Les banques centrales sont confrontées à un défi technique de taille : amorcer une baisse des taux d’intérêt après une période de hausses agressives en 2022 et 2023. Un nouveau rapport de Mercer examine cette dynamique ainsi que d’autres considérations économiques et de marché dans son analyse annuelle intitulée After the climb comes the descent

« Les banques centrales devraient continuer à réduire les taux d’intérêt à différents intervalles jusqu’à ce que la situation se stabilise — en espérant que l’économie ne soit pas victime d’une panne de pneu en cours de route », indiquent les auteurs du rapport.

« Nous prévoyons un ralentissement de la croissance dans les économies développées à court terme. » Cela dit, ils soulignent que les risques de récession demeurent faibles grâce à la solidité des bilans des entreprises et des ménages. 

« En regardant plus loin, vers 2025, nous nous attendons à ce que l’assouplissement de la politique monétaire stimule la croissance. Toutefois, des risques subsistent autour de ce scénario de base, tant à la hausse qu’à la baisse, aux États-Unis », précisent les auteurs. 

Ils notent que l’inflation a diminué et qu’en 2025, « elle parcourra le dernier kilomètre pour atteindre les niveaux cibles. » 

Perspectives du Japon et de la Chine 

Les chercheurs accordent une attention particulière aux perspectives du Japon et de la Chine. Il est mentionné dans le rapport que les actions mondiales pourraient offrir des rendements supérieurs aux attentes par rapport aux liquidités, ce qui pourrait justifier une surpondération dans les portefeuilles.

En matière de revenu fixe, on peut lire que les marchés obligataires gouvernementaux, en particulier aux États-Unis, ont revu à la baisse leurs attentes en matière de réductions agressives des taux d’intérêt. Toutefois, certaines politiques américaines pourraient exercer une pression à la hausse sur les rendements. 

Concernant l’inflation, l’année 2024 a mal débuté, mais la situation s’est normalisée au fil des mois. « Nous nous attendons à ce que l’inflation continue de se normaliser en 2025 pour plusieurs raisons », indiquent les auteurs du rapport. « Le facteur perturbateur potentiel pour l’inflation américaine reste l’augmentation des tarifs douaniers et le creusement du déficit budgétaire. Il reste à voir si ces tarifs seront réellement mis en œuvre, à quelle échelle, ou s’ils servent uniquement d’outil de négociation. » 

Tarifs douaniers potentiels 

Ils précisent que si les États-Unis imposent des droits de douane de 60 % sur les importations chinoises et de 10 % sur toutes les importations en provenance du reste du monde, comme annoncé, cela représenterait la plus forte augmentation tarifaire en plus de 100 ans. Plus récemment, le nouveau président aurait promis d’imposer des tarifs de 25 % sur toutes les importations canadiennes, à compter du 1er février. 

L’un des principaux risques mentionnés dans le rapport est la possibilité pour les décideurs de sous-estimer les effets différés de la politique monétaire, ce qui pourrait entraîner une récession dans une ou plusieurs économies. « La croissance est demeurée remarquablement résiliente malgré l’un des cycles de hausse de taux les plus agressifs de l’histoire », indiquent-ils. 

Toutefois, les auteurs rapportent également une perspective optimiste en soulignant que l’intelligence artificielle (IA) et d’autres nouvelles technologies pourraient entraîner une accélération de la croissance de la productivité à l’échelle mondiale. L’IA pourrait générer des gains de productivité substantiels, mais elle pourrait aussi poser des risques de déflation dans les années à venir, « car l’augmentation de la productivité et de l’automatisation exercera une pression à la baisse sur les salaires. »