Deux facteurs feront baisser la vente de polices d'assurance des véhicules récréatifs cet été. Tout d'abord, la nouvelle hausse des couts d'immatriculation pour les motos pourrait en inciter certains à abandonner ce loisir. Ensuite, 2009 a été marquée par une importante recrudescence des vols de bateaux, ce qui fera monter les tarifs d'assurance dans ce segment.Guy Lacroix, de Marine Expert, souligne que la hausse de vols de bateaux a été d'au moins 150 % au Québec. L'assureur Aviva Canada dit quant à lui avoir subi une hausse du vol de 120 % dans ce segment d'affaires. Selon M. Lacroix, 85 % des vols de bateaux se font hors de l'eau, lorsqu'ils sont stationnés dans la cour du propriétaire ou à côté de son chalet. « Ce fut épidémique en 2009. Étant donné que les gens ont moins utilisé leurs bateaux en 2009, on peut penser que ce fut plus tentant pour les voleurs. D'ailleurs, il n'y a pas de schéma quant aux vols. 2009 fut une année horrible à ce chapitre et on espère que ça va se corriger en 2010. Au bout du compte, 2010 sera peut-être un peu plus positive que 2009, mais sans plus », dit-il.

Le vice-président de Marine Expert ajoute que la hausse des vols de bateau aura un impact sur la prime. « C'est un segment qui est sous-tarifé depuis cinq ans. Même avec les augmentations de taux que nous allons imposer cette année, nous serons seulement au niveau où nous étions en 2005. La hausse devrait varier de 10 % à 12 %. Tout ce qu'on espère, c'est que la fréquence de vol ne sera pas aussi élevée qu'en 2009. La dernière année en a été une marquante par la quantité de vols de bateaux. Le nombre a explosé. C'est unique au Québec, car on n'a rien vu de tel en Ontario », dit-il.

Lucie Fréchette, d'Aviva Canada, estime aussi que la tarification des bateaux sera en hausse en 2010. Ce devrait d'ailleurs être le seul segment de véhicules récréatifs qui subira une hausse marquée. Ainsi, pour les bateaux, la hausse de la tarification des polices d'assurance nautiques sera au moins de 10 %, « pour combler l'augmentation du vol », explique-t-elle.

En assurance moto, c'est la nouvelle hausse des couts d'immatriculation de la Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) qui pourrait inciter certains adeptes à laisser leur engin de côté cet été. Plus la motocyclette est puissante, plus la hausse des couts est marquée. Pour une moto régulière de plus 400 centimètres cubes, tel une Harley Davidson, la hausse du cout d'immatriculation est de 109 $. Pour une moto à risque du même acabit, comme les motos de type sport, la hausse est de 380 $.

Selon Daniel Babineau, du cabinet de courtage J.A. Lemieux et fils, ces hausses auront un impact sur la vente de polices d'assurance. Il dit que la baisse de ses ventes sera moins marquée que lors des hausses précédentes imposées par la SAAQ. Il entrevoit qu'il faudra deux années avant que le marché se stabilise à la suite de cette nouvelle hausse des couts d'immatriculations. M. Babineau note aussi que les motocyclistes occasionnels tentent de vendre leur moto à cause de ces hausses. La valeur des véhicules a ainsi diminué de 30 à 40 %, dit-il.

« La hausse des immatriculations a eu un impact chez ceux qui ne font que 2 000 à 3 000 kilomètres par année. C'est comme pour ceux qui ne jouent au golf que trois ou quatre fois par année. Comme ça leur coute près de 200 $ la partie, ils ont arrêté de jouer. On voit le même phénomène en moto. Ainsi, pour 2010, on s'attend à une autre baisse des nouvelles affaires de 10 %. Pour les bateaux et les caravanes, ça devrait rester stable. En moto, le problème, c'est qu'il y a deux phénomènes en jeu : la récession et la hausse des couts d'immatriculation. Dans les autres segments, il n'y a que la récession. Pour les bateaux, la demande est moins grande. C'est la même chose pour les motorisés. De plus en plus, les gens les stationnent dans des parcs de camping. Ils font donc moins de kilomètres », précise M. Babineau.

Yves Fortin, d'AXA Assurances, demeure positif. « En 2010, la demande pour l'assurance moto variera selon l'économie. C'est un marché qu'on veut continuer à développer. Les ventes de véhicules demeurent une incertitude, mais ça reste un secteur intéressant », dit-il.

Pour cette raison, AXA sera plus actif dans le marché des VTT. « On avait démarré tranquillement un programme en 2009. On sera plus actif en 2010. Nous voulons avoir une offre globale, en particulier pour les véhicules d'hiver. Malgré le fait que nous soyons un assureur généraliste, nous allons chercher des parts de marché dans la cour des assureurs spécialisés. On doit être capable d'assurer ce marché. Il intéresse beaucoup les courtiers. D'ailleurs, c'est un marché qui, historiquement, n'a jamais été chez les directs. Il y a aussi la volonté d'offrir une gamme de produits tous azimuts à leur clientèle qui entre en ligne de compte », spécifie-t-il.

Tarifs stables

Côté tarification, M. Fortin entrevoit une stabilité en moto et en caravane. « Les résultats techniques de ces deux segments ont toujours été bons. De plus, nous n'avons pas eu d'indications de détérioration quant à la fréquence ou à la sévérité des dommages », dit-il.

Même son de cloche du côté de Pafco, selon Danièle Boulé. « La tarification demeurera la même en moto. Nous ne prévoyons pas de grosses augmentations, car il y a plus d'assureurs dans ce marché. Je serais donc très surprise de voir de grosses augmentations », dit-elle.

Lucie Fréchette, d'Aviva Canada, s'attend aussi à une année stable en 2010 du côté des véhicules récréatifs, malgré une baisse possible du volume de bateaux et de motos. De plus, elle note que 2010 débute sur une bonne note.

« En motoneige, le membership des clubs a augmenté vu la neige reçue avant Noël. Quand il y a beaucoup de neige, ça fait toujours une bonne saison, car les gens se sont acheté une motoneige comme cadeau de Noël », dit-elle.

Chez Jevco, on dit vouloir maintenir et augmenter le volume dans les trois provinces ou il est présent, soit le Québec, l'Ontario et l'Alberta. « Pour nous, le Québec est toutefois distinct, car c'est un marché que nous avons bien développé, dit Lucie Constantineau. En Ontario et en Alberta, on a plus de place pour croitre. L'objectif au Québec est de conserver notre volume tout en gardant une progression ».
À La Capitale Assurances générales, on attend que la saison des salons, qui a débuté il y a peu, soit passée avant de faire des pronostics. L'assureur dit toutefois entrevoir une stabilité des primes pour 2010.

Richard Leclerc, de Leclerc Assurances, se dit optimiste en vue de 2010. Selon lui, la force du dollar canadien va permettre aux Canadiens d'acheter des véhicules récréatifs neufs à meilleur marché. Il entrevoit aussi une baisse du marché de revente étant donné la remontée du huard, puisque les gens vont se tourner vers des véhicules neufs. Au bout du comte, M. Leclerc table sur une croissance de 2 % de son volume de nouvelles affaires.