Aux prises avec les aléas des bas taux d’intérêt à long terme, les caisses de retraite reçoivent aussi l’attention des manufacturiers.Standard Life a lancé en début d’année trois fonds d’obligations à passif ciblé pour aider les régimes de retraite à prestations déterminées à gérer le risque de taux d’intérêt. Ils avaient déjà amassé 50 millions de dollars (M$) d’actifs en février grâce à trois clients, dont CCH Canadian et Cytec Canada.

Les nouveaux produits se destinent aux caisses de retraite de petite et moyenne taille, soit celles dont le passif oscille entre 20 M$ et 100 M$, a précisé Marc-Antoine Morin, conseiller principal, développement et gestion de produits de Standard Life. Les trois fonds sont gérés par la filiale Investissements Standard Life.

Ces trois fonds sont conçus pour mieux s’adapter au profil démographique d’une caisse de retraite. Le Fonds d'obligations gouvernementales pour un passif à long terme prévoit un profil démographique majoritairement constitué d’employés actifs, avec durée de 18 ans. Le fonds pour un passif à moyen terme prévoit un profil démographique majoritairement constitué de retraités, avec durée de 13 ans. Celui conçu pour un passif à court terme prévoit un profil démographique comprenant uniquement des retraités, avec durée de sept ans.

« Les entreprises peuvent choisir celui qui reproduit le mieux le profil démographique de leur régime ou en combiner deux », ajoute M. Morin. La réplique n’est pas parfaite, convient-il, mais elle reflète bien ou très bien l’horizon de temps du régime.

Solution que Standard Life qualifie de sophistiquée, ces fonds s’offrent à des frais de gestion qui varient selon la taille du régime et oscillent autour de 0,03 %. Des frais qui se rapprochent de ceux perçus en gestion indicielle, dit M. Morin.

Le défi économique actuel a dicté ce lancement de produit. « Les taux d’intérêt à long terme créent une grande crise dans les régimes à prestations déterminées. Leur passif augmente quand ces taux baissent, d’où une plus grande dette des employeurs envers leurs employés. Et ce passif a beaucoup augmenté, ces dernières années », dit M. Morin.

Dans un monde idéal, l’employeur dotera sa caisse de retraite à prestations déterminées d’investissements qui augmenteront lorsque le passif est à la hausse, dit M. Morin. Or, les fonds d’obligations traditionnels ne peuvent remplir ce rôle. « Ils ne sont pas conçus pour suivre le passif d’un régime à prestations déterminées, mais pour battre des indices sans lien avec ce passif », rappelle-t-il.

Investissements Standard Life s’est aussi attaquée à la volatilité avec Stratégies mondiales à rendement absolu (SMRA), un fonds lancé en mars. Il ne s’adresse toutefois qu’aux institutions et aux particuliers à valeur nette élevée. Le SMRA est un fonds privé en gestion commune réservé aux investisseurs accrédités (ou qualifiés) au sens du règlement 45-106 sur les dispenses de prospectus et d’inscription de l’Autorité des marchés financiers.

« La stratégie à rendement absolu vise à obtenir des rendements de placements positifs et constants, peu importe les conditions du marché, tout en gérant le niveau de risque », dit Roger Renaud, président d’Investissements Standard Life.

Initialement lancé au Royaume-Uni en 2006, le fonds SMRA ne s’est replié que de 3,7 % lors de la crise de 2008, alors que les marchés des actions mondiales ont reculé de plus de 17,4 %, affirme Standard Life. Depuis sa création, le fonds a procuré un rendement annualisé brut de 8,6 % et une volatilité de 5,9 %. Au cours de la même période, les actions mondiales, comprises dans l’indice MSCI Monde, n’ont généré qu’un rendement de 5,3 % et une volatilité de 15,4 %.