À l’Université Laval, on étudie les écarts de prix des médicaments facturés aux assurés du privé comparativement à ce qui est payé par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Les chiffres sont révélateurs d’un réel problème, selon Marc Desgagné.

Le Syndicat des professeurs de l’Université Laval (SPUL) est le preneur du régime collectif de plusieurs groupes de professionnels de l’institution. Le professeur Desgagné, qui enseigne à la Faculté de pharmacie, en est le gestionnaire. C’est à ce titre qu’il a traité de l’évolution des couts des médicaments lors de la conférence de Médicaments novateurs Canada, le 30 novembre, à Québec. À l’heure actuelle, le régime couvre plus de 1 550 adhérents et 3 500 personnes au total, en incluant les conjoints et les enfants.

Plusieurs des chiffres qu’il a présentés sont tirés du mémoire que le SPUL a soumis à la Commission des finances publiques qui étudiait le projet de loi 28, adopté au printemps 2015, et qui venait modifier diverses lois budgétaires de même que la Loi sur l’assurance médicaments.

L’objectif du Régime général d’assurance médicaments (RGAM) était d’assurer « à l’ensemble de la population du Québec un accès raisonnable et équitable aux médicaments », rappelle M. Desgagné. À son lancement en 1997, il existait déjà un écart de 2 % à 4 % entre le prix des médicaments obtenu par le régime public et celui offert aux assurés du secteur privé. « Cet écart n’a cessé de grandir, ce qui contrevient à l’exigence d’équité inscrite dans la loi », a-t-il dit.

Le SPUL a entamé en 2013 une étude approfondie du cout des médicaments, en s’appuyant sur la totalité des informations non nominales des ordonnances du groupe ayant fait l’objet de prestations par l’assureur du régime. En 2015, selon le SPUL, l’écart de prix moyen demeure de 10 % à 15 % pour les médicaments d’origine. Mais du côté des génériques, l’écart moyen est désormais de près de 40 %.

Pour le Neurontin utilisé dans le traitement de l’épilepsie, il existe aussi un générique dont le prix a beaucoup baissé depuis 2010. Mais là aussi, la réduction du prix a davantage profité aux assurés du régime public qu’à ceux du SPUL, avec un écart allant de 38 % en 2010 à 87 % en 2015.

Certains médicaments ne sont pas inscrits dans le RGAM, comme le somnifère Rhovane (benzodiazépine). En 2015, le Rhovane coutait 25,21 $ pour 30 comprimés aux assurés du SPUL, et son équivalent générique, le Zopiclone, pouvait couter jusqu’à 34,75 $. Sur les 300 ordonnances de médicaments non couverts par la RAMQ, la plupart des produits génériques coutaient plus cher que le médicament d’origine.

Certains employeurs craignaient que les nouveaux services offerts par le pharmacien couteraient cher, mais les premières données ne le montrent pas. Après cinq mois en 2016, sur les 3 500 personnes assurées du SPUL, on comptait seulement 72 réclamations pour ces nouveaux services, pour des montants totaux admissibles inférieurs à 1 100 $.