Une majorité des PME n’a toujours pas retrouvé le même volume d’affaires qu’en 2019, avant la pandémie de COVID-19. Selon leur association nationale, les primes d’assurance demeurent une préoccupation des chefs d’entreprises, même si l’on observe une certaine embellie à cet égard.
Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), a accordé un entretien au Portail de l’assurance. Il a fait le point sur la situation des PME quatre mois après la fin des programmes d’aide mis en place par Ottawa dans les premiers mois qui ont suivi la pandémie en mars 2020.
Selon les données du sondage mené mensuellement par la FCEI auprès de ses membres, le coût des assurances arrive au quatrième rang des préoccupations des entrepreneurs concernant leurs coûts d’exploitation, précise M. Guénette. Au premier rang apparaît le coût de l’énergie et du carburant.
Les primes d’assurance ont déjà été plus haut dans la liste de leurs préoccupations. « Ça ne veut pas dire que les entrepreneurs ne sont plus préoccupés par les assurances, mais plutôt qu’il y a des hausses plus importantes dans d’autres secteurs », indique M. Guénette.
La situation semble s’éclaircir un peu du côté de l’assurance aux entreprises si l’on se fie au volume d’appels reçu par la FCEI ces derniers mois à ce sujet. De l’avis de Jasmin Guénette, cette réduction des appels peut s’expliquer soit par le renouvellement de la police à un coût moins élevé que prévu, soit par la résignation des chefs d’entreprises devant le constat que les primes d’assurance augmentent dans tous les secteurs d’activité.
Lent rétablissement
À la fin avril, deux semaines avant la fin des programmes d’aide, la FCEI constatait que seulement 27 % des PME avaient retrouvé leur rythme de croisière prépandémique. Selon le Baromètre des affaires publié le 5 juillet, quelque 54 % des PME disaient ne pas avoir retrouvé des revenus normaux.
« La levée de la majorité des restrictions a permis le retour à une certaine normalité », souligne Jasmin Guénette, à l’exception des voyages à l’international. Les revenus ont augmenté et les entreprises se rétablissent lentement.
Il reste des secteurs où les revenus ne sont pas encore au même niveau qu’en 2019, par exemple le secteur touristique, notamment en raison des preuves vaccinales exigées pour entrer au Canada. Les frais de transport sont également cités par les entrepreneurs comme étant un élément préoccupant.
Les coûts d’exploitation en hausse sont un problème pour toutes les entreprises. Les ruptures dans la chaîne d’approvisionnement, qui provoquent des délais et des frais supplémentaires, sont un sérieux casse-tête, d’après M. Guénette.
Les pressions inflationnistes ajoutent encore plus de pression sur les demandes salariales de la main-d’œuvre, dont la rareté demeure le principal défi qui pèse sur les entrepreneurs, souligne la FCEI dans ses plus récents communiqués.
Cybersécurité
À la fin mars, la FCEI annonçait un nouveau programme d’éducation, crée conjointement avec Mastercard, afin de donner aux propriétaires de PME les outils requis pour lutter contre la cybercriminalité. Un sondage rapportait que 72 % des répondants exprimaient leur vive inquiétude à l’égard des cyberattaques.
« Ces deux dernières années, de très nombreuses PME se sont davantage tournées vers les ventes en ligne. C’est un moyen qui présente beaucoup d’atouts, mais aussi de nouveaux risques. Face à cette nouvelle réalité, il est essentiel que les PME puissent être bien protégées », disait alors Jasmin Guénette dans le communiqué de la FCEI.
Quelque 8 % des PME disaient avoir été victimes d’une cyberattaque au courant des 12 mois précédents. C’est ce qui a incité la fédération à créer la nouvelle Académie FCEI de la cybersécurité, qui sera lancée cet automne.
« Je donne souvent l’exemple de la prévention contre le feu. Dans notre immeuble, deux fois par année, on fait un exercice d’évacuation », indique M. Guénette. L’exercice permet de développer les bons réflexes en matière de sécurité contre les incendies.
« Il faudrait prendre la même habitude pour la cybersécurité, avec une simulation des attaques, par exemple sur la gestion des courriels frauduleux, et des procédures à suivre », indique M. Guénette.
Une entreprise comme Mastercard a certainement de l’expertise à partager sur la sécurité du paiement électronique, laquelle peut être très utile aux membres de la FCEI, ajoute M. Guénette.
Une telle entente n’empêche pas la Fédération de critiquer les émetteurs de cartes de crédit, comme Mastercard et Visa, concernant les frais trop élevés demandés aux entreprises qui acceptent le paiement électronique, précise le vice-président de la FCEI. Une action collective est d’ailleurs en cours à ce sujet.
Actions collectives
Les entrepreneurs ont découvert bien malgré eux que la police d’assurance des pertes d’exploitation en cas d’interruption des activités ne couvrait pas, dans la large majorité des cas, les fermetures reliées aux mesures sanitaires imposées par la COVID-19. La FCEI n’a pas participé à aider les entreprises qui ont mené des actions collectives contre les assureurs devant les tribunaux, confirme M. Guénette.
La Fédération s’occupe de promouvoir auprès de ses membres les bonnes pratiques en matière de prévention. Par ailleurs, en juin 2021, la FCEI a aussi tenu un webinaire sur l’assurance commerciale, indique M. Guénette. L’enregistrement de l’activité peut être vu sur la chaîne YouTube de la FCEI.