Le Québec forme l’une des rares provinces à ne pas disposer d’un service de transport médical héliporté (TMH), mais il veut combler cette lacune. L’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) vient de déposer une deuxième étude qui définit les modalités cliniques et organisationnelles en vue de son déploiement.

Dans plusieurs pays ou provinces, ce service est préconisé pour le transport de patients sur les distances intermédiaires et les interventions sur les sites d’accident. Au Québec, la création d’un TMH fait l’objet de discussions depuis deux décennies. En 2019, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) avait activé le projet, mais la pandémie l’avait mis sur pause. Il a été relancé trois ans plus tard.

Lors d’une première étude en 2022, l’INESSS avait déterminé qu’il servirait surtout au déplacement interétablissement de patients vers des installations spécialisées, ainsi que des interventions primaires. Il servirait à cinq conditions cliniques : la traumatologie, la cardiologie, la neurologie, la néonatalogie et la pédiatrie. Ce sont toujours les mêmes qui sont retenues dans la deuxième étude.

Investissement de 125 millions de dollars prévu

Le TMH est une ressource limitée, coûteuse et exigeante, qui nécessite la coordination de processus et cliniques complexes, indiquent ses auteurs.

Un investissement de 125 millions de dollars sur cinq ans avait été prévu par le MSSS pour mettre en place ce service au sein du Programme d’évacuation aéromédicale du Québec.

Un déploiement en plusieurs phases

La logistique de couverture du territoire québécois est complexe. Elle nécessitera un déploiement en plusieurs phases pour intégrer le TMH à l’offre de transport existante, ambulances terrestres et avions-hôpitaux pour les plus longs trajets.

Dans sa première phase, le MSSS prévoit toujours implanter deux bases, une à Montréal et une à Québec, offrant une couverture de soins d’urgence sur quatre zones aériennes comprenant une quarantaine d’hôpitaux émetteurs.

Le plan de match demeure le même qu’en 2022 : les zones desservies toucheraient la population habitant entre 75 et 275 km de Québec et de Montréal. Le service serait disponible 12 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Le TMH visera d’abord les transferts entre les hôpitaux référents des régions les plus éloignées et les hôpitaux receveurs de Montréal et de Québec. Puis, le service sera progressivement étendu aux régions intermédiaires propices.

Construction d’héliports

À ce jour, peu d’hôpitaux québécois disposent d’une hélisurface permettant l’accueil direct d’un hélicoptère. Leur construction sera faite progressivement, en phase avec le déploiement du TMH et les volumes de transferts de patients.

« La construction d’héliports sur les terrains de douze hôpitaux spécialisés, à Montréal, Québec, Rimouski, Trois-Rivières et Sherbrooke constitue une étape cruciale du développement de ce réseau aérien », écrit l’INESSS.

Ce deuxième rapport ne fait aucune référence au privé, qui propose déjà un service médical héliporté dans plusieurs régions éloignées. Il ne contient aucun calendrier de réalisation ni échéancier.

Il faudra aussi voir si la démission du ministre de la Santé, Christian Dubé, qui avait lancé ce projet de création d’un TMH, aura un impact sur la réalisation du projet et s’il sera mené à terme par sa successeure, Sonia Bélanger, ou d’éventuels successeurs.