Les titres technos alimentent la volatilité des marchés et le Brexit revient sur le radar des analystes, alors que plusieurs s’attendent à une reprise économique inégale selon les pays et les individus.
Pour l’heure, la récente correction boursière qui a malmené les titres des grandes firmes de technologies de l’information ne semble pas avoir entamé l’enthousiasme des marchés financiers. L’économie semble aussi pointer vers une résilience face à la COVID-19. Mais selon des analystes, tous les pays ne profiteront pas d’une reprise économique au même moment, et des classes de la population seront plus affectées que d’autres par cette crise du coronavirus qui s’étire.
Saine correction
Le vendredi 4 septembre, Wall Street a terminé en baisse après que les titres de technologie aient amorcé une baisse la veille. Dans son bulletin du 11 septembre 2020, Pratte Gestion de portefeuilles rapporte les propos de la firme d’investissement privée 50 Park Investments, selon lesquels cette correction s’imposait et qu’elle n’est pas terminée. « Le marché restait sur une croissance trop explosive et on devait s’attendre à un repli. C’est normal et sain. Un repli encore plus important est même à anticiper », selon les propos du fondateur de la firme, Adam Sarhan, tels que rapportés par Pratte.
Le gestionnaire de portefeuille ajoute que cette récente chute du secteur technologique a conduit le marché boursier des technos NASDAQ vers sa pire performance depuis le 20 mars dernier. Selon lui, plusieurs analystes attribuent cette dégringolade à des inquiétudes sur ces titres dont la valeur a été poussée à des niveaux insoutenables.
La firme rappelle que les titres technologiques ont surperformé au cours des derniers mois, malgré la crise du coronavirus. Ce déclin se résume par « une prise de profit sur une valeur trop élevée des titres technologiques. Une baisse rapide certes, mais nous avons pu observer une normalisation suivant une augmentation un peu trop accélérée. Le fait de naviguer à plus faible liquidité peut avoir tendance à amplifier les mouvements à la hausse et à la baisse » souligne Philippe Pratte, gestionnaire de portefeuille. Il signale que même après le recul du vendredi 4 mars, le NASDAQ est en hausse de plus de 70 % par rapport à son creux de mars.
Volatilité à son comble
Le gestionnaire signale que plusieurs titres technos ont rapidement repris du poil de la bête en début de semaine dernière, pour ensuite reculer de nouveau. Apple avait perdu plus de 6 % le mardi 8 septembre 2020 : il a ouvert en hausse de 3 % le lendemain. Affectée d’une chute de 21 % le mardi, l’action de Tesla a débuté la séance avec des gains de 6,5 %. « La prise de profit des derniers jours par les investisseurs est devenue un point d’achat intéressant après un repli de 10 % du NASDAQ lors des trois dernières séances » selon Philippe Pratte.
Le jeudi 10 septembre 2020, le scénario à la hausse se répète à l’ouverture des marchés, rapporte Pratte Gestion de portefeuilles. Soutenus par les titres du secteur de la technologie, les indices Dow Jones, NASDAQ et S&P 500 seront toutefois ballotés par une séance en montagnes russes. Les indices oscillant entre le vert et le rouge tout au long de la journée, ajoute le gestionnaire.
« C’est finalement à la baisse, encore une fois causé par un repli des valeurs technologiques, que les marchés ont clôturé la séance. Les titres tels qu’Amazon (-2,86 %), Apple (-3,26 %), Facebook (-2,06 %), Alphabet (-1,37 %) et Netflix (-3,90 %) ont tous connu une mauvaise journée », précise-t-il. Pratte souligne le point de vue de JP Morgan Chase & Co., selon laquelle la liquidité du marché demeure faible, et que ceci peut rendre les actions vulnérables à des mouvements exagérés.
Après la pluie
Gestionnaire de portefeuille sénior des fonds diversifiés et économiste d’iA Groupe financier, Sébastien McMahon a qualifié pour sa part qualifié de période positive la semaine du lundi 7 septembre 2020, au regard de sa dernière revue économique hebdomadaire. « Ce vendredi, la journée se déroule dans le vert », a-t-il dit lors de sa présentation virtuelle du 11 septembre 2020.
