Marie-Thérèse Dugré, PDG de Solareh, presse les promoteurs de régimes d’agir là où ils ont le moins de contrôle sur les couts. Ils doivent surtout investir en prévention, insiste-t-elle.
Sous le thème Maintenons l’assurance collective en santé, Solareh a accueilli à Mont-Tremblant plusieurs conférenciers devant une centaine de spécialistes en assurance collective, les 17 et 18 mai 2016. Les défis reliés aux enjeux du colloque précédent tenu en 2014 ont peu avancé, dit Marie-Thérèse Dugré, PDG de Solareh.
Parmi eux, la croissance des couts du volet médicaments des régimes. « Nous avons choisi ce thème parce que le cout des régimes continue de s’élever, ce qui amène les employeurs à réduire leurs garanties collectives ou à les enlever, explique Mme Dugré. Pour maintenir la santé financière de l’assurance collective, il faut se demander comment on peut freiner les couts dans les zones où l’on a le moins de contrôle, comme les nouvelles molécules qui coutent une fortune. »
Une telle réflexion met selon elle de l’avant une plus grande utilisation des médicaments génériques et biosimilaires. « Il faut donner aux employeurs des outils pour déceler les différents facteurs qui font augmenter les couts », dit-elle.
Dans cette approche multifactorielle, il faut en arriver au meilleur remède : la prévention. Moins les employés du réclamant consommeront de médicaments couteux, plus ils seront productifs. Il y aura des couts indirects liés à la santé, ajoute-t-elle. Or, la situation des régimes stagne, observe Marie-Thérèse Dugré. « Tant qu’ils ne sont pas au pied du mur et qu’ils ont encore une marge de manœuvre, les organisations et leurs employés attendent. L’éveil de l’employé se produit lorsque la maladie le confronte, et qu’au regard de ses habitudes de vie, il réalise qu’il aurait pu l’éviter. »
L’employeur doit aussi être conscientisé de cet argent qui lui échappe en raison de la non-santé au sein de son entreprise. « Montrer un bilan de la non-santé de ses employés est un moyen d’éveiller une organisation. Ne lui parlez pas de diabète en général. Parlez-lui du cout de ce diabète pour lui et des facteurs de risques qu’il pourrait modifier. Cela n’a pas de bon sens de laisser fuir cet argent qui pourrait être investi pour faire avancer l’entreprise », lance Mme Dugré.
Les employeurs demandent souvent quel sera leur retour sur l’investissement, avant même d’envisager l’implantation d’un programme de santé et mieux-être. Mme Dugré estime que c’est mal poser la question. « N’importe quel employeur sait qu’il a besoin d’employés en santé pour produire. Tout argent investi en prévention finira par rapporter. Tu peux toujours faire des calculs, à un moment donné, il faut sortir d’une approche uniquement basée sur les chiffres », soutient la PDG de Solareh.
Retour sur investissement
Lors du colloque de Mont-Tremblant, Marie-Claude Pelletier a révélé qu’effectuer des démarches de santé et mieux-être en entreprise peut rapporter de 1,50 $ à 3,80 $ par dollar investi. « C’est rentable d’implanter des programmes de santé et mieux-être au travail, mais le retour sur l’investissement peut mettre de trois à cinq ans à se matérialiser », a prévenu la présidente fondatrice de Groupe Levia, un consultant en stratégies et développements pour la santé.
Les enjeux de la non-santé sont cruciaux pour les chefs d’entreprise, dit-elle. « Les maladies chroniques sont plus présentes qu’avant en milieu de travail. Les 20 à 30 ans présentent de plus en plus des facteurs de risques propres aux personnes en fin de vie. Les gens mangent mal et ne font pas assez d’activités physiques », a énuméré Mme Pelletier.
Les dépendances figurent parmi d’autres facteurs de risques, et pas seulement le jeu ou l’abus de substances. « Les dépendances sont aussi nos tablettes et nos téléphones intelligents. Quand on en a besoin tous les jours et pendant nos vacances, ils sont générateurs de stress », prévient la PDG de Levia.
Selon des données révélées par Mme Pelletier, le cout direct de l’absentéisme a représenté 2,4 % de la masse salariale brute des entreprises (année 2011-2012), soit une ponction dans l’économie canadienne de 16,6 milliards de dollars (G$). Elle ajoute que les employés affichant plusieurs facteurs de risque enregistrent deux fois plus de jours d’absence. Ils engagent de 3 à 4 fois plus de frais de soins de santé que les employés qui n’ont pas de facteurs de risque.
Marie-Claude Pelletier croit qu’un programme de santé et mieux-être bien ficelé produira des effets immédiats sur certains facteurs. L’absentéisme, le présentéisme et le taux de roulement diminueront rapidement, de pair avec les conflits de travail et autres griefs. Le climat de travail, la motivation et l’engagement des employés, ainsi que la qualité du service et des décisions s’amélioreront.
Une baisse des couts du régime de santé et sécurité au travail, ainsi que de ceux d’assurance collective privée pourrait se faire sentir dès la deuxième année. Outre le retour sur l’investissement, les mesures d’impact de ces programmes au Canada révèlent une diminution chaque année de 1,5 jour à 1,7 jour d’absence, soit 251 $ par employé. « Ces résultats montrent l’importance d’intervenir en amont pour garder les gens au travail », dit Mme Pelletier