est aussi grandement augmentée. Finalement, chez les adultes qui souffrent de dépression, on remarque une diminution du sommeil. Chez les adolescents c’est le contraire, ils ont tendance à dormir davantage », dit la psychiatre.

Prévention du suicide

Le suicide est la deuxième cause de décès chez les adolescents après les accidents automobiles, rapporte Dre Renaud. Selon les études présentées par la psychiatre, 35 % des adolescents qui souffrent de dépression posent un geste suicidaire. Les garçons sont plus à risque de réellement passer à l’acte que les filles.

Dre Renaud se voit toutefois rassurante en dévoilant que le taux de suicide est en baisse au Québec depuis 1999. Au début des années 90, la province du Québec présentait les taux de suicide les plus élevés au Canada. Elle attribue la diminution de ces chiffres à la prévention et à la sensibilisation. « Nos recherches ont énormément avancé. Au Canada et au Québec, nous avons fait beaucoup de prévention et nous avons pris la dépression chez les jeunes au sérieux. Il y a 20-25 ans, on disait que la dépression chez les adolescents était seulement une phase », précise-t-elle.

Ressources en ligne

Dre Renaud encourage fortement les parents et les jeunes à se renseigner sur les nombreuses plateformes en ligne qui existent. Elle a participé à la mise en place du site Web du Centre Douglas Manuvie, financé par Manuvie. On y retrouve de nombreuses informations sur la dépression chez les jeunes.

La plateforme est un outil informatif qui fait la distinction entre les adolescents et les parents. « Il y a la section “ado” qui s’adresse directement aux jeunes et elle est séparée de la section “coin des parents”. La section ado comporte par exemple un article qui donne un exemple des questions qu’un psychiatre pourrait leur poser en consultation. Le jeune sait alors à quoi s’attendre et se voit rassurer », dit Dre Renaud.