Neil Skelding, PDG de RBC Assurances, ne voit pas que du négatif dans les changements réglementaires qui vont toucher l'industrie de l'assurance de personnes. Il dit aussi que son entreprise est prête à saisir les occasions que ces changements apporteront.« Les changements réglementaires apportent des occasions. Il y a un marché de masse peu desservi qui sera intéressé à obtenir des protections. Nous croyons que nous pourrons les servir, tout comme les autres clients. Nous configurerons donc nos produits et nous repositionnerons notre entreprise en fonction de l'environnement dans lequel nous devrons travailler », dit-il.

M. Skelding ajoute que même si l'environnement réglementaire change, le besoin pour des produits d'assurance de personnes va demeurer. « Il ne s'en ira pas. Ce qui va changer, c'est la façon de le combler. Il faudra voir quels sont les produits et services que nous pourrons offrir », dit-il.

Impacts rapides
Le président de RBC Assurances s'attend aussi à ce que ces changements occurrent rapidement. « On n'a qu'à regarder où vont les règles de capital et comment les tests de résistance se font. Les régulateurs sont très actifs. Nous sommes passés au travers de cette crise et les régulateurs sont ressortis ragaillardis de cette expérience », dit-il.

Pour l'industrie de l'assurance, deux éléments en ressortent, dit M. Skelding. « Les affaires en-vigueur d'un assureur auront un gros impact sur sa destinée. Pour l'industrie, il sera plus difficile d'aller de l'avant, car elle sera aux prises avec des garanties de 80 ans. »

Selon M. Skelding, on pourrait voir émerger des stratégies de couverture ainsi que de nouvelles sources de capital apparaître et même la mutualisation pour soulager le besoin de capitaux des assureurs et qui ont des garanties difficilement soutenables.

Deuxième aspect : les nouvelles affaires. Le président de RBC Assurances dit s'attendre à voir des changements continus en ce qui a trait à la tarification et aux caractéristiques des produits. « Je m'attends à voir toutes sortes de structures imaginatives émerger, mais elles n'auront pas de garanties attachées. On n'achètera plus une police pour l'oublier pour 80 ans. Je ne crois pas que ce type de protection sera encore disponible », dit-il.

M. Skelding affirme aussi que RBC Assurances sera bien positionné dans le nouveau marché qui se développe. Il cite à cet effet les nombreux canaux de distribution de l'assureur et sa capacité à servir un marché de masse avec des produits plus simples. Par le Web ou par des centres d'appels. Il souligne aussi que le réseau de conseillers indépendants pourra continuer de servir les clients ayant des besoins d'assurance plus complexes.

Quant à l'introduction de nouveaux produits, M. Skelding affirme que son entreprise continue de retenir le lancement d'un produit de garantie de retraits minimums. RBC Assurances a considéré le lancer il y a plusieurs mois, mais le retarde compte tenu de ses inquiétudes vis-à-vis de la viabilité de tels produits. RBC préfère suivre l'évolution de l'environnement d'affaires, des enjeux reliés aux exigences de capital et la nature exacte des futures Normes internationales d'informations financières (NIFF, mieux connues sous leur acronyme anglais IFRS).

« Nous voulons lancer des produits qui seront viables et qui dureront dans le temps. Avec toute l'incertitude en ce moment, ce n'est pas le bon temps pour lancer un produit doté d'une garantie à long terme », précise M. Skelding.

Il dit aussi comprendre que les régulateurs soient plus vigilants, compte tenu du fait que les garanties des assureurs canadiens sont établies sur le long terme. « Au Canada et aux États-Unis, nous souscrivons beaucoup de produits à long terme. Le régulateur doit donc s'assurer que le tout est bien capitalisé, en fonction de divers scénarios », explique-t-il.