Le service de covoiturage Uber a conclu une entente avec Intact Corporation financière qui lui fournira prochainement de nouvelles polices sur mesure. Au-delà de ce partenariat, l’exemple d’Uber montre aujourd’hui à l’industrie la route à suivre pour ne pas manquer le virage de l’économie de partage.
Au mois de septembre dernier, Uber et Intact concluait un partenariat. Alors qu’Intact s’est engagé à collaborer étroitement avec les organismes de réglementation en assurance dans les provinces où Uber est actuellement implanté, le lancement de nouveaux produits d’assurance personnalisés est aujourd’hui d’actualité. Il devrait intervenir dans les prochains mois.
En Alberta, en Ontario et au Québec, le numéro un canadien de l’assurance de dommages proposera donc à Uber plusieurs polices afin de couvrir ses activités, commercialisées sous ses deux marques les plus célèbres, Intact Assurance et belairdirect. D’autres polices, destinées aux chauffeurs cette fois, sont encore au stade des discussions.
« Tout est nouveau, ces polices sont une totale innovation, souligne Jean-Nicolas Guillemette qui dirige les activités d’Uber au Québec, en entrevue au Journal de l’assurance. Aux États-Unis, de nombreuses compagnies d’assurance proposent déjà des polices pour couvrir le covoiturage. Nous bénéficions donc de données pour analyser les choses. »
Depuis le lancement d’Uber X à Montréal, le 29 octobre 2014, chaque course est couverte par une assurance en responsabilité civile de 5 millions de dollars. « Pour les chauffeurs, en plus des nombreuses vérifications auxquelles nous procédons, nous leur demandons une preuve d’assurance, prévient M. Guillemette. Nous ne sommes pas experts en assurance et chaque assureur a sa façon de faire. On recommande donc à chaque chauffeur de contacter son courtier ou son agent en assurance. Si son assurance refuse de le couvrir, alors, dans ce cas, c’est notre police qui prend le relais. »
S’il ne veut pas dévoiler le nom de la compagnie qui propose les couvertures actuelles, M. Guillemette assure toutefois qu’il s’agit d’un assureur de renom.
Pourquoi alors s’être tourné vers Intact pour la mise sur pied de nouvelles polices? « Intact est le plus grand assureur au Canada, c’est donc un partenaire naturel puisque le partenariat concerne les trois provinces dans lesquelles est implanté Uber, à savoir l’Ontario, l’Alberta et le Québec », dit M. Guillemette.
« Intact nous a approché et nous a fait partager sa vision exceptionnelle. Ils comprennent les changements en cours aujourd’hui. Ils comprennent également les enjeux de l’économie de partage. Ils veulent faire partie de cette histoire et prendre part à ces changements. Ils nous ont dit : on veut aller là parce qu’on y croit ».
Si Intact présente aux yeux de M. Guillemette une ouverture, « une vision différente », c’est aussi parce que l’assureur pense déjà à l’assurance de demain. « L'arrivée d'Uber diminuera le nombre d'automobiles sur les routes, explique M. Guillemette. Les moyens de transport alternatifs peuvent donc représenter des opportunités pour les compagnies d’assurance. Intact a fait ce choix. »
Les assureurs face au futur de l’industrie
« Le monde de l’assurance est appelé à changer. Avec Uber, Communauto, Bixi, ou encore Airbnb, les risques sont différents. Il faut donc des produits qui soient plus adaptés à ces nouveaux besoins, souligne le directeur général d’Uber au Québec. Chez Uber, 70 % de nos chauffeurs partenaires travaillent moins de 20 heures par semaine, 50 % travaillent moins de 10 heures par semaine… »
Il est vrai que pour faire face aux nouvelles formes de mobilité, les assureurs ont tout intérêt à s’associer à l’économie du partage, en nourrissant l’espoir d’être les mieux positionnés si le marché explose. Par exemple, en France, pas moins de trois partenariats emblématiques ont eu lieu dernièrement : Axa et BlaBlaCar (service de covoiturage), Allianz et Uber, Generali et OuiCar (location de voiture entre particuliers).
D’où la nécessité de trouver de nouvelles solutions d’assurance plus flexibles, avec des produits qui répondent aux besoins des gens sur une base qui n’est pas professionnelle, pour des activités parfois de quelques heures par semaine.
Du côté des assureurs, les choses évoluent doucement aujourd’hui, ces derniers semblant avoir pris la mesure des enjeux de l’économie de partage. « Avec la majorité des personnes avec qui j’ai discutées, on sent que les choses sont en train de bouger. Les compagnies d’assurances le comprennent. Il y a une évolution, avec de plus en plus de visionnaires à la tête de ces entreprises », affirme M. Guillemette.
Lui-même issu d’une famille de courtiers, Jean-Nicolas Guillemette a déjà pu observer de près le « changement drastique » du rôle du courtier, confronté à plusieurs défis, dont la reconquête des parts de marché perdues au profit des assureurs directs. De cet état de fait, il tire un enseignement majeur : les assureurs ont une vision à long terme, et ces derniers affirment aujourd’hui être prêts à changer rapidement. C’est justement ce qu’il appelle de ses vœux.
« Je crois que la population, les gouvernements sont contents des évolutions en cours, annonce-t-il comme un message adressé à l’industrie. Les compagnies d’assurance qui prendront le leadership sur ces questions seront vues comme les chefs de file du changement lorsqu’il faudra se pencher sur d’autres innovations technologiques comme les voitures sans chauffeur. »
AirBnB étend sa couverture d’assurance au Canada
Avec plus de 33 000 inscriptions au Canada, AirBnB n’en finit plus de grandir. C’est pour cette raison que la plateforme spécialisée dans la location de logements de particuliers a annoncé dernièrement un élargissement de la couverture d’assurance au Canada pour mieux protéger les biens des hôtes.
Les assurances contiendront désormais une assurance responsabilité civile, sans frais pour l’hôte, qui couvrira les réclamations contre l’hôte si un invité se blesse sur les lieux ou cause des dommages affectant les propriétés voisines.
Bien que les réclamations contre les hôtes soient rares, AirBnB précise qu’il est important de s’assurer que des mesures soient prises pour éviter de couteux désagréments, tout en rappelant l’importance de posséder une bonne couverture d’assurance.