Quatre assureurs ont affiché des pertes l’an passé dans leurs activités canadiennes. C’est ce qu’indique une analyse du Journal de l’assurance à partir de données compilées par la firme MSA Research.Celle de la Financière Manuvie est la plus retentissante (voir plus bas). En 2010, elle a atteint 147 millions de dollars (M$) pour ses principales activités canadiennes. Ses activités canadiennes avaient affiché un bénéfice net de 2,7 milliards de dollars (G$) en 2009, mais une perte de 67,8 M$ en 2008.
En 2010, Transamerica Vie Canada a écopé d’une perte de 23 M$. Après une perte de 583 M$ en 2008, l’assureur avait pu respirer un peu grâce à un bénéfice net de 87 M$ en 2009.
Les deux autres assureurs à avoir affiché une perte au Canada en 2010 sontAssurant Vie du Canada et Promutuel Vie.
Les trois grandes multinationales canadiennes de l’assurance continuent de dominer l’industrie. Great-West Lifeco, Financière Manuvie et Financière Sun Lifedétiennent plus de la moitié des 42,8 G$ de primes d’assurance de personnes directes recensées par MSA au Canada, soit 23,5 G$.
À l’échelle canadienne, les données de MSA montrent que la Financière Sun Life a obtenu la meilleure croissance de son bénéfice net parmi le trio dominant, soit 120 %. Il est passé de 714,7 M$ en 2009 à 1,572 G$ en 2010 par rapport à 2009.
En 2010, la Financière Sun Life a triplé son bénéfice net, pour le porter à 1,583 G$ par rapport à 534 M$ en 2009. Le rendement sur l’avoir s’est établi à 9,9 % en 2010, comparativement à 3,4 % en 2009.
Son MMPRCE s’est établi à 228 % en 2010, contre 221 % en 2009. Pour leur part, les primes et dépôts ont atteint 13,5 G$ en 2010 par rapport à 15,5 G$ en 2009, en baisse de 13,0 %.
Great-West Lifeco a réalisé en 2010 un bénéfice net de 1,657 G$ contre 1,627 G$ un an plus tôt, en hausse de 1,8 %. Son rendement sur l’avoir a atteint 14,4 % en 2010, contre 13,8 % en 2009.
es primes et les dépôts ont quant à eux atteint 59,1 G$ en 2010, en hausse de 4,2 % par rapport à 2009. Le ratio de solidité de capital (MMPRCE) de Great-West Lifeco s’est établi à 203 %, contre 204 % en 2009. Les ventes d’assurance de personnes ont progressé de 23 % entre 2009 et 2010. Celle de gestion du patrimoine a progressé de 25 % durant la même période.
Great-West Lifeco a vu ses trois filiales canadiennes d’assurance connaître des résultats différents. Seul Canada-Vie a vu son bénéfice croître en 2010 par rapport à 2009. Great-West a vu son bénéfice net passer de 1,743 G$ en 2009 à 1,377 G$ en 2010, en baisse de 21 %. London Life a vu le sien passer de 396,4 M$ en 2009 à 158,6 M$ en 2010, en baisse de 60 %.
Manuvie et IFRS
Les rapports annuels des trois grands montrent l’ampleur de leurs activités internationales. Celui de Manuvie décortique sa perte. L’assureur est le seul à avoir été sérieusement touchée par les normes internationales d’information financière (NIIF, mieux connues sous l’acronyme anglais IFRS). Implantées le 1er janvier, ces NIIF n’ont que peu influencé les résultats des deux autres grands et de l’industrie en général. (Les trois plus grands assureurs ont présenté une deuxième version de leurs résultats 2010 sous forme NIIF. Tous les assureurs qui ont présenté leurs résultats du premier trimestre 2011 ont du le faire sous format NIIF.)
