Les ménages d’aujourd’hui sont plus enclins à se fier à l’assurance vie de leur régime collectif plutôt que d’opter pour l’assurance permanente, telle la vie entière, estime LIMRA. Avec cette attitude, ils risquent d’être sous-assurés. Les ménages sont d’ailleurs moins nombreux que jamais à détenir une police d’assurance vie.Même si les Canadiens disent privilégier le réseau des conseillers pour contracter de l’assurance, plusieurs ne passent pas à l’acte ou ne s’assurent pas suffisamment. C’est ce qu’indique LIMRA dans son étude 2013 Canadian Life Insurance Ownership Study.

Des participants à ce sondage, 41 % détiennent uniquement de l’assurance temporaire, soit 27 % de plus qu’en 2006, et 46 % ont uniquement de l’assurance permanente. Le sondage montre aussi que 13 % détiennent les deux formes d’assurance.

Gagne-pain à remplacer

Ces ménages tendent à être mieux assurés, puisque le sondage estime en moyenne à sept ans la période durant laquelle cette protection peut permettre de remplacer le revenu du principal gagne-pain en cas de décès. Ceux qui possèdent uniquement de l’assurance temporaire peuvent espérer le remplacer pendant cinq ans et demi et ceux qui possèdent uniquement de l’assurance permanente, pendant trois ans et demi. Pour les ménages dont le principal gagne-pain est assuré uniquement par l’assurance collective, les choses peuvent se gâter. En effet, ils ne peuvent espérer remplacer le revenu manquant que pendant deux ans, en moyenne.

Proportion en hausse

Or, les ménages uniquement assurés en collectif sont en croissance. Ils représentent cette année 37 % des ménages, alors qu’ils n’en représentaient que 28 % en 2009.

Pire, le taux de détention d’une assurance vie est à son plus bas en 30 ans au pays. Seuls 68 % des ménages canadiens ont de l’assurance vie, en comparaison à 79 % en 2006 (et 78 % en 1982). Ce creux résulte de la diminution du nombre de polices d’assurance vie en vigueur au Canada, qui est passé de 41,6 millions en 2009 à 34,2 millions en 2012, soit une chute de 18 %.

L’économie joue un rôle dans ce déclin, mais n’est pas le seul facteur. Malgré leurs préoccupations en matière de sécurité financière, les familles ne priorisent pas l’achat d’assurance. Pire, la taille de la force de vente n’augmente pas au même rythme que la population canadienne.

« Quand nous demandons ce qui empêche les consommateurs d’acheter de l’assurance vie, deux raisons ressortent en premier : ce n’est pas dans leurs priorités et ils perçoivent ce produit comme trop couteux », a précisé Cheryl Retzloff, directrice principale de recherche de LIMRA.

Résultat : les ménages mariés avec des enfants de moins de 18 ans se disent sous-assurés et trois ménages sur quatre disent qu’ils auraient de la difficulté à assumer leurs dépenses quotidiennes s’ils devaient perdre leur principal gagne-pain.

Pourtant, les Canadiens sont suffisamment préoccupés par leur avenir financier pour permettre aux conseillers d’entamer la conversation avec eux. Bien avant le remboursement de leurs dettes, les Canadiens de tout âge s’inquiètent en premier lieu de la capacité des gouvernements à financer les soins de santé (84 %). Huit Canadiens sur dix craignent de manquer d’argent à la retraite.

Environ 79 % des Canadiens s’inquiètent du cout ou de l’accessibilité des soins de longue durée. Dans des proportions semblables, ils se préoccupent d’avoir un revenu mensuel de retraite suffisant et d’avoir assez d’argent en cas d’invalidité ou de maladie grave.

En contrepartie, ils semblent moins préoccupés de réduire leurs dettes (59 %), de subvenir aux besoins de leur famille en cas de décès (54 %) ou d’assumer le cout des études de leurs enfants.

Pour les Canadiens qui sont passés à l’acte, couvrir les dernières dépenses (57 %) et la nécessité d’avoir un tel produit (43 %) ont été les principales motivations. Seulement 37 % des Canadiens ont acheté de l’assurance vie avant tout pour remplacer un revenu en cas de décès.

Selon le rapport de LIMRA sur l’assurance vie individuelle au Canada en 2012, les ventes d’assurance temporaire continuent de dominer le marché, avec 58 % des polices vendues en 2012. La vie entière et la vie universelle se séparent le reste en parts égales de 21 %.

Recrutement en panne

Dans sa volonté d’engager la conversation avec plus de Canadiens, la force de vente se heurte à une industrie qui demeure incapable de recruter du sang neuf.

Alors que les consommateurs canadiens disent préférer le contact en personne, une autre étude de LIMRA a révélé que l’industrie a recruté 14 % moins de professionnels de la vente en 2012, soit 13 500 contre 15 600, un an plus tôt. « Cette combinaison entre la diminution du nombre de conseillers et la lente progression des achats d’assurance autrement que par des conseillers pose un véritable défi aux assureurs canadiens », croit Mme Retzloff.

Le sondage reposait cette année sur un échantillon de 3 200 ménages canadiens. La personne sondée était censée être le preneur de décisions financières du ménage. Les résultats ont été pondérés de manière à représenter l’ensemble des ménages du Canada. La précédente édition de cette étude avait été réalisée en 2006.