La société d’ententes viatiques (life settlements) Crown Life Capital Canada a acquis un portefeuille de 107,5 millions de dollars (M$) de polices d’assurance vie sous ententes viatiques, concentré aux États-Unis.Dans un communiqué publié le 7 octobre, Crown Life se dit bien positionnée avec cet achat pour profiter de la croissance dans le marché des ententes viatiques. (NDLR : Il ne faut pas confondre cette compagnie privée d’investissement avec Crown Life, l’ancienne compagnie d’assurance de personnes acquise par Canada-Vie en 1998.) L’entreprise ajoute que les investissements en ententes viatiques produisent de hauts rendements qui ne sont pas affectés par l’environnement économique ni corrélés aux autres marchés, dont celui des ressources.

« Nous sommes heureux de cette acquisition et voulons remercier notre partenaire financier, North Channel Bank, ainsi que nos conseillers et actionnaires pour leur soutien, leur dur travail, leur diligence et leur persévérance », a déclaré dans ce communiqué la PDG de Crown Life, Lorraine Fusco. North Channel Bank est une banque privée dédiée aux firmes actives dans le secteur des ententes viatiques.

Surprise chez les conseillers

Des professionnels de l’industrie ont exprimé sur le forum en ligne For Advisors Only leur surprise de voir un récent communiqué dans lequel Crown Life semble revivre sous les traits d’une société d’ententes viatiques. La Crown Life actuelle est une société d’investissement privée établie à Mississauga. Elle cible et acquiert des polices d’assurance vie de personnes âgées. Une fois acquises, elle les détient jusqu’au décès des assurés en espérant tirer un profit de l’opération.

Cette pratique est interdite en Ontario. Or, des firmes qui y sont basées, comme celle-ci ou encore MaxLife Fund, et d’autres ailleurs au pays, achètent régulièrement des polices dans des provinces qui ne l’interdisent pas : Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse et Saskatchewan, lorsqu’elles ne se rabattent pas simplement sur les États-Unis, où la pratique est populaire et tolérée dans plusieurs États.

Des recherches menées par le Journal de l’assurance montrent que Crown Life affiche un parcours sinueux. La compagnie s’appelait précédemment Crown Alliance Capital Limited. Sous ce nom, elle a vu suspendre son titre boursier sur les marchés américains (symbole : CACL) par le régulateur américain Securities and Exchange Commission (SEC) en 2013. La SEC alléguait le manque d’informations financières portant sur l’actif et les actionnaires de la compagnie, ou encore l’inexactitude de celles-ci.

Penny stock

Selon les analystes du moment, CACL était un penny stock, soit une action à bas prix au cours très volatil et souvent moussé par des promoteurs. Parmi les sites qui bouillonnent habituellement autour de ces titres à haut risque, hotstocked.com rapporte alors que cette compagnie s’appelait auparavant Kinetic Resources Corp., une compagnie privée de Calgary active dans le secteur gazier. Selon le site, CACL aurait acquis sa première police d’assurance en juin 2012. Il émet en outre une mise en garde : « La compagnie a été moussée en 2013 par des promoteurs payés (paid pumpers). Cela augmente le risque associé à l’investissement dans les penny stocks. »

Lorraine Fusco a été nommée PDG de Crown Life le 8 mai. Or, elle était aussi PDG de Crown Capital Alliance et, auparavant, à l’œuvre dans une société du nom de Fusco Financial. Qu’est qui a poussé Mme Fusco à choisir le nom d’un assureur jadis de grande notoriété? À deux reprises, il a été possible pour le Journal de l’assurance de joindre Mme Fusco, mais chaque fois, elle a dit ne pas être disponible pour une entrevue et a promis de rappeler dans la journée, ce qu’elle n’a pas fait. Contactée ensuite par courriel, elle n’a pas répondu.

Sur son profil de LinkedIn, Mme Fusco écrit cumuler 15 ans d’expérience dans l’industrie de l’assurance et avoir été membre de la Table ronde des millionnaires (MDRT) de 2005 à 2008.