En vertu des principes comptables généralement reconnus, la Financière Manuvie a subi une perte nette globale de 391 M$ en 2010. Son bénéfice net avait été de 1,402 G$ en 2009. Le rendement de l’avoir des actionnaires ordinaires s’est établi à -7,04 % en 2010 alors qu’il était de 5,2 % en 2009. La perte nette qu’a essuyée Manuvie résulte d’une dépréciation de 1,039 G$ de l’écart d’acquisition liée au repositionnement des activités du secteur Assurance aux États-Unis, et d’un renforcement des réserves. Ce renforcement a entraîné une charge de 2,072 G$.
Ces charges s’alourdissent sous les NIIF. Selon elles, l’assureur déclare plutôt une perte nette de 1,667 G$ pour l’exercice 2010. Toujours selon les NIIF, la perte de valeur totale de l’écart d’appréciation s’est chiffrée à 3,064 G$. Ce test de dépréciation pourrait entrainer des pertes futures. Une source interne a confié au Journal de l’assurance que cet écart entraîné par l’application des NIIF n’était pas une surprise et que son impact avait été pleinement escompté.
L’assureur estimait aussi que le passage aux NIIF effectué depuis le 1er janvier abaissera son ratio du montant minimum requis pour le capital et l’excédent (MMPRCE) d’environ trois points à compter du premier trimestre de 2011, et d’environ six points au cours de la période de transition d’une durée de deux ans se terminant à la fin du quatrième trimestre de 2012. En 2010, Manuvie avait obtenu un MMPRCE de 249 %, soit 9 % de mieux qu’en 2009.
Poids moyens
L’analyse des données de MSA Research révèle aussi plusieurs faits saillants sur les joueurs de taille intermédiaire.
Deux poids lourds québécois forment une classe à part dans l’industrie. Désormais trop gros pour être appelés moyens, ils complètent le top 5 des plus grands assureurs au Canada. Ces deux joueurs phares ont connu de forts résultats en 2010.
Dans son rapport annuel 2010, l’Industrielle Alliance parle d’une année record au chapitre de la croissance et de la rentabilité. L’assureur a réalisé un bénéfice net de 250,8 millions de dollars (M$) en 2010, ce en quoi il a dépassé son niveau record de 242,2 M$ enregistré en 2007. Le bénéfice de 2010 surpasse de 22 % celui de 2009, qui s’est établi à 205,8 M$. Le rendement sur l’avoir a atteint 12,6 % en 2010, contre 11,9 % en 2009. Les primes et les dépôts ont atteint 6,6 (milliards de dollars) G$ en 2010, en hausse de 27 %. Le ratio de solvabilité (MMPRCE) est pour sa part passé de 208 % en 2009 à 205 % en 2010.
Les ventes d’assurance vie individuelle ont cru de 27 % en 2010 par rapport à 2009, pour atteindre un niveau record de 186,6 M$. La gestion de patrimoine a vu ses ventes croitre de 56 % en 2010, par rapport à 2009. Elles ont atteint 3,7 G$.
Nez à nez avec son principal concurrent québécois en termes de primes directes,Desjardins Sécurité financière a terminé 2010 avec un bénéfice net de 234,7 M$, comparativement à 193,8 M$ en 2009, en hausse de 21,1 %. Son rendement de l’avoir s’est établi à 24,1 %. Le revenu de primes d’assurance et de rentes s’est élevé à 3 034,1 M$ en 2010, en hausse de 1,7 % par rapport à 2009.
Les ventes d’assurance ont totalisé 183,5 M$ en 2010 et les ventes d’assurance individuelle sont en hausse de 12,0 %. Le secteur de l’épargne continue sa progression avec des ventes se chiffrant à 1 807,4 M$. Les ventes d’épargne-retraite collective atteignent 371,7 M$ et les ventes en épargne individuelle s’établissent à 958,7 M$. Quant aux ventes de fonds de placement, elles se chiffrent à 477,0 M$ par rapport à 314,5 M$ en 2009.
