Communauto existe depuis 22 ans. À ses débuts au Québec, trouver un assureur a été un problème. Cette difficulté a même eu raison des efforts d’entreprises d’autopartage de lancer leur service ailleurs dans le monde.

Lors d’un débat tenu à la Journée de l’assurance de dommages 2016, Benoit Robert, président de Communauto, a relaté qu’à ses débuts, l’entreprise a mis un an avant de trouver un assureur, car il n’existait aucune donnée actuarielle permettant à l’actuariat de mesurer et évaluer le risque associé au partage de l’auto. La Capitale a pris le risque de couvrir ses activités de Communauto. La compagnie en est encore l’assureur aujourd’hui.

Et M. Robert fait remarquer que le régime d’assurance automobile en vigueur au Québec depuis plus de 35 ans a permis aux assureurs de bien mesurer leur risque. Dans d’autres provinces ou États américains, l’absence de cadre règlementaire a rendu impossible la survie des entreprises d’autopartage. Cela a été le cas à Buffalo, où l’exploitant a cessé ses opérations après avoir perdu sa couverture d’assurance. Communauto a vécu la même chose à Paris, où elle a perdu son assureur après deux mois d’activités.

Et pourtant, en analysant le nombre d’accidents avec réclamations par 1 000 personnes/véhicules, la clientèle de Communauto montre des statistiques remarquables. Selon les villes, les voitures sont partagées par 20 à 25 conducteurs. Si l’on compare le nombre d’accidents avec réclamations par million de kilomètres parcourus chez Communauto, les chiffres sont un peu moins avantageux. En 2009 et 2011, les statistiques ont même été plus élevées que la moyenne des réclamations chez les assureurs. Mais le cout moyen par réclamation demeure plus bas chaque année de 2009 à 2014 pour la clientèle de l’entreprise, qui comptait 2 000 véhicules dans huit villes au Québec et plus de 50 000 abonnés.

M. Robert ajoute que si l’on demande aux gens quel est l’objet dont la perte aurait l’impact le plus négatif sur leur quotidien, l’automobile est citée en priorité dans toutes les classes d’âge. Sauf chez les plus jeunes, qui refusent de se passer de leur ordinateur ou de leur téléphone sans fil.

La tendance est notable dans plusieurs pays occidentaux, ajoute M. Robert, où les jeunes sont de plus en plus nombreux à ne montrer aucun intérêt à devenir propriétaire d’une automobile. Dans l’étude récente publiée par le Baromètre de la consommation responsable, quelque 82 % des répondants sont d’accord avec le fait que l’usage d’un produit est plus important que le fait de le détenir comme propriétaire.

À San Francisco, bastion de l’univers numérique, quelque 4 % des déplacements en voiture sont déjà faits par des voitures partagées par plusieurs utilisateurs, alors que ces autos ne représentent que 0,6 % du parc automobile. En convertissant ce phénomène ici, on pourrait imaginer que 15 % du parc automobile pourrait suffire à réaliser tous les déplacements dans une ville comme Montréal, suggère Benoit Robert. À Helsinki, on vise même à éliminer tous les véhicules personnels d’ici 2020 pour encourager l’utilisation des autos en mode partage.