Les changements climatiques, de même que la fréquence et l’intensité des risques qui s’y rattachent, représentent « un danger clair et évident » pour le Canada. C’est l’un des grands problèmes auxquels doit s’attaquer le secteur de l’assurance de dommages, dit Don Forgeron, président et chef de la direction du Bureau d’assurance du Canada (BAC).

M. Forgeron, qui a pris la parole lors d’un récent webinaire organisé par Swiss Re, souligne que tant la quantité que l’intensité des évènements météorologiques ont augmenté « comme jamais auparavant », au Canada et ailleurs dans le monde.

L’an dernier, le secteur canadien de l’assurance de dommages a versé 2,4 milliards de dollars en indemnités, alors qu’il n’y a eu aucun évènement de grande envergure. C’est pourquoi les gouvernements se concentrent presque exclusivement sur l’atténuation et l’adaptation.

Les gens se fient grandement à la valeur nette de leur maison pour leur revenu de retraite. Or, l’industrie a observé une augmentation des dommages matériels causés par des inondations, qui sont la principale cause de dommages aux résidences. Les répercussions financières sont majeures pour ceux qui vivent dans des zones inondables, dit M. Forgeron.

Patrick Raaflaub, directeur général de la gestion des risques, à Swiss Re, fait remarquer que les changements climatiques sont un risque émergent constamment plongé dans l’inconnu.

Il rappelle que l’industrie tout entière travaille à décarboner l’atmosphère en vue d’atteindre les objectifs de l’accord de Paris sur les changements climatiques. L’un de ces objectifs est de limiter le réchauffement de la planète à nettement moins de 2 °C. Pour atteindre cette cible à long terme, plusieurs pays tentent de contenir la hausse des émissions de GES dès que possible, le but étant d’avoir un monde neutre en carbone d’ici le milieu du siècle.

Décarbonation de l’atmosphère

M. Raaflaub fait savoir que pour atteindre la carboneutralité, il faudra éliminer de 120 à 160 gigatonnes de CO2 d’ici 2050. C’est là 20 % des émissions mondiales pour un an, jusqu’à 2090.

Les solutions, dit-il, se trouvent dans un domaine de la technologie dynamique, mais encore peu développé. En fait, ce genre de technologies n’aurait pas encore fait ses preuves en dehors des laboratoires.

Dans la prochaine phase, on continuera à développer ces technologies jusqu’à ce qu’elles puissent être mises en œuvre sur une plus grande échelle.

Le travail est certainement difficile, mais le secteur de la décarbonation pourrait un jour être aussi important que le secteur pétrolier et gazier, pense M. Raaflaub.

« Ce n’est pas une attente irréaliste. Ça donne un ordre de grandeur, pour un secteur industriel. On peut être des pionniers dans le domaine. »

Cyberrisques

L’autre gros problème au Canada, c’est la cybersécurité, un secteur où les risques et le marché potentiel ne cessent de croitre. Il ne fait aucun doute que la montée du télétravail pendant la COVID-19 a contribué à cette croissance, indique M. Forgeron. D’après la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), près d’une petite entreprise sur quatre a subi une cyberattaque depuis mars 2020. C’est donc dire que sur l’ensemble de l’économie, quelque 61 000 PME ont été victimes de cyberfraude, l’an dernier. La plupart des cyberattaques seraient venues de courriels frauduleux et de tentatives d’hameçonnage. La moitié d’entre elles auraient été lancées à l’aide d’un logiciel malveillant.