Le gouvernement Legault vient à peine de régler avec la Fédération interprofessionnelle de la santé (FIQ) après des négociations longues et ardues qu’un autre bras de fer s’engage avec un nouveau groupe de professionnels de la santé. Devant l’impasse dans leurs négociations avec l’État, la plus grande partie des optométristes de la province vont se retirer du régime public le 22 novembre prochain, ce qui forcera la plupart des gens qui veulent obtenir un examen de la vue à se tourner vers le privé. 

Au Québec, ces examens sont totalement gratuits pour les moins de 18 ans, les 65 ans et plus, ainsi que les bénéficiaires de l’aide sociale. Les tarifs sont les mêmes, peu importe l’âge du client. Ceux parmi les membres de ces groupes qui possèdent une couverture d’assurance peuvent se faire rembourser les frais de caméras qui leur sont facturés. 

Depuis 2019, au moins, plus d'un million de Québécois sont admissibles chaque année aux examens gratuits en optométrie, comme le montre ce tableau :

Il en coûte entre 100 $ et 140 $ aux clients qui ne sont pas admissibles au régime public pour passer un examen chez un optométriste, en plus des frais de caméra. 

Retrait des 85 % des 1 500 optométristes du régime public 

Les optométristes sont exaspérés des vieux tarifs que leur accorde la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). Ils reçoivent 54,75 $ pour un examen de la vue, un montant qui est demeuré le même depuis le 1er avril 2019.

Leur dernière entente avec le gouvernement remonte à 2018. Elle venait à échéance en 2020, année de la pandémie, et n’a jamais été renouvelée depuis. Ils tentent d’obtenir un rehaussement des coûts d’examens et des montants pour certains frais depuis plusieurs années, mais sans succès. Une étude indépendante conjointe a été menée par l’Association des optométristes du Québec (AOQ) et le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).

« Nos frais d’exploitation ont augmenté trois fois plus vite que les tarifs à l’acte consentis par le gouvernement, de sorte que tous frais payés, notre rémunération par visite de patients RAMQ n’est aujourd’hui que de 3,50 $ », indique son président, le Dr Guillaume Fortin

11 $ par Québécois, par année 

Cette étude a servi d’arguments aux optométristes dans leurs négociations avec l’État. À ce jour, les représentants des deux parties se sont rencontrés à une dizaine de reprises, mais sans succès. Il y a quelques semaines, le Dr Fortin déclarait que les négociations allaient se poursuivre, mais dans une volte-face, il a annoncé le 23 octobre que 85 % de ses quelque 1 500 membres vont se désaffilier de la RAMQ dans moins d’un mois. 

« Les services d’optométrie vont demeurer disponibles, mais la population présentement couverte par le régime public ne le sera plus à partir du 22 novembre et devra donc payer pour obtenir les services », a commenté le président de leur association par voie de communiqué.

Les 15 % restants, soit 225 de leurs collègues, vont continuer à offrir leurs services à la clientèle publique.

Sans préciser le montant total que le régime public verse à ses membres, l’AOQ soutient que la rémunération des optométristes payée par la RAMQ représente 0,16 % du budget de la santé, soit environ 11 $ par Québécois, par année.

Les optométristes disent contribuer à désengorger le système, notamment avec la prise en charge de quelque 180 000 urgences oculaires chaque année.