De 2003 à 2020, les pertes matérielles causées par les incendies au Québec ont fait un bond de 68 %. Le coût de ces dommages causés par le feu durant ces 17 années est passé de 271 millions à 457 millions de dollars (M$), selon un bilan réalisé par le ministère de la Sécurité publique (MSP). L’erreur humaine demeure la cause probable des sinistres dans 41,2 % des cas.
Ces chiffres sont tirés d’un rapport récent intitulé « La sécurité incendie au Québec, État des lieux » qui trace un bilan des 25 dernières années en matière de sécurité incendie. De 2003 à 2020, le nombre d’incendies déclarés dans la province s’est accru de 14 531 à 18 390.
Le nombre de feux dont les causes n’ont pu être déterminées est passé de 1 004 à 1 294 en quatre ans.
Au cours des 25 dernières années, les Services sécurité incendie (SSI) ont été modernisés, de nouvelles technologies ont été intégrées, les procédures opérationnelles ont été améliorées, la prévention et les campagnes de sensibilisation ont été renforcées. Malgré ces avancées, dit le ministère, certains aspects nécessitent encore des améliorations.
Nombre d’incendies déclarés
De 2003 à 2020, les SSI du Québec ont déclaré en moyenne 14 512 incendies par année. Au cours de cette période, le nombre d’incendies répertoriés s’est apprécié de 14 531 en 2003 à 18 390 en 2020.
Durant ces 17 années, le taux d’incendies a aussi connu une croissance, passant de 1,94 à 2,15 par 1 000 habitants, une majoration de 10,8 %. Une partie de cette hausse, précise le rapport, est attribuable à l’amélioration de la déclaration et de la collecte de données.
Avertisseurs de fumée : des lacunes
En 2022, le Québec comptait 20 394 pompiers, dont 5 114 officiers (directeurs, directeurs adjoints, officiers-cadres et officiers) : 5 607 temps plein, 6 948 temps partiel, 7 839 volontaires, auxquels s’ajoutent 426 préventionnistes, les pompiers d’incendie industrielle et les pompiers forestiers.
Les analyses statistiques réalisées par le ministère démontrent des lacunes dans l’utilisation des avertisseurs de fumée au sein de la population.
Les données recueillies de 2014 à 2022 révèlent qu’à peine 37,4 % des bâtiments dévastés par le feu étaient munis d’avertisseurs qui ont fonctionné pendant l’incendie. Dans 38,2 % des cas, les bâtiments n’étaient pas munis de détecteurs ou, s’il y en avait un, il ne fonctionnait pas.
Dans 24,4 % des foyers, l’information sur la présence de l’un de ces appareils de fumée est inconnue. L’an dernier, le MSP a mené une étude sur les décès liés aux incendies de 2017 à 2021. Elle a démontré que, dans le cas d’incendies mortels, un bâtiment sur quatre n’était pas muni d’un détecteur fonctionnel.
« Ces statistiques mettent en évidence un problème persistant et préoccupant, dit le MSP : malgré les efforts de prévention et de sensibilisation du public, une part trop importante de la population ne possède toujours pas d’avertisseurs de fumée fonctionnels. »
Erreur humaine
Au fil du temps, l’erreur humaine est demeurée la principale cause probable des incendies. Elle était à l’origine de ces sinistres dans 41,2 % des cas, suivie par la défaillance ou la défectuosité mécanique ou électrique.
Cependant, au cours des dernières années, le Québec a connu une augmentation du nombre d’incendies aux origines indéterminées. Leur nombre est passé de 1 004 (15,8 %) en 2016 à 1 296 (18,7 %) en 2020. Les services d’incendie ont été incapables d’en déterminer la source.
Décès à la baisse…
Au chapitre des vies humaines, les chiffres sont cependant positifs. De 2000 à 2020, le nombre de décès causés annuellement par les incendies a diminué significativement, passant de 65 à 30, une baisse de 53,8 %.
Le nombre de personnes blessées a également fléchi de 28,3 %.
... mais les pertes matérielles en hausse
De 2003 à 2020, les pertes matérielles sont estimées en moyenne à 409 M$ par année, passant de 271 M$ il y a 17 ans à 457 M$ en 2020, une augmentation de 68,5 %.
Cette hausse tient en partie à la valeur élevée des bâtiments endommagés.
Les assureurs interpellés
À la suite de l’adoption des premiers schémas d’intervention lors d’incendies, les MRC et les municipalités ont sollicité l’intervention du MSP pour inciter les assureurs à prendre davantage en compte de ces plans pour fixer leurs tarifs et leurs primes d’assurance incendie. Le MSP a sensibilisé à plusieurs reprises les assureurs, notamment par l’intermédiaire du Bureau d’assurance du Canada (BAC).
Or, déplore le rapport, les démarches du MSP n’ont donné aucun résultat. Ils veulent donc revenir à la charge.
« Il est impératif de réactiver ce dossier et de poursuivre les efforts visant à sensibiliser les compagnies d’assurances aux avantages des schémas de deuxième et de troisième génération, ainsi qu’à l’optimisation des ressources sur le territoire, écrit-on. Il est nécessaire de mieux démontrer les avantages potentiels de ces schémas sur les primes d’assurance habitation des citoyens. »
Les défis des SSI dans le futur
De nombreux défis attendent les SSI dans le futur, décrit le ministère la Sécurité publique :
- Le vieillissement de la population alors que les personnes âgées sont plus vulnérables aux incendies.
- L’étalement urbain qui augmente les distances à parcourir lors de feux.
- Les ressources financières allouées par les villes et municipalités à leur service incendie (5,9 %) qui sont beaucoup plus faibles que pour les services de police (12 %) et même de loisirs (13 %).
- Les nouveaux matériaux de construction qui comportent des risques particuliers d’incendie.
- Les nouvelles technologies, telles que les voitures électriques et les vélos électriques utilisant des batteries au lithium susceptibles de flamber.
- Les ressources et les services alloués à la lutte contre les incendies ne sont pas égaux partout. De nombreuses municipalités et leur SSI manifestent encore une réticence à collaborer avec leurs voisins en vue d’optimiser ces ressources.
« La prévention doit demeurer l’objectif numéro 1, insiste le MSP. Tous les SSI doivent mettre en application leurs programmes de prévention et trouver des solutions concrètes pour atteindre les objectifs annuels. »