Un nouveau livre blanc de la Fondation de recherche sur les blessures de la route (FRBR), financée en partie par des associations notamment issues du milieu de l’assurance, souligne l’importance d’améliorer la sécurité, la performance et le professionnalisme des conducteurs de camions lourds au Canada.

Cette recherche est motivée par une pénurie cyclique et persistante de conducteurs qualifiés. En 2022, le taux moyen de postes vacants dans l’industrie du transport routier était de 8,5 %, comparativement à la moyenne nationale de 5,4 %. Le rapport comprend également une réflexion sur les implications pour les transporteurs en matière d’assurance. Les enjeux soulevés dans ce document s’avèrent aussi éclairants pour les assureurs.

Principaux obstacles au recrutement

Intitulé Addressing the Driver Hiring Shortage: A Trucking Industry Blueprint, le document résume les informations recueillies lors d’une consultation nationale avec 20 organisations de l’industrie du camionnage, incluant des organismes à but non lucratif, des autorités fédérales et des organisations spécialisées en permis de conduire, formation des conducteurs et assurance. On y aborde l’ampleur et la portée du problème de recrutement de conducteurs ainsi que les principaux obstacles à l’embauche.

Notamment, l’assurance est identifiée et discutée comme l’un des freins à un recrutement efficace dans le secteur. « Actuellement, une conjonction de facteurs dans le secteur des transports, et dans des secteurs connexes comme l’éducation et la délivrance de permis, l’assurance, l’immigration, la prolifération de l’économie souterraine et la sécurité au travail, a considérablement limité la capacité des entreprises de camionnage respectueuses des lois à attirer des conducteurs qualifiés et professionnels », peut-on lire dans le rapport.

Normes incohérentes

Le document met en lumière le phénomène du « magasinage de juridiction » pour ce qui est de l’obtention de permis et de l’assurance. « Tout récemment au Canada, les juridictions qui tardent à resserrer les exigences réglementaires pour les entreprises en activité connaissent une hausse des inscriptions », mentionne-t-on.

Il est également question des normes inégales concernant les compétences et qualifications des instructeurs d’une province à l’autre, ainsi que de la tendance de nombreuses écoles à former des conducteurs uniquement pour réussir l’examen, plutôt que pour exceller dans leur métier.

Le rapport souligne aussi des écarts significatifs entre les écoles de formation en transport routier au Canada. Dans le domaine de la réglementation, plusieurs agences provinciales jouent un rôle dans la prestation des programmes. « Cela peut souvent mener à des pratiques divergentes, des incohérences et des inefficacités dues soit à des fonctions qui se chevauchent, soit à des problèmes de communication. »

Exigences en matière d’assurance

Concernant l’assurance, les auteurs du rapport relèvent des disparités entre les exigences provinciales, certaines provinces ayant des assureurs publics alors que les transporteurs dans d’autres provinces dépendent d’assureurs privés. « L’assurance des véhicules commerciaux est plus accessible et abordable dans les provinces ayant des régimes publics d’assurance, mais elle peut ne pas refléter nécessairement le risque actuariel », précisent-ils.

Le rapport souligne également que l’industrie du camionnage permet généralement aux conducteurs qui ont simplement réussi l’examen requis d’obtenir un permis sans vérifier leur degré de compétence. « Le camionnage suit un modèle quelque peu inversé où les candidats obtiennent des privilèges illimités après avoir démontré certaines habiletés, mais cet examen est une mesure ponctuelle effectuée par un examinateur indépendant sans preuve obligatoire de compétence réelle. »

Par ailleurs, la hausse des coûts d’assurance et la réticence des assureurs à couvrir de jeunes conducteurs ou des conducteurs inexpérimentés sont identifiées comme des obstacles au recrutement.

« Un leadership fort et une coordination sont nécessaires pour surmonter les perceptions erronées de longue date dans l’industrie, pour rehausser les normes de formation et de délivrance de permis des conducteurs et pour créer un bassin de talents assurables dans lequel les transporteurs pourraient recruter et retenir des employés qualifiés et diversifiés », indiquent les auteurs.