Après la forte volatilité qui a secoué les titres de technologies à partir du 3 septembre, la semaine suivante a été positive du côté des obligations, signale M. McMahon. Il souligne toutefois la volatilité du côté des actions, surtout dans le marché américain. L’indice S&P 500 affichait un recul de -2,55 % (-1,58 % en $CA) dans la période du 7 au 10 septembre, observe-t-il. Cet indice a progressé de 4,74 % depuis le début de l’année (6,37 % en $CA). De son côté, le marché canadien représenté par l’indice S&P/TSX a reculé de 0,15 % dans la même date. Il a retraité de 2,94 % depuis le début de l’année.
L’économiste d’iA note que l’intérêt des investisseurs se porte sur l’Europe. Dans la même période, l’indice EAEO a gagné 1,42 % (2,47 % en $CA), alors qu’il traine la patte depuis le début de l’année, avec un recul cumulatif de 8,10 % (-3,72 % en $CA). L’indice MSCI Emergent a pour sa part reculé de 1,30 % (-0,28 % en $CA) du 7 au 10 septembre 2020, mais a gagné 2,66 % depuis le début de l’année (0,56 % en $CA).
Reprise inégale
La reprise économique, ou les prévisions du moment à laquelle elle se concrétisera, se fait passablement inégale selon les pays, fait remarquer M. McMahon. « Elle devrait se réaliser en cours d’année en Chine, ou la croissance économique est forte. Elle a les capacités de fermer l’économie et de contrôler la pandémie. Même chose pour la Corée du Sud, très proactive dans la gestion de cette crise. La reprise est attendue en Allemagne au début de 2022, et plus vers la mi-2022 ou plus tard pour le Canada et les États-Unis », dit l’économiste. Ces pays ont selon lui bien géré la crise, mais la reprise sera ralentie par l’ampleur des plans de relance financiers et fiscaux injectés dans leur économie.
Lors de cette présentation, le vice-président principal et économiste en chef d’iA, Clément Gignac, a dit partager cette vision d’une reprise inégale parmi les différents secteurs de l’économie. « Le niveau du secteur de la restauration et de l’hébergement demeure 40 % plus bas qu’il ne l’était en février », signale M. Gignac.
Encore le Brexit
Pour compliquer les choses, le Brexit revient dans l’actualité, signale M. McMahon, alors que la date limite pour avoir une entente entre le Royaume-Uni et l’Union européenne approche à grands pas, soit entre le 15-16 octobre. Une échéance qui ne sera probablement pas respectée au train où vont les choses, selon des informations d’ING présentées par le gestionnaire d’iA. Les choses augurent mal alors que le premier ministre du Royaume-Uni, Boris Johnson, a rejeté l’ultimatum de l’Union européenne en contraventions des lois internationales.
Le gestionnaire d’iA n’observe par ailleurs aucune surprise du côté de la Banque centrale européenne. Elle ne s’inquiète pas du renforcement de l’euro. Il n’y aura pas d’ajout de stimulation fiscale, indique M. McMahon. Aux États-Unis, les PME se montrent optimistes, mais réalistes dans les derniers mois en ce qui touche les ventes, ajoute-t-il. « Les inventaires étaient faibles. On verra si la confiance tient. Les perspectives économiques demeurent incertaines. » M. McMahon signale que malgré de récents progrès économiques aux États-Unis, les mises à pied ont légèrement augmenté.
Les inégalités de la reprise
M. McMahon rappelle qu’au pays, la Banque du Canada a maintenu son taux directeur à 0,25 %. « Selon nous, la Banque du Canada devrait demeurer sur les lignes de côtés pendant quelques années », prévoit le gestionnaire. La reprise sera inégale parmi les différents secteurs de l’économie, signale quant à lui Clément Gignac, à la lumière du discours du directeur de la Banque du Canada, Tiff Macklem.
