Un groupe de chercheurs canadiens a développé un nouvel outil afin de diminuer les cascades médicamenteuses et limiter leur développement auprès de patients.
Le ThinkCascades vise au départ les personnes âgées, mais la pharmacienne Lisa McCarthy croit qu’il pourrait servir pour des individus de tous âges qui prennent de nombreux médicaments.
Mme McCarthy est clinicienne au Institut for Better Health et professeure à la Faculté de pharmacie Leslie Dan et au Département de médecine familiale et communautaire à l’Université de Toronto.
Le journal de l’Association médicale canadienne (JAMC) décrit une cascade médicamenteuse comme une séquence au cours de laquelle l’effet secondaire d’un médicament est interprété à tort comme un nouveau problème de santé et conduit à l’ajout d’un autre médicament potentiellement évitable. Elle contribue à la polypharmacie qui peut entraîner l’hospitalisation et même le décès dans certains cas.
Les médicaments sous ordonnance ne sont pas les seuls responsables de ces cascades. Même les médicaments sans ordonnance et les produits de santé naturels peuvent y contribuer, souligne le Réseau canadien pour l’usage inapproprié des médicaments et de la déprescription.
Reconnaître des cascades médicamenteuses n’est pas si facile, précise l’organisme. « Elles peuvent durer des années et impliquer des conditions médicales, des symptômes et des médicaments différents. De nombreux symptômes, tels que la fatigue, la confusion, les étourdissements et les chutes peuvent en fait être des effets secondaires des médicaments, et non un signe de vieillesse ou une nouvelle condition médicale. »
Elles entraînent aussi des coûts additionnels pour le système public de santé et les assureurs qui remboursent les médicaments.
Prescrire un médicament additionnel à un patient qui en prend plusieurs est chose facile, lui en retirer l’est moins. Ce n’est pas juste l’affaire des médecins et des pharmaciens.
Lors d’un colloque sur la polypharmacie organisé par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), une conférencière avait évoqué la résistance de patients à se faire enlever des médicaments en raison de leurs préférences et de leurs croyances.
Neuf cascades de prescriptions retenues
Un panel multidisciplinaire de 38 cliniciens provenant de six pays a contribué au développement de ThinkCascades. Près de 150 cascades ont été évaluées au premier tour.
À l’issue du processus de révision, neuf ont été retenues pour l’outil, qui est à la fois destiné aux médecins et aux pharmaciens. « Il intéressera tout professionnel de la santé qui prescrit ou gère des médicaments », précise Lisa McCarthy dans un courriel au Portail de l’assurance.
Pour l’instant, la liste n’est disponible que sur papier, mais la chercheuse ontarienne nous a indiqué que l’équipe travaillait au développement d’un logiciel qui détecte les médicaments à risques.
L’objectif de ThinkCascades
L’objectif de ThinkCascades vise à la fois à réduire ou arrêter le nombre de médicaments concernés qu’un patient consomme déjà et à prévenir une cascade avant qu’un deuxième médicament ne soit prescrit pour traiter un effet secondaire.
Même s’il a été élaboré en association avec des cliniciens spécialisés dans les soins aux personnes âgées, bon nombre des cascades de prescriptions sont applicables à toute personne qui prend beaucoup de médicaments, souligne Mme McCarthy.
« Nous pensons généralement à rechercher les cascades de prescription existantes chez les personnes qui prennent beaucoup de médicaments, mais tout le monde peut en subir une », précise-t-elle.