La stratégie de diversification hors Québec porte ses fruits chez DSF. Les ventes d’assurance hors Québec ont ainsi connu une croissance de 26,6 % en 2010 par rapport à 2009. Celles d’épargne-retraite collective ont connu une croissance de 37,0 % à l’extérieur du Québec en 2010, par rapport à 2009. La caissassurance a poursuivi son apport aux ventes de DSF, alors que la croissance des ventes d’assurance en provenance de ce réseau a atteint 13,0 % en 2010, par rapport à 2009. DSF a aussi vu ses ventes de fonds communs croître de 51,7 % en 2010 par rapport à 2009.
Sixième assureur au Canada en termes de primes directes, Standard Life aura été le champion de la rentabilité chez ces joueurs en 2010, faisant passer son bénéfice net à 288,8 M$ par rapport à 110,4 M$ en 2009. C’est une hausse de 162 %! Elle survient malgré des revenus qui ont baissé de 3,2 milliards de dollars (G$) en 2009 à 3,1 G$ en 2010.
SSQ Vie a vu son bénéfice net passer de 35,0 M$ en 2009 à 40,5 M$ en 2010, en hausse de 15,6 %. Ses revenus totaux ont aussi augmenté, passant de 1,4 G$ en 2009 à 1,5 G$ en 2010, en hausse de 5,4 %. Dans son rapport annuel, SSQ Groupe financier a dévoilé un rendement sur l’avoir de 16,2 %.
Après avoir connu une lourde perte en 2008, BMO Assurance-vie avait renoué avec la rentabilité en 2009. En 2010, son bénéfice net s’est porté à 22,5 millions de dollars (M$), en hausse de plus de 73 %.
Pour sa part, AXA Assurances a augmenté sa rentabilité de 35,5 % pour la porter à 16,2 M$ en 2010. L’assureur qui vient d’être acheté par Intact a toutefois vu ses revenus fondre de 11,7 % entre 2009 et 2010, pour s’établir à 199,7 M$.
Dans son rapport annuel, La Capitale indique avoir réalisé un bénéfice net de 50,9 M$, en hausse de 6,9 % par rapport à l’exercice précédent. Son rendement sur l’avoir s’établit à 12 %. Les ventes d’assurance vie individuelle ont atteint 15,5 M$, en hausse de 16,8 % par rapport à 2009. Les ventes de produits de dépôts et d’épargne ont cru de 16 % par rapport à 2009 pour s’établir à 96,6 M$.
En combinant les données de MSA Research sur La Capitale assurances et gestion du patrimoine avec celle de La Capitale assureur de l’administration publique, la mutuelle d’assurance de personnes a fait passer son bénéfice net de 39,3 M$ en 2009 à 46,4 M$ en 2010, en hausse de 18,0 %. La croissance du bénéfice net a été particulièrement marquée pour La Capitale assurances et gestion du patrimoine. De 5,0 M$ en 2009, il est passé à 6,6 M$ en 2010, en hausse de 31,7 %. Les revenus sont à la hausse dans cette entité mais à la baisse dans la fonction publique.
Les données de MSA révèlent également des résultats à la baisse. RBC Assurancesa de son côté vu son bénéfice fondre de 118,8 M$ en 2009 à 20,9 M$ en 2010, en baisse de 82,4 %. Ses revenus ont légèrement baissé pour s’établir à 1,9 G$ en 2010.
Empire Vie est un autre joueur qui a connu une baisse de rentabilité, Son bénéfice net a été amputé de presque moitié, passant de 50,7 M$ à 28,8 M$. Croix Bleue Medavie a pour sa part vu son bénéfice baisser de 43,8 % entre 2009 et 2010, malgré une légère hausse de ses revenues de 1,4 G$ à 1,5 G$ durant cette période. Les bénéfices de Co-operators ont pour leur part baissé de -25,0 % et ceux d’Assurance Vie Banque Nationale de 19,3 %.