Les réassureurs de dommages sont dans une position particulière alors qu’ils abordent la relance postpandémique, estime AM Best.
La hausse des tarifs a amené de nouveaux joueurs à tenter leur chance dans ce segment de marché, propulsés notamment par l’afflux de nouveaux capitaux pour les soutenir. Les tranches de risques les plus intéressantes sont clairement identifiées et la concurrence s’y intensifie pour capturer ses segments de marché dont la marge de profit est plus élevée.
Les efforts des réassureurs tournent donc autour de la révision de leur portefeuille de risques pour qu’il soit mieux balancé ou pour augmenter leurs parts de marché au détriment de la concurrence. Le hic, estime AM Best, est qu’il n’est pas certain que la taille de la tarte des réassureurs soit appelée à grossir à court terme.
« Alors que la société lutte pour revenir à une normalité au milieu de la pandémie actuelle et que le poids des actifs intangibles est plus grand, les risques deviennent plus difficiles à mesurer et à gérer. De plus, dans une économie plus interconnectée, les corrélations augmentent. Le monde dans son ensemble est confronté à plus de risques. Dans leur forme actuelle, ces risques pourraient ne pas remplir les conditions pour être considérés comme assurables, étant donné que les prix pour les couvrir seraient prohibitifs », indique la firme de notation dans un rapport intitulé Global Reinsurance Outlook Remains Stable in a More Uncertain World.
Pour les analystes de la firme de notation, les réassureurs devront se montrer flexibles et innovants pour demeurer pertinents dans la stratosphère économique. « Une plus grande part de risques non assurables, parce qu’ils sont considérés comme non mesurables, ingérables ou de nature systémique, veut dire que l’industrie de la réassurance jouera un moins grand rôle. Les réassureurs devront apprendre à modéliser de nouveaux risques et en tirer des données probantes. Seuls les joueurs les plus innovants réussiront. La différenciation et l’innovation dans la conception des produits seront critiques pour couvrir les risques émergents et ceux en évolution », indique AM Best dans son rapport.
Comment être innovant ?
Selon AM Best, cela passera par la découpe des différentes composantes d’un risque. Cela permettra aux réassureurs de contribuer à plus grande échelle à la couverture de risques en fonction de l’appétit de leurs investisseurs. « Les réassureurs devront peut-être réfléchir à coopérer avec les gouvernements pour mitiger, identifier et isoler des éléments de risques plus systémiques et les transférer vers des plateformes publiques », peut-on lire dans le rapport de la firme de notation.
AM Best rappelle que l’industrie de la réassurance a toujours su faire face aux défis posés par les catastrophes naturelles, les bas taux d’intérêt ou la forte concurrence qui y a cours. « Malgré ces défis, les réassureurs ont toujours réussi à verser les réclamations qu’ils devaient », rappelle la firme de notation.
Plus de capacités disponibles
AM Best fait aussi remarquer dans son rapport que la capacité des réassureurs a augmenté de 35 milliards de dollars américains (G$ US) de 2019 à 2020, soit une hausse de 7 %, dépassant aussi le cap des 500 G$ US. Au terme de 2021, AM Best dit s’attendre à ce qu’une autre tranche de 3 % se soit ajoutée aux capitaux disponibles pour les réassureurs. La firme de notation dit aussi s’attendre à ce que cette hausse se poursuive au cours des prochaines années.