Les catastrophes naturelles ont marqué l’année 2022, selon plusieurs bilans publiés par l’industrie de l’assurance de dommages et les réassureurs.

Les dommages assurés ont dépassé les 3,1 milliards de dollars canadiens (G$ CA) au pays, selon la plus récente compilation publiée par le Bureau d’assurance du Canada (BAC). 

À l’échelle mondiale, Aon plc estime les pertes économiques à plus de 313 milliards de dollars américains (G$ US), dont 132 G$ en dommages assurés.

Au Canada 

Le 18 janvier dernier, le BAC confirmait que les dommages assurés attribuables aux catastrophes naturelles ont atteint 3,1 milliards de dollars (G$).

Cette estimation provient de la compilation menée par Catastrophe Indices and Quantification (CatIQ). La somme comprend les indemnités et les frais de règlement de sinistre en dollars de 2022. 

L’année 2022 arrive au 3e rang des pires années de l’histoire en matière de pertes assurées. Cependant, aucun événement catastrophique n’a contribué à la majorité des pertes, comme cela avait été le cas en 2016 pour les feux à Fort McMurray (Alberta). 

Selon Craig Stewart, vice-président, changements climatiques et enjeux fédéraux du BAC, « nous observons des signes précurseurs selon lesquels l’assurance des biens pourrait devenir moins abordable, voire inexistante, car les réassureurs mondiaux se détournent des pays plus risqués ».

L’instauration d’un programme national d’assurance contre les inondations est pressante, souligne-t-on dans le communiqué du BAC. La Stratégie nationale d’adaptation doit être finalisée ce printemps et elle sera nécessaire pour renforcer la résilience des collectivités, insiste le Bureau. 

La trace de Fiona 

Le 25 janvier dernier, Aon publiait à son tour son bilan des catastrophes naturelles. Au Canada, on souligne que l’année 2022 a été marquée par l’ouragan Fiona, devenu la plus forte tempête tropicale ou post-tropicale à frapper le pays et le plus important sinistre ayant frappé les provinces maritimes. La tempête a frappé le 24 septembre dernier. 

Sinistres catastrophiques assurés au Canada en 2022 - Carte par régions

Le derecho du 21 mai 2022, qui a frappé les agglomérations les plus densément peuplées de l’Ontario et du Québec, a été l’un des plus importants et coûteux parmi la liste des orages convectifs sévères, selon le communiqué publié par Aon pour le Canada. 

Ailleurs dans le monde 

À l’échelle mondiale, le rapport « Weather, Climate and Catastrophe Insight 2023 » d’Aon souligne que les pertes économiques associées aux catastrophes naturelles de 2022 ont été supérieures de 4 % à la moyenne depuis le début de ce siècle.

Tous les montants qui suivent sont en dollars américains. Quelque 421 catastrophes naturelles ont été enregistrées, dont 19 sinistres ont dépassé la barre du milliard de dollars en dommages assurés. 

Les dommages assurés, estimés par Aon à 132 G$, font de l’année 2022 la cinquième plus coûteuse de l’histoire pour les assureurs. L’écart de protection demeure élevé, avec 58 % des pertes non couvertes par l’assurance, mais il est largement inférieur à la moyenne du 21e siècle.

C’est seulement la deuxième fois en 22 ans que la barre de 40 % des dommages couverts par l’assurance est dépassée. La dernière fois, c’était en 2005. 

Quelque 75 % des sinistres couverts par l’assurance sont survenus aux États-Unis, une proportion largement supérieure à la moyenne de 60 % des années précédentes. 

Pour l’instant, les pertes découlant de l’ouragan Ian sont estimées à 95,5 G$, dont 52,5 G$ sont assurées. Cette catastrophe, qui a coûté la vie à 157 personnes, arrive en deuxième position derrière les pertes économiques (99 G$) et les dommages assurés découlant de l’ouragan Katrina en 2005. 

Canicules et inondations 

Totalisant 31 300 personnes, les pertes de vies humaines sont considérables, mais elles sont inférieures à la moyenne. Cependant, plus de 19 000 décès en Europe sont attribuables à la chaleur et aux canicules, ce qui n’est pas un bon présage dans le contexte du réchauffement global des températures. 

La tempête de vent Eunice a été la plus coûteuse depuis 2010 en Europe, entraînant des pertes assurées de 3,4 G$. Les nombreux épisodes de grêle ayant frappé la France ont aussi été fort coûteux (7,4 G$). 

Les primes d’assurance pour le risque de sécheresse se retrouvent au deuxième rang des primes les plus élevées de l’histoire, à 12,6 G$ à l’échelle mondiale. Des épisodes majeurs ont touché l’Europe, les États-Unis, la Chine et d’autres régions. Les sécheresses ayant frappé les États-Unis (8 G$) et l’Europe (3 G$) font partie des 10 pires sinistres de l’année pour les assureurs. 

La mousson au Pakistan a été particulièrement dévastatrice en 2022, avec des pertes économiques estimées à 15 G$ et 1 739 décès. Selon le service météorologique du pays, les précipitations reçues par le pays entre juillet et septembre étaient de 175 % supérieures à la moyenne. 

Les inondations en Inde ont causé des dégâts à 4,2 G$ US, dont seulement 100 millions de dollars (M$) étaient assurés. Ces sinistres ont aussi enlevé la vie à 2 125 personnes. 

Durant cinq semaines en février et mars, les provinces australiennes du Queensland et de Nouvelle-Galles-du-Sud ont été frappées par des inondations majeures. Les dommages ont atteint 8 G$, dont 4 G$ étaient couverts par l’assurance. Cet événement est le plus coûteux de l’histoire pour les assureurs australiens. 

Le tremblement de terre du 16 mars 2022 à Fukushima a coûté la vie à quatre personnes, en plus de causer des dommages estimés à 9,1 G$, dont 2,9 G$ en indemnités par les assureurs. 

Des leçons 

Les assureurs doivent travailler ensemble à trouver des « solutions évolutives », indique Greg Case, chef de la direction d’Aon. En agissant ainsi, outre l’atténuation des risques, l’industrie contribuera à regrouper « les forces publiques, privées et sociales pour accélérer l’innovation, protéger les collectivités mal servies et renforcer l’économie », ajoute-t-il. 

« Les dommages causés par les catastrophes partout dans le monde démontrent la nécessité d’adopter des stratégies d’atténuation des risques à plus grande échelle, y compris de meilleurs systèmes de gestion des catastrophes et d’alerte qui améliorent la résilience », souligne Michal Lörinc, chef de Catastrophe Insight chez Aon. 

Les rapports des réassureurs sont résumés dans un autre texte à paraître prochainement dans le Portail de l’assurance