Si les Jeux olympiques couronnaient le système de régimes de retraite le plus viable, les Pays-Bas gagneraient la médaille d’or. Le Canada terminerait quant à lui dixième.

Pour Mercer, qui vient de publier l’Indice mondial Mercer Melbourne, le Canada a amélioré sa performance. La firme-conseil juge bénéfiques les améliorations apportées au Régime de rentes du Québec et au Régime de pensions du Canada.

Même si le système de retraite canadien demeure solide, des risques se profilent à l’horizon, affirme F. Hubert Tremblay, conseiller principal chez Mercer Canada. « La couverture des travailleurs du secteur privé par des régimes de retraite est faible. La croissance du niveau d’endettement et des coûts liés aux soins de santé continuera d’exercer une pression sur les programmes de retraite non capitalisés, y compris la Pension de la Sécurité de vieillesse. »

Des efforts doivent donc être déployés à trouver des options de retraite intéressantes pour le Canada, dit-il. Réduire les coûts, alléger les responsabilités en matière de gestion des régimes et fournir aux Canadiens un accès à de meilleurs résultats font partie des solutions. Reconsidérer l’augmentation de l’âge d’admissibilité aux régimes de retraite d’État pour tenir compte de l’allongement de l’espérance de vie doit aussi demeurer un axe d’attention important, dit M. Tremblay.

Pourquoi les Pays-Bas et le Danemark sont-ils meilleurs que le Canada ?

Pour David Knox, auteur de l’Indice mondial Mercer Melbourne, le point de départ d’un système de retraite de classe mondiale est d’assurer le bon équilibre entre la suffisance et la viabilité. « C’est un défi auquel les décideurs se heurtent », dit-il.

Il donne en exemple le cas d’un un système offrant des prestations très généreuses, qui, à court terme, est peu susceptible d’être viable. À l’opposé, un système durable sur une longue période pourrait offrir des prestations très peu élevées. Comment trouver l’équilibre approprié alors ?

Pour M. Knox, un système ne doit pas seulement être viable ou adéquat. Une nouvelle dimension vient alimenter le débat quant à ce qui constitue un système de classe mondiale, affirme-t-il. Il s’agit de la couverture et de la proportion dans laquelle la population adulte participe au système.

« Certains pays ont réussi à instaurer une grande couverture grâce à la mise en place de systèmes de retraite obligatoires en milieu de travail. Dans certains cas, ils ont eu recours à des mesures d’adhésion automatique », explique-t-il.

Il livre une mise en garde. « En raison des changements apportés à la façon dont les gens travaillent dans le monde, nous devons nous assurer que les stratégies adoptées incluent tout le monde, pour que l’ensemble de la main-d’œuvre épargne en vue de l’avenir. Cela comprend les entrepreneurs, les travailleurs autonomes et toute personne bénéficiant d’un soutien du revenu, que ce soit des prestations de congé parental, des prestations d’invalidité ou des prestations de chômage. »


Cotes de suffisance et de viabilité des systèmes de retraite à l’échelle mondiale


L’espérance de vie augmente, il faut en tenir compte !

David Anderson, président des activités internationales de Mercer, ajoute que les dirigeants politiques ne doivent oublier de prendre en compte que l’espérance de vie continue d’augmenter.

« Les pays développés sont conscients des enjeux démographiques touchant leurs systèmes de retraite depuis un certain temps déjà. Dans les régions moins développées, il est réjouissant de voir de nombreux gouvernements reconnaitre les mêmes tendances au sein de leurs populations et prendre tout de suite des mesures pertinentes. Ces mesures favorisent la viabilité à long terme des systèmes de retraite futurs », soutient-il.

M. Anderson ajoute que plusieurs facteurs limitent la capacité de certaines compétences territoriales à améliorer la sécurité en matière de revenus de retraite. Le vieillissement des populations, les dettes souveraines élevées dans certains pays et la concurrence mondiale sur le plan de la réduction des impôts sont les principaux.

Selon les dirigeants de Mercer, il sera plus ardu d’assurer la viabilité à long terme de certains systèmes de retraite, car tous les points de départ sont différents et des facteurs uniques sont en jeu. « Néanmoins, chaque pays peut prendre des mesures pour améliorer son système. À long terme, il n’existe pas de système de retraite parfait, mais les principes des pratiques exemplaires sont clairs et les pays doivent songer à créer des politiques publiques et des conditions économiques qui rendent possibles les changements nécessaires », disent-ils.

Pourquoi Melbourne ?

Pour ceux qui se questionnent à savoir pourquoi le nom de la ville de Melbourne se trouve dans le nom de l’indice de Mercer, c’est parce qu’il est publié par l’Australian Centre for Financial Studies (ACFS) en collaboration avec Mercer et le gouvernement de l’État de Victoria, qui apporte la plus grande part du financement. L’indice bénéficie aussi du soutien financier du Finnish Centre for Pensions.

L’indice utilise trois sous-indices – la suffisance, la viabilité et l’intégrité – pour évaluer chaque système de retraite en fonction de plus de 40 indicateurs. Le tableau ci-dessous indique la valeur globale de l’Indice pour chaque pays ainsi que la valeur pour chacun des trois sous-indices : la suffisance, la viabilité et l’intégrité. Chaque valeur de l’Indice représente une cote entre 0 et 100.