Ayant atteint la barre des 100 000 véhicules marqués au Québec, Marquage Antivol Sherlock recherche comment bonifier son produit. La firme de marquage n’a toutefois pas trouvé une solution qui tienne la route.
Sa directrice générale, Anne-Marie Jodoin, met ainsi l’industrie en garde contre les nouveautés qui peuvent sembler attirantes, mais qui n’assurent pas la protection ni l’intégrité du véhicule du consommateur. En entrevue au Journal de l’assurance, elle a relaté que Sherlock a failli tomber dans ce piège. Il y a deux ans, l’entreprise cherchait à trouver une façon d’améliorer son marquage. La firme a ainsi voulu adopter la technologie RFID, qui allie marquage et repérage.

« Nous avons été attirés par l’élément techno qu’on aurait pu ajouter à notre produit original. Le problème, c’est que le transpondeur inclus dans cette technologie se grille facilement, ce qui le rend inopérant. En plus, il était appliqué sur des autocollants. La réticence des policiers que nous avons consultés était forte. Ils nous ont fait comprendre que pas un policier ou douanier n’accepterait de garder avec lui le lecteur nécessaire à la détection des transpondeurs. Nous en sommes venus à la conclusion que ça n’aurait pas ajouté de valeur », dit-elle.

C’est pourquoi Mme Jodoin affirme qu’il faut revenir à la base en matière d’antivol. « Il faut voir si un produit tient la route. Est-il sécuritaire? Chez Sherlock, on peut comparer notre marquage à du Coke classique. On a néanmoins cherché de façon sérieuse quelque chose pour complémenter notre produit. On n’en a pas trouvé un encore ». Autre difficulté : l’innovation en matière d’antivol automobile doit évoluer plus vite que les voleurs. « Le secteur automobile est ainsi plus lent à se développer que d’autres. Il faut qu’une technologie soit déployée rapidement pour être rentable ».

Mme Jodoin note toutefois qu’elle a vu peu de concurrents émerger dans le marquage, au cours des deux à trois dernières années. Elle en a vu davantage disparaitre. « Nous sommes présents depuis 30 ans et notre marquage intensif de 52 pièces fait la différence. Nous avons trouvé une façon de marquer le métal, et on l’applique dans le secteur industriel. On utilise une pellicule qui est du même type que ce qui est utilisé en aviation. Ce n’est pas quelque chose qui est altéré par le sel, le froid ou la gadoue », dit-elle.

Est-ce que Sherlock compte l’utiliser pour les voitures de monsieur et madame Tout-le-monde? C’est à voir, dit Mme Jodoin. « L’efficacité de notre système est démontrée. Doit-on le bonifier là aussi? Là est notre questionnement pour le moment », dit la directrice générale. Elle compte néanmoins repositionner son entreprise pour réaffirmer son efficacité, et ce, tout particulièrement auprès des assureurs. Pour ce faire, Sherlock a commandé une étude actuarielle pour chiffrer l’efficacité de son système. Mme Jodoin n’était pas prête à en dévoiler les conclusions au moment de l’entrevue, mais dit que celles-ci sont très concluantes.

Un assureur n’est jamais gagné, même si on marque 100 000 véhicules dans la province. Notre présence n’explique pas à elle seule la baisse de fréquence du vol auto au Québec. Notre message est que nous avons fait quelque chose de bien, depuis une décennie », dit-elle.

Elle donne en exemple l’accès que les policiers ont à la base de données de Sherlock, ou encore son programme de recertification. Une personne qui a acheté un véhicule usagé et marqué par Sherlock doit faire inspecter son marquage auprès d’un installateur certifié par l’entreprise. Outre le marquage, l’odomètre est vérifié pour s’assurer qu’il n’a pas été reculé. Si un installateur découvre quelque chose d’anormal, Sherlock transmet le dossier aux autorités concernées.
30 ans fêtés en publicité

Pour marquer ses 30 ans, Marquage Antivol Sherlock s’est payé une campagne publicitaire pour augmenter sa notoriété. Et les résultats ont été au rendez-vous. Sherlock a fait augmenter sa notoriété auprès du grand public de 18 points, selon des sondages commandés à Léger Marketing.

Le tout ne s’est pas nécessairement traduit en ventes supplémentaires. « Nous avons eu de gros pics de croissance, pendant un certain temps. Depuis quatre ans, nous sommes une entreprise plus stable. Néanmoins, rester au volume que nous avons est tout un défi en soi, car c’est toujours le plus gros qui se fait attaquer. Dans le marquage, la compétition coupe les prix, souvent par des gens qui ont moins à cœur l’intégrité du produit. Nous avons une base qui est solide, mais ça demeure un défi », dit Mme Jodoin.

La firme de marquage a aussi été présente pendant une certaine période à l’extérieur du Québec, notamment dans les Maritimes et en Ontario. Toutefois, en 2008, à cause de la crise économique qui se profilait, l’entreprise a décidé de se retirer. « Nous nous sommes reconcentrés sur le Québec. Ça a été une bonne décision, car on y a dominé le marché. On serait maintenant ouverts à l’Ontario et l’Ouest canadien. Tout est à y développer, toutefois. On y pense, et ça pourrait se faire dans un horizon de deux à trois ans », dit Mme Jodoin.