Environ 1,6 million de Canadiens vivent avec les séquelles d’une maladie cardiovasculaire.
Une comparaison de la qualité de vie des survivants d’hier avec celle des survivants d’aujourd’hui révèle une véritable transformation, selon un cardiologue canadien, le Dr Eldon Smith.
Non seulement les gens survivent, mais ils vivent pleinement. Il y a 50 ans, un survivant d’une crise cardiaque était souvent très malade et soumis à des restrictions. La convalescence durait des mois et lorsque le patient retournait à la maison, on lui conseillait d’acheter une chaise berçante et de regarder la télévision, de ne pas retourner au travail et d’éviter les activités physiques, y compris celles de nature sexuelle. Il ne retrouvait jamais sa vie normale.
Aujourd’hui, les survivants obtiennent leur congé souvent quelques jours après l’événement, peuvent retourner au travail quelques semaines plus tard et sont fortement encouragés à être actifs physiquement et à suivre un nouveau régime alimentaire. S’ils participent à un programme de réadaptation cardiaque, ils améliorent leurs chances de retrouver une vie normale et ils développeront de meilleures habitudes de vie que dans le passé.
Augmentation de certains facteurs de risques
Néanmoins, malgré les progrès dans les traitements et la médication ainsi que l’amélioration de la survie et de la qualité de vie, les cardiologues restent très inquiets pour le futur.
« Nous risquons de perdre les gains que nous avons réalisés aux prix de grands efforts, car certains facteurs de risque de maladies du cœur se sont accrus radicalement, illustrant comment nos modes de vie ont changé, pas toujours pour le mieux », disent-ils.
Plusieurs faits les inquiètent :
- Les taux de diabète chez les victimes d’une crise cardiaque ont connu une croissance fulgurante, passant de 17 à 31 % en l’espace de quelques décennies.
- Il y a environ 2 millions d’habitants au pays qui souffrent de diabète, soit plus de 6 % de la population, et, selon l’association canadienne du diabète, cette proportion atteindra 11 % d’ici 2020.
- Dans la population, les taux d’embonpoint et d’obésité sont plus élevés que jamais. Plus de la moitié des adultes au Canada, soit 60 %, ont un surplus de poids ou sont obèses.
- Les taux d’obésité chez les enfants ont triplé au cours des 30 dernières années, passant de 3 à 9 %, et un tiers des enfants au pays font de l’embonpoint ou sont obèses. On dit que des générations qui grandissent auront une espérance de vie moindre que celle de leurs parents s’ils ne modifient pas leurs mauvaises habitudes de vie.
- Compte tenu du vieillissement de la population, le risque de maladies cardiovasculaires augmente chez les gens.
Des efforts soutenus s’imposent
Ainsi, une population vieillissante, une alimentation moins saine, des taux élevés d’obésité chez des enfants et des jeunes adultes, le diabète et la sédentarité vont ralentir et même faire reculer les progrès réalisés dans la lutte contre les maladies du cœur et l’AVC, craignent des experts.
« Même si des avancées remarquables en ce qui concerne la prévention et la prise en charge des maladies du cœur ont été réalisées au cours des dernières décennies, souligne l’Agence de santé publique du Canada, des efforts soutenus s’imposent pour prévenir encore davantage l’apparition de facteurs de risque de cardiopathie, assurer la détection et le traitement précoces et diminuer l’écart entre les femmes et les hommes sur le plan de la fréquence de la maladie. Enfin, le nombre absolu de personnes vivant avec une affection cardiaque est en augmentation et c’est pourquoi le besoin de ressources en gestion et en traitement des maladies du cœur demeurera élevé », conclut-elle.