Parmi les différents secteurs économiques, la restauration et l’hébergement sont durement touchés. « Le niveau du secteur de la restauration et de l’hébergement demeure 40 % plus bas qu’il ne l’était en février », dit M. Gignac. Par groupe de travailleurs et de genres, il souligne que les pertes d’emplois ont touché plus durement les travailleurs aux revenus plus faibles et les femmes, affirme M. Gignac sur la base des renseignements de Statistique Canada et de la Banque du Canada.
Clément Gignac observe que les travailleurs dont le revenu hebdomadaire est inférieur à 500 $ ont été les plus affectés. Les femmes ont été plus nombreuses que les hommes à quitter le marché du travail, selon la variation des taux d’activité selon l’âge et le sexe entre février et aout 2020, ajoute-t-il. C’est particulièrement le cas des femmes de moins de 24 ans.
L’infonuagique et le traitement du cancer porteurs en 2030
Pour leur part trois experts du gestionnaire ontarien Capital Group ont fait un saut en 2030. L’analyste des marchés boursiers Brad Barrett et les gestionnaires de portefeuille d’actions Cheryl Frank et Chris Thomsen ont ainsi publié une analyse sur les changements qu’ils anticipent pour la prochaine décennie et leurs répercussions pour les investisseurs.
Parmi les grands thèmes d’investissement qui feront selon eux tendances dans la prochaine décennie, les trois experts prévoient la demande en infonuagique explosera. Ils estiment que les fournisseurs de ces solutions infonuagiques seront en mesure d’influencer la chaîne d’approvisionnement technologique selon ce qu’ils décident de produire ou de confier à l’externe.
Selon les experts de Capital Group, les récentes avancées scientifiques semblent suggérer un scénario selon lequel la guérison complète du cancer serait possible. Ils fondent cette impression sur les progrès de la thérapie génique et les nouvelles applications de l’intelligence artificielle. Ces deux facteurs accélèrent selon eux le développement de médicaments.
D’autres de leurs thèmes soulignent l’importance de l’intelligence, laquelle pourrait, selon Capital Group, « déclencher la prochaine révolution technologique ». Les experts en veulent pour preuve l’apprentissage machine, qui poursuivra son développement, de la reconnaissance vocale jusqu’à la prévention de la fraude. Ils signalent de plus que les véhicules autonomes domineront sans doute les routes d’ici 2030. « Le bon rapport entre sécurité et prix devrait continuer à faire progresser l’intelligence artificielle », avancent-ils. Toujours sur ce thème, Capital Group rappelle que la combinaison de la télésanté, des diagnostics à domicile et de la livraison de médicaments devrait modifier le monde médical.
Réponse à la volatilité pour les retraités
En attendant de voir ces tendances se matérialiser, Capital Group vient de lancer produit d’investissement conçu pour permettre aux investisseurs retraités de recevoir un revenu mensuel sans trop craindre les effets de la volatilité. Appelée Capital Group portefeuille de revenu mensuel, la solution s’adresse particulièrement aux investisseurs qui sont proches de la retraite ou déjà retraités.
Son risque se veut faible et il vise à verser à l’investisseur un revenu mensuel régulier qui ne soit pas sensible à l’évolution des taux d’intérêt ou des marchés boursiers. Le portefeuille mise sur deux volets pour réduire la volatilité : les obligations de qualité supérieure et les actions qui versent des dividendes.
La combinaison des deux permet selon Capital Group de tempérer la baisse des marchés boursiers et assurer la croissance du portefeuille. Parmi les architectes de la solution et gestionnaire de portefeuille de Capital Group, Hilda Applbaum souligne que les risques auxquels sont confrontés les investisseurs qui épargnent en vue de la retraite diffèrent fondamentalement de ceux des investisseurs retraités. « Nous avons conçu le Portefeuille de revenu mensuel pour tirer parti des catégories d’actifs du monde entier, en fournissant la résilience et la régularité nécessaires pour aider les investisseurs à garder le cap lorsque la volatilité du marché frappe. ». La firme dit placer les sommes investies au sein de ce portefeuille dans des fonds sous-jacents de Capital Group et des fonds affiliés.