La proportion des investisseurs qui se souviennent que leur conseiller ait discuté des frais avec eux a sensiblement diminué en 2015 par rapport à 2011. Ce constat provient de la 10e étude Pollara commandée par l’Institut des fonds d’investissement du Canada (IFIC).

Les conseillers semblent parler moins des frais et de leur rémunération, au moment même où arrive la réglementation sur la divulgation des frais des fonds communs. MRCC2 sera officiellement en marche dès le 15 juillet 2016, mais les changements apportés aux relevés entrent en vigueur dès le 31 décembre 2015.

« En 2015, 56 % des investisseurs se souvenaient d’avoir eu une discussion avec leur conseiller au sujet des frais lorsqu’ils ont fait leur plus récent achat de fonds commun de placement, rapporte le sondage de Pollara commandé par l’IFIC. Il s’agit d’une baisse marquée par rapport au résultat de 64 % enregistré en 2011. »

Moins marqués, d’autres résultats n’en pointent pas moins dans la même direction. Le sondage effectué auprès de plus de 1 000 détenteurs de fonds communs au Canada a enregistré, au déclin sur le plan des discussions concernant la rémunération conseillers. De 56 % qui se souvenaient avoir entendu leur conseiller en discuter en 2014, ils n’étaient plus que 53 % en 2015. Ceux qui se rappelaient avoir entendu leur conseiller au sujet du ratio des frais de gestion (RFG) sont passés d’une proportion de 52 % en 2014 à 48 % en 2015.

Pollara accuse le coup, mais nuance les résultats. Toutes ces mesures ont diminué depuis l’an dernier, mais aucune baisse n’est significative statistiquement, estime la firme de sondage.

« Il est important de ne pas oublier que ces données sont basées sur les souvenirs des investisseurs. De plus, les résultats portent seulement sur le plus récent achat de fonds commun de placement, ce qui exclut les conversations précédentes au cours desquelles ces sujets auraient pu être abordés », analyse l’étude.

Ce déclin n’affecte pas trop la crédibilité du conseiller puisque 72 % des répondants disent avoir assez confiance en leur connaissance des frais qu’ils paient pour leurs fonds communs. Sept investisseurs sur dix croient que les frais qu’ils paient servent en partie à rémunérer leur conseiller.

« Parmi les investisseurs dans les fonds communs de placement faisant affaire avec un conseiller financier, 69 % croient fermement ou modérément qu’une partie des frais demandés par le fonds commun de placement dans lequel ils investissent sert à rémunérer leur conseiller financier. Environ un répondant sur cinq (21 %) croit que cela n’est pas exact et 10 % des répondants affirment ne pas savoir », précise l’étude.

Pollara indique par ailleurs que la moitié des répondants préfèrent payer des frais intégrés (RFG). En effet, 51 % préféreraient que leur conseiller soit payé à même les frais du fonds, ce qui réduit leur taux de rendement. Deux répondants sur cinq (37 %) préféreraient payer des frais directement à leur conseiller pour ses services (honoraires). Le reste des répondants (12 %) n’ont pas de préférence.

Le risque sur le radar

Parmi les autres discussions entre le conseiller et son client, le profil de risque se classe mieux. Sept investisseurs sur dix affirment en effet avoir discuté de leur tolérance au risque avec leur conseiller au cours de la dernière année. De ce nombre, 40 % affirment avoir eu cette discussion au cours des six derniers mois.

Encore mieux, 92 % se souviennent que leur conseiller a discuté de la compatibilité du fonds avec leurs objectifs de placement. Il s’agit du plus haut résultat enregistré depuis le début du suivi en 2006.

Neuf détenteurs de fonds communs sur 10 affirment « qu’ils discutent des enjeux avec leur conseiller et prennent les décisions ensemble » ou « demande des renseignements à leur conseiller, mais prennent la décision eux-mêmes ». Pollara précise que ce résultat demeure stable d’une année à l’autre. À 86 % en 2010 et en 2014, il a été de 91 % en
2011. Les investisseurs ne suivent pas aveuglément les conseils. « Seul un petit nombre de répondants suivent les conseils de leur conseiller sans poser de question (7 %). » Ils sont rares à prendre les décisions entièrement seuls, soit 3 % de l’échantillon sondé.

Informer femmes et jeunes

Au vu d’autres résultats, certains groupent gagneront à recevoir davantage de conseils en placement, notamment les femmes et les plus jeunes investisseurs. Le sondage révèle en effet des disparités en matière de connaissances sur les placements dans les fonds communs.

« Plus de la moitié des hommes (53 %) affirment être bien renseignés ou très bien renseignés, comparativement à 31 % des femmes. La perception des connaissances augmente aussi avec l’âge; en effet, 33 % des répondants âgés de 18 à 44 ans se disent bien renseignés ou très bien renseignés comparativement à 49 % des répondants âgés de 65 ans et plus », peut-on lire dans le document. Seulement 20 % des investisseurs féminins âgés de 18 à 44 ans se considèrent bien renseignés ou très bien renseignés. Le triple se dit bien ou très bien renseigné parmi les hommes de 65 ans et plus.

Internet arrive

Dans l’ensemble, les réponses obtenues indiquent que les investisseurs continuent d’être satisfaits des conseils de leur conseiller. « En 2015, 93 % des répondants disent qu’ils sont au moins assez satisfaits des conseils qu’ils ont reçus », rapporte l’étude. La grande majorité des investisseurs sont d’avis qu’ils peuvent faire confiance à leur conseiller pour obtenir des conseils éclairés, soit 94 %. Ils sont 91 % à dire obtenir un meilleur rendement sur leurs placements que s’ils n’avaient pas recours à un conseiller.

Plus de quatre investisseurs sur cinq ont acheté leurs fonds d’un conseiller, soit 84 %. Cette proportion demeure stable depuis les débuts de la série d’études. Un investisseur sur sept, soit 14 %, dit toutefois acheter en ligne « ou d’un individu qui prend simplement sa commande ».

Le canal direct fait plus d’adeptes chez les jeunes. Les sondeurs observent que les plus jeunes investisseurs âgés de 18 à 44 ans sont légèrement plus susceptibles d’avoir acheté leur dernier fonds en ligne, ou d’un représentant du service à la clientèle, que le sont les investisseurs âgés de 65 ans et plus. Les jeunes ont été 19 % à le faire ainsi, par rapport à 10 % chez les plus âgés. « En outre, comme c’était le cas au cours des années précédentes, les investisseurs masculins sont plus susceptibles que les investisseurs féminins d’utiliser les options d’achat libre-service (20 % par rapport à 7 %) », ajoute l’étude Pollara.

Les nouveaux professionnels pourraient accentuer la tendance. Pollara remarque que les ménages à faible actif, mais à revenus élevés sont plus susceptibles d’utiliser les options d’achat libre-service. « Ceci pourrait suggérer que les nouveaux investisseurs, qui viennent de commencer à construire leur portefeuille, sont légèrement plus susceptibles d’avoir recours aux options d’achat libre-service », commentent les sondeurs.