Le gouvernement fédéral devrait rendre public sous peu son projet de stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques. Selon le Bureau d’assurance du Canada, les objectifs qui seront énoncés dans la stratégie devront comprendre des cibles précises.
Le 30 mars dernier à Vancouver se déroulait le forum Globe 2022, une conférence réunissant des chefs d’entreprise et des chercheurs qui œuvrent à la transition vers une économie axée sur la croissance durable.
De nombreux représentants du gouvernement Trudeau ont participé à l’activité, dont les ministres Steven Guilbault et Jonathan Wilkinson, respectivement titulaires des portefeuilles de l’Environnement et du Changement climatique et des Ressources naturelles du Canada.
Durant le forum, le Bureau d’assurance du Canada (BAC) organisait une table ronde à laquelle les deux ministres ci-dessus ont participé, de même que des représentants d’assureurs et du monde municipal, des associations professionnelles et des organisations autochtones nationales. L’activité était menée conjointement avec le Climate Change Institute.
La table ronde portait sur l’élaboration de la stratégie nationale d’adaptation, laquelle décrira comment l’économie et la société canadiennes peuvent être plus résilientes et mieux préparées afin de faire face aux répercussions des changements climatiques.
Craig Stewart, vice-président aux affaires fédérales du BAC, explique au Portail de l’assurance le contexte qui a mené à l’organisation du forum et les attentes de l’industrie concernant cette stratégie. Le comité aviseur a été créé l’automne dernier. Il a publié son rapport en janvier.
« On y traitait des objectifs à atteindre dans cinq grands axes : la santé, les infrastructures, les écosystèmes naturels, l’économie et la résilience aux changements climatiques », précise-t-il.
Le document devrait être publié en même temps que le projet de stratégie sera officiellement dévoilé aux fins de la consultation publique, d’ici la fin du mois d’avril. La stratégie nationale sera ensuite lancée avant la fin de l’automne.
Un ministre préoccupé
Au même forum le ministre Guilbault a présenté son Plan de réduction des émissions pour 2030 : prochaines étapes du Canada pour un air pur et une économie forte.
« Le ministre Guilbault a été très présent lors de la table ronde et il a posé d’excellentes questions. Pour être franc, je pense que le lancement du plan sur les émissions de GES a occupé une bonne partie de son temps et qu’il n’était pas nécessairement très bien préparé à notre discussion. Mais il s’est plongé là-dedans et a ciblé les bonnes questions, et il a assuré aux participants que leurs préoccupations avaient été entendues », relate M. Stewart.
Des cibles
« Quand on pense adaptation, nous croyons que la plupart des gens sont préoccupés par les sinistres naturels comme les inondations, les incendies de forêt, les tornades ou les tempêtes de grêle que nous avons vécus ces dernières années. Nous trouvions que les échanges ne nous permettaient pas d’aider les Canadiens à se préparer à mitiger les dommages reliés à ce type de sinistre », indique-t-il.
La table ronde du forum Global 2000 visait justement à préciser les attentes des intervenants sur les risques les plus importants à surveiller et les moyens à prendre pour mitiger les dommages qu’ils causent. La discussion de 90 minutes a été fort instructive pour le gouvernement, selon M. Stewart.
Le vice-président du BAC estime que des objectifs à atteindre d’ici 2050 sont nécessaires, mais ils doivent être suivis par des critères et indicateurs. « Nous croyons qu’il faut définir des cibles concrètes, avec un échéancier par secteur d’activité et quels sont les moyens à prendre pour y arriver », dit-il.
Par exemple, la stratégie nationale pourrait prévoir de réduire de 90 % le nombre de décès découlant des méfaits d’une canicule d’ici 2030. « Que faut-il faire pour y arriver ? Ça peut vouloir dire, par exemple, de subventionner l’achat et l’installation de climatiseurs ou d’échangeurs d’air qui visent les personnes les plus vulnérables », suggère Craig Stewart.
Le gouvernement a déjà promis de séquestrer le carbone en plantant 2 milliards d’arbres à court terme, ajoute-t-il. « Il pourrait utiliser une partie de cet investissement pour verdir les quartiers et créer des parcs dans les centres urbains où la canicule est la plus dommageable », ajoute-t-il.
Selon lui, il importe que la stratégie soit associée à des programmes précis qui visent l’atteinte des cibles, et ces mesures concrètes ne sont pas toutes fort coûteuses.
Cartographie des inondations
Craig Stewart demeure optimiste et il affirme que le Canada sera doté d’une cartographie précise et accessible des zones inondables d’ici la fin de 2023. Le BAC réclame cette mise à jour depuis plusieurs années. « Ça s’en vient, le financement est bouclé, le gouvernement s’est engagé », dit-il.
Le programme national d’assurance contre les inondations est aussi l’objet de tractations entre le gouvernement canadien et les provinces. Ce projet-là devrait aussi aboutir d’ici 18 mois, selon M. Stewart. « La volonté est là, l’industrie de l’assurance est prête à jouer son rôle comme partenaire, alors je crois que les travaux sont sur la bonne voie », dit-il.
Les inondations sont d’ailleurs le fléau sur lequel l’industrie a le plus réfléchi en compagnie des différents paliers de gouvernement. La stratégie nationale devrait donc inclure des cibles très précises en cette matière.
« Je suis un optimiste prudent et je crois que nous aurons un plan sérieux sur l’adaptation au climat à l’automne. Mais il est important que la population exprime ses attentes pour l’avenir et que ses préoccupations soient considérées par les autorités », conclut Craig Stewart.